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Côte d’Ivoire. Conducteurs de taxi motos à Biankouma : Comment ça roule…

Publié le :

Sanogo Veman. 35 ans. Président du syndicat des conducteurs de tricycle à BIANKOUMA.

Du taxi moto deux-roues roues aux tricycles format « mini benne » en passant par les Salony, tous les engins en circulation sur le territoire de Biankouma ont un dénominateur commun. Les différents conducteurs sont des jeunes. Certains, des gamins dont l’âge varie entre 14 et 16 ans. Les plus âgées, 18 à 35 ans, conduisent les tricycles « mini benne ». Ces chauffeurs de fortune débutent le travail tôt le matin à 6 heures et terminent tard le soir, à 23 heures. Ils roulent sans permis de conduire, sous le regard presque impuissant des agents des forces de l’ordre. A ces jeunes, les employeurs ne versent aucun intéressement ou salaire. Ceux-ci se payent sur le terrain. « Nous nous payons sur le terrain » aiment dire les différents conducteurs rencontrés ici et là. Se payer sur le terrain consiste à réaliser la recette journalière ou hebdomadaire exigée et à empocher le surplus. Ce surplus est alors considéré comme le salaire. Il peut être moindre ou supérieur, en fonction de l’effort fourni. Il va de 10 à 150 000 francs CFA.

Ces conducteurs de taxis motos sont pour la plupart des déscolarisés provenant des écoles primaires ou des collèges et lycées de Biankouma, Man, Touba, Daloa, Odienné, Abidjan… Ils sont tous ambitieux. Ils rêvent tous d’un lendemain meilleur. Obtenir un permis de conduire, pour devenir chauffeur dans une des nombreuses entreprises de la place. Capitaliser des fonds pour devenir un grand commerçant ou simplement pour bâtir une belle résidence au village constituent, entre autres, les ambitions que nourrissent les uns et les autres. Les difficultés majeures qu’ils rencontrent : tracasseries routières au niveau des nombreux postes de contrôle érigés par les forces de l’ordre (policiers, gendarmes et soldats des FACI) ; braquages des motos par endroits ; des guet-apens en vue de dérober les recettes acquises.

Voici les témoignages de quelques conducteurs rencontrés dans les différentes gares:

Gbely Sandé Thierry, 32 ans. Père de 3 enfants. Il a été élève au collège moderne de Biankouma. Profession : conducteur de taxi moto. Axe : Biankouma-Ouindié (35km).

« Je pratique cette activité depuis juin 2022. A l’origine, j’avais besoin d’argent pour inscrire mon fils à l’école. je voudrais, dans un bref délai, avoir un capital de 500 000 francs CFA pour m’installer comme commerçant au village (Kpata). Chaque semaine, je verse au propriétaire de la moto que je conduis la somme de 20 000 francs CFA. Je ne bénéficie pas de salaire. Je me paye sur le terrain. Chaque jour, je gagne entre 20 et 30 000 francs CFA. Parfois plus. Parfois moins. De ce gain, je retire la recette exigée et le reste me revient. Ce qui explique que je dois travailler dur. Être chauffeur de taxi moto est une activité éreintante. Et même très éreintante. Pour cette raison, je me repose pendant deux jours dans la semaine. Novembre, décembre, janvier et février constituent les meilleurs moments pour nous. Chacun des chauffeurs de taxi moto peut facilement empocher la somme de 200 à 300 mille francs CFA par mois. »

Serges Koné, 26 ans, chauffeur de tricycle depuis 3 ans.

« Depuis 2021, je suis chauffeur de tricycle à Biankouma. Mon activité dominante est le ramassage des bagages, particulièrement le ramassage des produits agricoles à travers champs et campements. Je travaille aussi sur les carrières. Je transporte du sable ou du gravier. Cette activité me procure beaucoup de satisfactions. Je mange à ma faim. Je paye mon loyer. Je scolarise mes enfants sans problème. Je subviens aux besoins financiers de mon épouse.

Mon objectif majeur : obtenir un permis de conduire pour devenir, demain, un chauffeur professionnel. Avec un peu de courage à la fin de chaque mois, je gagne 150 000 francs CFA.

Ma doléance principale : que l’Etat de Côte d’Ivoire vienne à la rescousse des jeunes de Biankouma, à travers l’octroi d’un appui financier ou matériel pour notre insertion effective dans le tissu socio-économique de la région. »


Sanogo Veman, 35 ans, conducteur de tricycle depuis plus de 16 ans.

« L’Etat nous a oubliés. Je suis chauffeur de tricycle. Je suis propriétaire de deux tricycles et président du syndicat des tricycles et bagages à Biankouma. Depuis avril 2007, plus de 16 ans donc, je pratique cette activité. J’arrive à subvenir aux besoins de ma famille. Notamment, à scolariser mes enfants, à me soigner lorsque je suis malade et à épargner pour réaliser certains de mes projets dont la construction d’une belle villa dans la commune de Biankouma. En ma qualité de président des chauffeurs de tricycles, je voudrais que les élus et l’Etat de Côte d’Ivoire soutiennent les jeunes, afin que ceux-ci sortent de la pauvreté. Qu’ils leur accordent par moments des soutiens matériels et financiers ou en les appuient financièrement dans le processus d’obtention du permis de conduire qui constituerait pour nombre d’entre nous le premier diplôme et qui ouvrirait aux uns et aux autres les portes de l’insertion dans le tissu économique de Biankouma. Cela est possible ! Parce que l’année 2023 et 2024 sont déclarées en Côte d’ivoire « année de la jeunesse. »’’


Honoré Droh

Correspondant régional





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