En cette fin d’année, les habitudes changent et l’agitation gagne les rues dans les communes de Yopougon et Cocody, à Abidjan. Maquis, caves, hôtels et petits commerces se préparent à accueillir une affluence plus importante qu’à l’ordinaire, avec un même objectif : tenir jusqu’au compte à rebours de minuit et même au-delà.
Il est 19 h 40 le lundi 29 décembre 2025 à la cave Myriam, dans le quartier de Yopougon Académie. La nuit est déjà tombée, mais le lieu est loin d’être calme. Des enfants jouent non loin, des voitures passent, des voix se mêlent à la musique. À l’intérieur de la Cave ouverte, qui donne face à la rue, l’odeur du poisson braisé, du poulet et du porc au choukouya (viande cuite au gril) des environs flotte dans l’air. Devant un grand écran, des clients suivent un match, bière à la main.
« Pendant les fêtes, les affaires marchent plus. »
Gérante de la cave depuis trois ans, Koné Naminata sait que cette période est particulière. « Pendant les fêtes, les affaires marchent plus. Parfois ça double ou triple », confie-t-elle. Pour faire face à l’affluence, elle anticipe : multiplication des stocks, commandes répétées, vigilance permanente. « Le client peut arriver à tout moment. Il faut être prêt avant même qu’il ne soit là », explique-t-elle.
Mais gérer le succès n’est pas sans difficulté. La sécurité reste un enjeu majeur. « Il y a des gens qui consomment et qui veulent partir sans payer. Ce n’est pas toujours facile », reconnaît-elle. Cependant au niveau de la sécurité de sa clientèle et du personnel, rien à craindre. L’endroit est connu pour être sans histoire mais, juste au cas où, la police les protège. « On paie déjà les taxes de nuit, on a un contact avec la police. Donc, s’il y a quelque chose, on est très lié à l’autorité. On peut appeler la police à tout moment ». Cette année, elle se dit optimiste. Entre la transition de décembre à janvier et la CAN, qui attire les amateurs de football, Mme Koné espère maintenir une bonne dynamique jusqu’à la fête des amoureux c’est-à-dire la Saint Valentin. « Après les fêtes, il y a toujours un retour brutal à la réalité, mais cette année, les matchs vont nous aider », sourit-elle.
Mme Koné Aminata , gérante de la cave Myriam
La recette peut tripler
Comme à la Cave Myriam, les préparatifs s’intensifient aussi chez les vendeuses de produits alimentaires. Vanessa Christelle Kodjo, vendeuse de poisson depuis huit mois, n’a pas attendu la dernière minute. « Je n’ai pas peur, j’ai déjà mon stock. Et je vais encore me ravitailler chez ma grossiste », assure-t-elle. Pendant les fêtes, ses ventes doublent presque toujours, parfois même triplent. « C’est maintenant qu’on travaille le plus » dit-elle, confiante. Car si elle arrive à vendre environ 100 à 150 000 F les jours ordinaires, pendant les fêtes la recette peut tripler.
Autre commune, même réalité sur certains points. Cocody Angré, il est 22 heures, ce même lundi 29 décembre 2025. M. Kouassi, gérant d’une petite cave, se montre lui aussi optimiste face à la célébration de la Saint-Sylvestre. L’affluence augmente, les clients habituels se mêlent aux nouveaux venus, et l’espoir d’une bonne fin d’année est bien présent.
« Les gens viennent se “reposer”, comme on dit. Ils paient à l’heure, font leurs affaires et repartent »
Mais tous les établissements ne partagent pas le même enthousiasme. Dans un hôtel situé à Angré 8ᵉ tranche, la gérante nuance. Selon elle, la période de la fête du 31 décembre attire surtout une clientèle de passage. « Les gens viennent se “reposer”, comme on dit chez nous. Ils paient à l’heure, font leurs affaires et repartent », explique-t-elle. Avec la CAN, les habitudes changent encore. « Les clients préfèrent de plus en plus les RnB ou les résidences. Ici, on ne ressent pas un grand changement », constate-t-elle.
Au total, à l’approche du 31 décembre à Abidjan, chacun s’organise à sa manière. Entre anticipation, prudence et espoir, les acteurs du petit commerce et des lieux de loisirs se préparent, plus qu’au simple passage à la nouvelle année, à une nuit décisive, marquée par de gros intérêts financiers.
Claude Eboulé






