Dans l’histoire du football ivoirien, s’il y a un entraîneur local qui incarne la transition entre la fin du cycle des Eléphants 92 et l’aube de la génération des Didier Drogba en 2002, c’est Lama Bamba. « Si je n’avais pas été le seul entraîneur à qui on a refusé d’aller voir les joueurs à l’étranger, c’est moi qui aurais déniché Didier Drogba », a-t-il déclaré avec regret. Mais, c’est un honneur pour lui d’avoir entraîné toutes les catégories de la sélection nationale et plusieurs clubs du pays et de l’étranger.
Moutons, poulets et poissons
Aujourd’hui, Lama Bamba mène paisiblement une vie de retraité depuis 2023. En effet, l’occupation principale actuelle de l’ex entraîneur des Éléphants est la pisciculture, l’élevage du mouton et de la volaille auquel il s’adonne passionnément.
L’ex entraîneur a passé toute son enfance dans le sport à Bouaké où il est né le 3 avril 1957. Déjà, âgé de 17 ans, il était le gardien de but de Gonfreville Alliance Club de Bouaké, en 1972. Quelques années plus tard, il alla jouer pour l’ASEC pendant qu’il était en formation à l’Institut national de la Jeunesse et des Sports (INJS).
Très vite, il s'intéresse au métier de coaching au football. Il entraîne plusieurs clubs à l’intérieur du pays avant de venir à Abidjan. C’est entre autres Agnibilékro, Issia, Odienné, Bassam, Stade d’Abidjan et Africa Sports.
Adjoint des sélectionneurs nationaux
Pendant qu’il dirigeait le club d’Odienné, il était le stagiaire de l’entraîneur de l’ASEC, Philippe Troussier, surnommé « le sorcier blanc ». Lorsque celui-ci est nommé sélectionneur des Éléphants en avril 1992, il choisit Lama comme son adjoint. En 1993, Troussier part et Bamba reste toujours adjoint, durant huit ans, de plusieurs autres sélectionneurs dont Henryk Kasperczak, Pierre Pleimelding et Patrick Parizon.
C’est à Parizon qu’il succède à la tête de l’encadrement en 2002. Cette année, Lama conduit les Éléphants à la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) au Mali. Malheureusement, l’équipe est éliminée au premier tour.
« Je faisais mon budget, mais rien n’était décaissé. On me disait toujours qu’il n’y a pas d’argent. Il y avait un conflit entre le ministère et la fédération »
Avant la compétition, Bamba n’a pas bénéficié de soutiens financiers. Ni pour les matchs amicaux ni pour visiter la résidence de son équipe à Ségou. « A cette CAN, j’ai découvert le site en même temps que les joueurs. Je faisais mon budget, mais rien n’était décaissé. On me disait toujours qu’il n’y a pas d’argent. Il y avait un conflit entre le ministère et la fédération », nous révèle le coach. Sur les raisons de ce conflit, il préfère ne rien dire.
Après la CAN 2002, Robert Nouzaret remplace Lama qui ira monnayer son talent en Tunisie, à l’Olympique de Béja. Apres une saison là-bas, il dépose ses valises au Réal Club de Bamako, au Mali, pour deux ans. C’est à l’Etoile filante de Ouagadougou (EFO) au Burkina Faso, qu’il mettra un terme sa carrière d’entraineur après une saison.
Au terme de tout ce parcours brillant, Lama est nommé Directeur départementale des Sports d’Abidjan en 2016. Il exerce à ce poste pendant six ans, avant d’être admis à la retraite en 2023. Agé de 68 ans et père de quatre enfants, Lama réside à Treichville. Sa vie se passe tranquillement entre retrouvailles amicales et élevages. « Je me porte bien par la grâce de Dieu, bien entouré de mes enfants qui sont à mes petits soins. Je les bénis énormément pour cela. Il y a aussi mes amis du quartier avec lesquels il m’arrive de passer de bon moments et mon élevage qui m’occupe », affirme-t-il tout heureux de sa nouvelle vie.
Mouhamed I. Koné