Réquisitoire sans appel que celui lancé au peuple camerounais et surtout à ses dirigeants par Monseigneur Samuel Kleda, archevêque métropolitain de Douala. Dans une lettre pastorale rendue publique le 8 août dernier, l’homme d’Eglise n’est pas passé par quatre chemins pour dresser le diagnostic d’un pays «malade dans tous les domaines», avec des «signes avant-coureurs d’une mort lente».
Et quand on a un président qui a 92 ans et qui est aujourd’hui le plus vieux dirigeant élu en exercice au monde et le quatrième plus ancien en fonction après le sultan de Brunei, Hassanal Bolkiah, le roi Charles VI Gustava de Suède et le président Equato-Guinéen Teodoro Obiang Nguema, on imagine que l’adresse de l’homme d’Eglise a fait grincer bien de dents.
Dans son sermon, Mgr Kleda a pointé un doigt accusateur sur ce qui pose problème, ce qui ronge le pays et provoque «un mécontentement généralisé dans les cœurs des citoyens en cette période préélectorale». Il s’agit, précise-t-il, «des actes anti évangéliques qui sont institués dans la gestion de notre pays». Il déplore le pillage et le gaspillage des ressources publiques qui servent à entretenir un «train de vie exponentiel des membres du gouvernement, alors qu’une grande majorité de citoyens crèvent de faim». Ce n’est cependant pas faute d’avoir alerté à plusieurs reprises, regrette le prélat : «A maintes reprises, nous avons dénoncé la corruption dans notre pays, sans qu’une action efficace des pouvoirs publics soit mise en place en vue de son éradication».
Et à écouter Monseigneur Kleda, le fléau est présent dans tous les domaines de la vie sociale jusque dans la vie ordinaire : l’administration, l’éducation, la finance, les marchés publics, l’armée, la police, la gendarmerie, la justice, la religion, la santé publique. Il a enfoncé le clou parlant d’une démocratie dans un pays «entachée par la violence institutionnelle, les intimidations, l’absence de transparence, de vérité et de justice».
In fine, il exhorte les Camerounais à choisir des hommes et des femmes du changement. L’archevêque de Douala n’est du reste pas à ses premiers hauts faits d’armes. En début d’année, il avait déjà exprimé son scepticisme quant à une nouvelle candidature de Paul Biya, prenant le parti d’autres prélats de l’Eglise catholique qui avaient pris position en faveur de l’alternance politique au Cameroun. Dans leurs homélies du nouvel an, certains évêques avaient à l’époque, appelé le président Paul Biya à ne plus se représenter en octobre prochain.
Les prises de position sur la gestion des affaires de l’Etat est une tradition du clergé camerounais, une tradition certainement en lien avec la doctrine sociale de l’Eglise. Et il va sans dire que les relations sont restées toujours orageuses entre les deux camps. C’est à se demander si ce n’est pas le premier parti d’opposition du pays. Que ce soit au Cameroun ou même ailleurs. Au Burkina Faso, on se rappelle qu’en 2010, la conférence épiscopale Burkina-Niger avait solennellement marqué sa désapprobation quant à la révision de l’article 37 de notre Constitution, un préalable dont l’objectif était de permettre à Blaise Compaoré de se représenter.
Cette déclaration du dignitaire religieux camerounais aura-t-elle l’heurt voulu attendrir le cœur du locataire du palais d’Etoudi et ceux de ses fervents supporters ? Rien n’est moins sûr. Dans une déclaration publiée le 13 juillet sur les réseaux sociaux, Paul Biya a annoncé sa décision de briguer un huitième mandat suite aux « appels nombreux et insistants des dix régions du pays et de la diaspora ». Le sort en est donc jeté.
Issa K. Barry
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