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Que sont-ils devenus

Jules Koffi Yéboua : Monsieur « Connais-tu mon beau pays ? »

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« Connais-tu mon beau pays ? ». Vous vous souvenez certainement de cette célèbre émission de Radio Côte d’Ivoire. C’est elle qui a fait la renommée de l’animateur Jules Koffi Yéboua. Il a su la présenter avec amour et passion, en sillonnant la Côte d’Ivoire, même dans ses contrés les plus difficiles d’accès. Faisons connaissance avec ce passionné de culture et de tradition qui, malgré ses 77 ans continue de faire des émissions à la radio.

Agent de maîtrise des travaux publics


Avant d’entrer à la Radiodiffusion télévision ivoirienne, en qualité d’animateur, Jules Koffi Yéboua a été d’abord fonctionnaire. En effet, après avoir obtenu son Brevet d’étude du premier cycle (Bepc) en 1967, il a jugé bon de travailler afin d’aider son père. « Je voulais faire la seconde. Mais étant donné que mon papa a souffert pour moi, et que le cacao ne rapportait plus, j’ai décidé d’entrer dans la vie active, avec le Bepc, afin de m’occuper des charges de la maison à sa place », confie-t-il.

Il passe alors quelques concours de la Fonction publique. Et il est admis au concours des agents de maitrise des travaux publics. « Je me suis dit que ça va me permettre de gagner de l’argent. La bourse était à 28 000 F CFA », dit-il. Après deux ans de formation à l’école technique de la construction, il est affecté, en qualité d’agent de maîtrise des travaux publics, à Bouaké où il passe quelques années. Puis à Toumodi. « J’étais l’adjoint du chef de Toumodi. Il a été très sympathique. J’étais chef de chantier, chargé de contrôler le respect, par les promoteurs immobiliers, des normes techniques en vigueur. Je devais aussi évaluer les coûts des maisons à construire, en rédigeant pour eux, le devis descriptif et estimatif des travaux, qu’ils devaient présenter, pour obtenir les financements qu’ils sollicitaient auprès des fournisseurs de crédits », poursuit-il.

Animateur à Radio Côte d’Ivoire

L’agent de maîtrise des travaux publics passait le clair de son temps libre à lire. « Je lisais n’importe quel document », confie-t-il. Il aimait également écrire. Il s’est ainsi mis à écrire sur des faits qui se déroulaient à Toumodi. « J’envoyais mes papiers à "Fraternité Matin". Mon ami togolais Timoté Kloussey était correcteur dans cet organe. Quand je lui envoyais mes articles, il les corrigeait et ça paraissait », explique Jules Koffi Yéboua. Ses écrits étaient donc régulièrement publiés par "Fraternité Matin". « Je n’étais pas désigné officiellement comme cela, mais je m’amusais à être correspondant », fait-il savoir. L’agent du service des travaux publics écoutait aussi régulièrement les émissions de Radio Côte d’Ivoire. Et c’est alors qu’une des émissions va vraiment le marquer. C’était précise-t-il, « Connais-tu mon beau pays ? », qu’il écoutait avec beaucoup de passion. L’émission donnait des informations sur les différentes villes de la Côte d’Ivoire. Il aimait bien cela. C’était en 1972. Etienne Narcisse et Guy Mathieu, Martin Gbédjo et Charles Koffi, étaient les animateurs de l’émission.

Jules Koffi Yéboua est du coup fortement attiré par les médias. Il passe alors le concours d’accès au Studio Ecole de la Rti (Serti) en 1973, ancêtre de l’actuel Institut des Sciences et Techniques de la Communication (Istc), qu’il réussit avec brio.

Il commence donc une formation de deux ans. Mais il commet l’erreur de ne pas déclarer l’abandon de sa fonction d’agent de maîtrise des travaux publics. Et dès lors qu’on se rend compte de cela au ministère de la Fonction publique, on décide de lui faire une ponction de 5 000 FCFA, chaque mois sur sa bourse de 25 000 F CFA, pour compenser le salaire qu’il a reçu, en tant qu’agent de maîtrise. Et quand tout rentre dans l’ordre, une autre difficulté se dresse devant lui. En effet, un communiqué du ministère de la Construction le somme de rejoindre son poste de Toumodi. Jules Koffi Yéboua refuse. « J’avais fait assez de sacrifices pour rester à la Rti », dit-il. Heureusement, après de nombreuse tractations, on accepte qu’il continue sa formation et entre à Radio Côte d’Ivoire, en qualité d’animateur.

On lui confie l’émission « Folklore de chez nous » qu’il présente une fois par semaine, chaque lundi de 8 heures à 9 heures. « J’étais content parce que je parlais à la radio. Je présentais les différentes danses traditionnelles des régions de la Côte d’Ivoire » explique l’animateur.

« Connais-tu mon beau pays ? »

Après l’émission « Folklore de chez nous », Jules Koffi Yéboua va se voir confier une autre émission : « Connais-tu mon beau pays ? ». Cette émission va connaître du succès de par l’esprit créatif et d’ouverture de l’animateur. Il va y ajouter sa touche personnelle. Un jour, explique-t-il, la directrice des programmes lui demande d’animer l’émission « Connais-tu mon beau pays ? ». Il était déjà 11 heures et quelques minutes. Pourtant l’émission commençait à 14 heures 5 minutes. « Je lui dis : Vous savez que je suis nouveau ». Mais la directrice des programmes a insisté pour qu’il fasse l’émission qui consistait à présenter les différentes villes de la Côte d’Ivoire, dans leurs différents aspects. Jules Koffi Yeboua décide de commencer par la ville de Bondoukou qu’il connaît le mieux.

« Vous écoutez la Radiodiffusion ivoirienne qui émet sur l’ensemble du réseau. Il est 14 heures 5 minutes. Vous allez découvrir tout à l’heure Bondoukou à l’Est de la Côte d’Ivoire. Musique. Au micro Jules Koffi Yeboua ». Ce sont les premières phrases de l’animateur. « Pour moi, si je déconne on va me foutre à la porte. Et puis c’est tout », confie-t-il. Et pendant qu’il présente l’émission, il aperçoit le directeur de la radio, Kacou François dans la cabine avec le technicien. « Je me suis dit que je suis mort. Après l’émission, je suis allé voir le technicien qui m’a dit que ma présentation était bonne. Je suis allé par la suite frapper à la porte du bureau du patron », poursuit Jules Koffi Yéboua. « Jeune homme. C’est vous qui venez de faire l’émission tout à l’heure ? » l’a interrogé Kacou François. Il a répondu par l’affirmative. « Bon, désormais, c’est vous qui allez la faire », lui a dit le directeur, visiblement satisfait de son travail.

Depuis ce jour, c’est donc Jules Koffi Yeboua, qui présentait l’émission tous les mardis. Les autres animateurs plus âgés la présentaient les autres jours. « C’est le directeur de la radio, Kacou François qui m’a permis d’être ce que je suis aujourd’hui. Il venait chaque fois me trouver dans la salle des programmes, pour me féliciter : Jeune homme, vous avez commencé à faire quelque chose qui est bien. L’université suit l’émission de près. Les gens disent que votre manière de présenter l’émission est bien », poursuit-il. Et cela l’encourageait à toujours faire mieux.

Jules Koffi Yéboua décide donc de donner une autre dimension à l’émission. Il entreprend de voyager à l’intérieur du pays, d'aller au contact des populations, comprendre leur culture. Les patrons donnent leur accord à cette initiative, qu’ils ont trouvée intéressante. « C’était le boom », confie Jules Koffi Yéboua qui s’en souvient comme si c’était hier. C’est ainsi qu’il va commencer à faire le tour des villes, villages et hameaux de la Côte d’Ivoire, avec son émission. Son premier voyage le conduit à Agboville.

« Une fois là-bas, on a été logé par le sous-préfet. Dans les villages où on se rendait, on était bien accueilli. Je n’étais pas encore rodé. C’était pénible. Dans l’entretien avec mon interlocuteur, il m’arrivait de lui poser une question à laquelle il avait déjà répondu. Et doucement j’ai pu ramener des éléments. Mais ce n’était pas encore cela. Et puis un jour, le directeur est venu me féliciter. J’écoutais les gens. J’acceptais les remarques. Et avec le temps, ça a commencé à aller », explique l’animateur.

Quant aux autres animateurs, ils ont fini par démissionner. L’indicatif a été alors refait et est devenu : « Connais-tu mon beau pays, une invitation à découvrir la Côte d’Ivoire avec Jules Koffi Yéboua ». Il a ainsi parcouru de nombreuses régions de la Côte d’Ivoire, pendant de longues années. Il permettait à chaque peuple, à travers son émission, de s’exprimer. Ce qui a donné encore plus de succès à l’émission selon l’animateur.

A partir de l’année 2000, l’émission va changer de nom pour devenir « Patrimoine », puis « Au cœur de la Côte d’Ivoire », et ensuite « Tradition et réconciliation » en 2002. Jules Koffi Yéboua a animé d’autres émissions comme « Nanan Libi libi » pour égayer les auditeurs chaque dimanche matin, « Autoportrait » et bien d’autres émissions de variété.

En 2005, Jules Koffi Yéboua prend sa retraite. Mais ne se repose pas pour autant. « Je suis un passionné de la culture. Je suis resté longtemps à la Rti. Je continue de travailler à la Radio de la Paix », confie-t-il, après avoir présenté des émissions à la Radio Onuci FM.

De nombreux prix obtenus


L’animateur n’aura pas travaillé inutilement. Car son travail bien fait a été reconnu et récompensé par de nombreux prix et décorations. En 2003, il remporte le prix de la réconciliation, composé d’une coupe, un diplôme et un chèque de 2 millions de F CFA. Le 19 novembre 2022, il reçoit un prix d’honneur à l’occasion du dîner gala du lancement du « prix Cultura » qui récompense les meilleurs journalistes professionnels culturels ivoiriens de la presse papier, en ligne, de la télé et la radio.

L’animateur a été également décoré par le ministre de la communication, puis par la Grande Chancelière, Henriette Dagri Diabaté, pour tout ce qu’il a apporté à la Côte d’Ivoire, surtout en matière de culture. Il a eu bien d’autres prix décernés par des associations.

« Le travail que j’ai fait m’a beaucoup apporté dans mon éducation, ma manière de vivre. Le fait de sillonner la Côte d’Ivoire et rencontrer ces nombreuses populations, le fait d’aller à la rencontre des populations, pour connaître les origines des peuples a été une bonne chose pour moi », confie l’animateur.

A la jeune génération, il demande beaucoup de courage. Et d’humilité. « N’attendez surtout pas de compliments », conseille Jules Koffi Yéboua. Pour lui, il faut être à la recherche permanente de la perfection. Le natif de Goudi dans la sous-préfecture de Gouméré, département de Bondoukou a 77 ans aujourd’hui. Il est marié légalement depuis 1985. Il a 8 enfants dont 4 filles et 4 garçons.


Diomandé Karamoko









  •  Nom: Koffi Yéboua.
  •  Prénoms: Jules
  •  Alias: N/A
  •  Pays Naissance: COTE D'IVOIRE
  •  Date Naissance: 2 janvier 1946
  •  Sexe: Masculin
  •  Profession: N/A
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