Des messages du genre : « Je n’arrive pas à te joindre. Je suis arrivé de Paris » ou encore : « Ne vous inquiétez pas, c’est géré. Votre nom est sur la liste des admis au concours » ne sont que de l’hameçonnage et système d’arnaque. Ces messages, venant des inconnus, on les reçoit sur nos téléphones. Le but est de nous pousser à sauter sur une fausse opportunité qui se cache derrière le message. Chaque jour, des amis et connaissances déclarent avoir reçu des appels ou des messages suspects destinés à les manipuler pour obtenir de l’argent. Certains, plus avertis, échappent au piège.
« Lorsqu’ils t’envoient ces messages, c’est pour t’inciter à engager une conversation. Dès que tu réponds, ils proposent de t’aider à avoir un visa. Ou bien ils te diront qu’ils peuvent mettre ton nom sur la liste des admis au concours moyennant une somme », nous explique Dingui Franck.
De multiples formes d’arnaque
Autre forme d’arnaque, c’est que certains escrocs t’appellent au téléphone et annoncent que tu bénéficies de 75 000 francs CFA dans le cadre du programme des filets sociaux du gouvernement, mais que tu dois payer 15 000 francs pour les frais de dossiers. Pur mensonge. D’autres te proposent un business rentable tel que la vente de boules d’Attiéké auprès d’un hôtel. « Ça là, ça ne me prend pas. C’est trop facile », affirme Zeyd, un commerçant.
Mais d’autres y tombent comme Karambiri Djélika. La commerçante nous raconte sa mésaventure. « Un jour, un inconnu m’a appelée pour vendre des boules d’Attiéké. il m’a mise en contact avec son fournisseur à Bouaflé. Il paie mon transport de Tiébissou à Bouaflé, pour croiser le fournisseur. Ce dernier me demande une avance de 150 000 FCFA sur 300 000 FCFA pour récupérer la marchandise. Je dois aller livrer à Abidjan et j’aurais 600 000 francs. J’appelle l’inconnu, il me fait un dépôt de 50 000 francs et me demande de trouver le reste urgemment. J’ai eu confiance. Alors, je prends un crédit de 300 000 FCFA avec un ami à qui je n’explique rien. J’envoie l’argent au fournisseur qui me demande de venir récupérer la marchandise le lendemain. Je suis revenue effectivement. Mais une fois sur place, son numéro et celui de l’inconnu ne passaient plus. J’ai alors compris que je venais de faire l’objet d'une grosse arnaque ».
Les victimes sont généralement les personnes vulnérables notamment les personnes démunies et âgées, les femmes, les enfants et les analphabètes.
Mode opératoire
Pour élaborer leurs plans, les arnaqueurs ont un mode opératoire. Selon les explications du Lieutenant Fleur Zadi, Cheffe du Service Assistance aux victimes de la Plateforme de Lutte Contre la Cybercriminalité, « ils utilisent votre numéro de téléphone disponible souvent sur le réseau social, sans aucune protection. Ils regardent vos publications pour avoir des informations sur vos activités, vos amis et parents».
Les arnaqueurs passent également par des applications pour identifier les numéros inconnus. En dehors des réseaux sociaux, ils peuvent avoir vos contacts et vos informations par le canal d’un ami ou un frère avec lequel ils entrent en complicité. C’est ainsi qu’ils vous appellent en se faisant passer pour un ami de longue date. Ils vous mettent en confiance en donnant votre nom, votre activité et le nom de l’un de vos parents. Ainsi, lorsqu’ils vous parlent d’un business, vous êtes plus occupé à les écouter que de chercher à connaître leur identité ou à comprendre comment ils ont fait pour avoir votre contact. Et comme l’opportunité qu’ils vous offrent est rare et rentable, l’égoïsme fait que, parfois, vous n’en parlez à personne, sauf lorsque vous devenez une victime à la recherche de solutions.
Pour éviter de tomber dans le piège
Pour éviter de tomber dans le piège, le Lieutenant Fleur Zadi a partagé des conseils lors d’un entretien télévisé. « Il faut éviter d’échanger avec des inconnus sur des projets. N’acceptez jamais de donner de l’argent pour une marchandise que vous n’avez pas encore vue. Ne jamais partager des codes, ni envoyer de l’argent suite à un appel ou un message reçu. Il est important de sécuriser vos informations sur les réseaux sociaux. Il faut toujours se renseigner avant toute transaction en ligne et signaler à la police les numéros suspects ».
La lutte contre les arnaques reste complexe. Mais la vigilance des citoyens et leur collaboration avec la police demeurent essentielles pour réduire l’ampleur du phénomène. Notons que l’usurpation d’identité en ligne est punie d’une peine de 2 à 5 ans d’emprisonnement et de 5 à 10 millions de FCFA d’amende, selon l’article 19 de la loi 2013-451 relative à la cybercriminalité en Côte d’Ivoire.
Mouhamed I. Koné
