Les Gnan, des Akyé habitant cinq villages d’Anyama, pratiquent des méthodes d’assistance originales et exemplaires pour faire face aux dépenses de funérailles, lourdes à supporter et parfois ruineuses pour les familles des défunts. Dans leurs fiefs d’Anyama-Zossonkoi, Anyama-Ahouabo, Anyama-Adjamé, Ebimpé et Akéikoi-Village, nous avons recueilli des témoignages auprès de certains chefs de village, de notables, ainsi que des ressortissants.
Les cinq villages Gnan d’Anyama ont également institué une cotisation qui ne concerne que les natifs de chacune de ces localités. Il s’agit pour chaque ressortissant d’un des villages susmentionnés, d’apporter une contribution financière, pour soutenir la famille éplorée. Généralement, ce sont des montants forfaitaires qui sont demandés pour ces cotisations, qui sont consignées aussi bien dans un registre, détenu par le comité de gestion des funérailles, que dans un carnet remis à celui qui cotise. Le village qui de loin pratique les cotisations les plus élevées est bel et bien Akeikoi. De surcroit, ces cotisations sont fonction du sexe. 500 F CFA pour chaque homme et 300 F CFA pour chaque femme. Pour éviter des discussions inutiles, les membres du comité de gestion notent dans le carnet de chaque donateur la date des funérailles, le nom du défunt, le montant, et ils signent. Les mêmes informations sont reprises dans un registre, que le comité de gestion garde par devers lui et remet le carnet à son propriétaire. Dans ce village, le total de la somme d’argent recueilli par funérailles et consigné dans des carnets, peut varier entre 300 000 et 400 000 F CFA si tous les originaires du village paient. Malheureusement, ce n’est pas toujours le cas. Toujours est-il que la totalité de l’argent perçu est remise à la famille éplorée. C’est la même démarche qui est menée par Anyama Adjamé. La totalité de l’argent collecté par la cotisation des 100 F CFA de chaque ressortissant du village, est intégralement reversée aux parents du défunt. C’est un choix qui a ses avantages et ses inconvénients. Tout dépend de l’issue des cotisations. Aussi, la famille éplorée ne sait-elle pas, sur quel pied danser pour faire ses calculs.
Le village d’Ebimpé, a l’instar de celui d’Anyama-Adjamé, a choisi de fixer la cotisation des carnets à 100 F CFA. Mais, à l’opposé des deux villages mentionnés précédemment, ce n’est pas l’intégralité de l’argent recueilli qui est remise à la famille frappée par le deuil. C’est plutôt, un montant bien précis qui s’élève à 60 000 F CFA. Pour éviter les tergiversations, Ahouabo et Zossonkoi ont aussi opté chacun pour un montant fixe. Il est de 100 000 F CFA. Quel que soit le total des cotisations, la famille éplorée sait à l’avance que le comité de gestion lui remettra la somme de 100 000 F CFA. Il convient néanmoins de noter qu’en dépit du fait que ces deux villages remettent la même somme, il reste tout de même vrai que, les cotisations prélevées ne sont pas les mêmes. 100 F CFA par personne à Zossonkoi contre 200 F CFA à Ahouabo.
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En outre, la somme totale des cotisations de 100 F CFA à Zossonkoi oscillent entre 120 000 F CFA et 130 000 F CFA, alors qu’elles devraient se chiffrer à 200 000 Fcfa. En tout état de cause, une partie du surplus des 100. 000 Fcfa rentre dans la caisse du comité de gestion. Elle sert à combler des déficits de cotisations pour des funérailles. L’autre partie est remise aux membres du comité de gestion des funérailles à titre d’intéressement pour le travail qu’ils effectuent à chaque séance de cotisation. Chacun des quinze membres reçoit 2000 à 3 000 Fcfa pour la circonstance.
La communauté villageoise d’Anyama-Adjamé ne s’est pas limitée à ces trois sources de revenus. La chefferie du village en accord avec les villageois en a rajouté une. Celle-ci consiste pour chacune des six grandes familles du village à savoir Agosou, Non, Beu, Dzo, Gnin, et Keu, à faire une cotisation de 10 000 Fcfa pour certaines funérailles. Cependant, selon Assokoi Adohi Constant, chef du comité des funérailles d’Anyama-Adjamé, ce sont les grandes familles desquelles sont issues, ceux qui ont été désignés pour les funérailles, qui apportent cette contribution de 10 000 Fcfa. « La famille concernée directement par le deuil paye plus de 10 000 Fcfa. Si c’est la famille Beu qui est frappée par le deuil, généralement, elle contribue à hauteur de 20 000 Fcfa. Si c’est la famille Keu, elle donne 15 000 Fcfa, les Gnin donnent pour leur part 18 000 Fcfa ».
L’adoption de ce mécanisme d’organisation des funérailles a soulagé, plusieurs familles, pour ne pas dire qu’il a fait des heureux. En ce sens que cela leur a permis de ne pas supporter toutes seules les dépenses.
Jérémy Junior