« Les amendes vont à plus d’un million de francs CFA » se plaint un usager victime des dysfonctionnements de la vidéo verbalisation. Avec ce système, installé depuis 2011, la plupart des feux tricolores sont munis de caméras de surveillance qui flashent les infractions au code de la route, notamment l’excès de vitesse, le non-port de la ceinture de sécurité, le non-respect des feux tricolores, etc. De nombreux usagers se disent surpris par des montants excessifs des amendes.
« On m’a pris trois fois pour excès de vitesse et non-port de ceinture de sécurité. J’ai payé, je suis prudent maintenant », confie Idrissa, un chauffeur de minicar gbaka. Les chauffeurs de taxis compteurs sont nombreux à être flashés. Certains paient jusqu’à 300 000 francs CFA d’amende. « Les amendes vont à plus d’un million de francs CFA. Une fois, on a dû leur laisser notre véhicule le temps de réunir l’argent de l’amende » confie un automobiliste. « Sans recevoir de message, on m’a arrêté en circulation pour paiement de 200 000 francs CFA pour des infractions commises il y a deux ans, sinon mon véhicule ira en fourrière. C’est abusé », affirme S.B.
« Une forme d’arnaque ! »
Si certains automobilistes sont flashés à juste titre, d’autres le sont injustement. Il peut s’agir d’erreurs techniques ou des cas où un agent de la Police autorise à passer à un feu au rouge. Le dispositif étant automatique, « la caméra va te flasher et tu iras payer de l’argent. Ce n’est pas juste », déplore M.B. « J’ai reçu un message sur une infraction pour excès de vitesse. J’ai payé. Mais le système m’envoie un message de rappel de paiement pour la même infraction », révèle un usager. Un autre est plus acerbe : « la vidéo-verbalisation est une forme d’arnaque sur le peuple. Même en France les automobilistes ont protesté contre ce dispositif ».
Abus et failles du système
Tous ces ressentiments décrivent des abus et des failles du système. H. Konaté aussi a été surpris de se voir verbalisé pour dit-on non port de la ceinture de sécurité et non respect du feu rouge. Ces infractions, plusieurs fois répétées, qu’il rejette lui ont été signifiées, lors d’un contrôle effectué sur la route de Dabou. « J’ai été vraiment surpris de voir ces infractions mentionnées sur une longue liste et pour lesquelles on me demande de payer environ 200 000 F CFA. Moi qui suis très porté sur le port de la ceinture de sécurité, je me demande à quel moment j’ai pu commettre cette infraction ? Je n’ai pas non plus l’habitude de griller les feux ou de passer ma voiture à quelqu’un d’autre. »
Voies de recours
Derrière le dispositif automatique de vidéo-verbalisation, il y a des agents assermentés de la Police spéciale de Sécurité routière (PSSR) qui veillent au grain. L'administration a prévu des voies de recours pour l’usager à qui une amende est infligée injustement. « Si vous êtes en danger ou dans une urgence, ou qu’un agent vous a demandé de passer à un feu rouge, vous serez verbalisés, parce que la caméra a enregistré l’infraction automatiquement. Mais vous pouvez exercer un recours par la suite pour expliquer à l’administration ce qui s’est passé. Tous ces cas de figures sont prévus par les textes », a expliqué Ibrahima Koné, directeur général de l’opérateur Quipux Afrique, dans une émission télévisée, le 23 avril 2025.
Améliorer le fonctionnement du système
Pour exercer ce recours, l’usager peut déposer sa plainte au siège de la PSSR à Cocody et récupérer une copie du procès-verbal de la réclamation. Il peut également faire sa réclamation par mail reclamation.cgi@cgi.ci ou appeler le 1302 du Centre d’Assistance gratuit de Quipux Afrique.
Selon le Directeur général, « le processus est transparent ». En cas de doute, l’usager peut demander à voir toute la vidéo d’une infraction. « Ce qu’il est important de savoir, c’est que la réclamation est suspensive du paiement de l’amende. Une fois que votre plainte est enregistrée, vous ne payerez qu’après la décision finale », a-t-il précisé. La vision derrière ce système, c’est de réduire l’incivisme routier, qui est à l’origine de plusieurs accidents. Mais avant d’y arriver, il semble qu’il va bien falloir garder patience pendant longtemps encore ; tout en s’employant à améliorer, au fil du temps, le fonctionnement adéquat du système.
Diomandé Karamoko et Mouhamed I. Koné