On note plusieurs cas de graves accidents mortels à Abidjan, sur l’axe Yopougon-Adjamé, qui impliquent des camions et des petites voitures citadines utilisées pour le taxi. Que se passe-t-il sur cette voie devenue accidentogène et qui endeuille les familles ? Les populations et usagers de la route nous donnent leurs avis.
Un grave accident de la circulation, survenu le mardi 27 mai 2025, à Abidjan, a fait 25 victimes dont 4 morts sur l’autoroute entre Yopougon et Adjamé, au niveau de la rivière du Banco. Pratiquement au même endroit, un accident similaire s’est produit le samedi 5 avril dernier, faisant un mort et plusieurs blessés graves.
X. Y. : « Apparemment, le gros camion n’avait aucun frein »
« Apparemment, le gros camion n’avait aucun frein. C’est ce qui a créé l’accident. Il roulait en excès de vitesse alors que la voiture n'était pas en bon état. C’est mieux qu’on interdise aux camions de rouler dans la journée sur cette partie de route entre Adjamé et Yopougon. C’est vraiment dangereux. »
Ouattara Ilyas, étudiant : « Il y aurait du gaz butane dans la voiture »
« Comment le feu est allé si vite pour s’enflammer ? Il y- aurait du gaz butane comme carburant dans la petite voiture des quatre personnes mortes. C’est triste. J’ai remarqué aussi que les chauffeurs des petites voitures aiment se faufiler entre les voitures pour aller vite. Ça aussi, c’est dangereux ».
A. K. : « Il y a un génie du Banco qui passe par là. Il faut appeler les religieux »
« Il y a trop d’accidents en Côte d’Ivoire, surtout à cet endroit où il y a des morts. J’habite à Yopougon, mais vraiment les accidents sont fréquents dans ce lieu. Il paraît qu’il y a un génie de la rivière Banco qui passe par là. Il faut appeler les religieux pour désenvoûter ou délivrer l’endroit ».
G. B. : « Si les gens font bien leur travail, il y aurait peu d’accidents »
« Si les gens font bien leur travail, il y aurait moins d’accidents. Il se dit que des propriétaires de véhicules corrompent des agents des contrôles techniques pour valider des véhicules défectueux. Il semble également que des agents de la police de circulation sont complaisants avec ces chauffeurs véreux et ivres au volant. Certains n’ont même pas de permis de conduire. Voilà la conséquence. »
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Sissoko Mamadou, chauffeur de camion : « Des jeunes de 25 à 32 ans qui conduisent des gros camions, ce n’est pas normal »
« Je suis chauffeur de gros camion. Aujourd’hui, ce sont des jeunes de 25 à 32 ans qui « roulent » les gros camions. Ce n’est pas normal. Ils n’ont pas d’expérience et ils se droguent pour ne pas sentir la fatigue. Ils sont vifs, mais moins consciencieux. Il faut être un père de famille pour avoir une certaine maturité. Un jeune célibataire qui n’a pas d’enfants ne peut pas avoir le même sens de responsabilité qu’un père de famille qui ne prend pas trop de risques ».
Hyacinthe, moniteur d’auto-école : « Il ne faut jamais se mettre ni devant ni derrière ni trop près des gros camions »
« Je dis toujours aux chauffeurs de taxi, il ne faut jamais se mettre ni devant ni derrière ni trop près des gros camions. Si tu es dans un angle mort, ils ne peuvent pas te voir. Si le camion est vieux, c’est le cas généralement, il n’a pas un bon frein. Si le camion est en surpoids, le frein peut lâcher. Et c’est dangereux sur les pentes où le camion peut perdre l’équilibre. En regardant les vidéos sur l’accident, c’est probablement c’est qui s’est passé ».
AB. « Il faut des solutions durables contre ces accidents »
« Il faut des solutions durables contre ces accidents. Sur ce tronçon, c’est mieux d’installer des dos d’ânes pour obliger les conducteurs à ralentir et marquer le sol avec des bandes blanches. Il faudrait installer une base de sapeurs pompiers militaires à côté de cette route. Abidjan étant trop saturée, il est temps de transférer la capitale à Yamoussoukro ».
Moussa I. Koné