La Côte d’Ivoire a célébré ses 65 ans d’indépendance dans toutes les villes. A Koumassi, commune au Sud d’Abidjan, les quartiers étaient pavoisés aux couleurs du pays. Du Grand Carrefour au Quartier 05 en passant par Inchallah, tout était en orange-blanc-vert. Ça sent la fête.
Les populations se sont organisées pour l’occasion. Un exemple : le Festival Cœur d’Ivoire. « C’est un festival qu’on a lancé pour fêter l’indépendance. On va fêter toute la journée et du jeudi jusqu’au dimanche », nous dit Seki Sandrine, initiatrice dudit festival. Ce sont quatre maquis, Tchintchin, Morofé, Eldorado, Best One, qui se sont réunis pour organiser la première édition de cet évènement.
Ils voient la fêtent, mais ne la sentent pas
C’était un peu trop tôt pour voir du monde. Car nombreux sont ceux qui étaient au travail le jeudi, déclaré férié. Eux, ils voient la fêtent, mais ne la sentent pas. « Il n’y a pas trop de mouvements en ville. Peut-être d’ici dimanche, ça va donner. C’est vrai qu’on voit les drapeaux partout, synonymes de la fête. Mais on fête avec l’argent. Ceux qui n’en ont pas, comme nous, doivent travailler », nous dit un chauffeur. Il partage le même sentiment avec Bamoussa, un informaticien. « Quelqu’un m’a appelé pour savoir si je travaille le jeudi. Je lui ai répondu : oui. C’est un jour férié pour les fonctionnaires. Quand tu travailles pour toi-même, il n’y a pas de férié », précise-t-il.
Contrairement à ces derniers, d’autres étaient nombreux à la maison pour suivre le défilé militaire retransmis en direct à la télévision. C’est le cas de Nanan Pokou, membre du conseil de la chefferie traditionnelle de Koumassi. Nous l’avons rencontré au siège de la chefferie. Avec lui, on s’est remémoré la célébration tournante de l’indépendance, accueillie à Koumassi en 1976.
Le 16e anniversaire à Koumassi
« Avant, l’indépendance était vraiment la fête. Les choses ont changé. Je me souviens de l’indépendance à Koumassi le 7 décembre 1976. C’est inoubliable. A cause de la fête de l’indépendance, la première voie a été bitumée. C’est la route qui part de Grand Carrefour à l’église Saint Etienne. Le défilé militaire s’y étant déroulé, cette voie a été baptisée : Boulevard du 7 décembre. (Ndlr : ce boulevard est aujourd’hui : Avenue de l’unité nationale). Le quartier Port-Bouët 2, abritant des corps habillés et autres fonctionnaires, a été électrifié à cette occasion », nous explique le Chef.
Rappelons qu’à cette époque Koumassi était un quartier de la commune d’Abidjan. Ce quartier était dirigé par El Hadji Tiémoko Boniface Ouédraogo, qui était le délégué du Maire d’Abidjan, Antoine Konan Kanga. Les communes ont été créés en 1980 avec la démocratisation des élections municipales
« On veut la paix »
Depuis toujours, la fête de l’indépendance demeure, un moment d’union. « On veut la paix. Rien ne vaut la paix. Quand il y a la paix, il y a le développement. On doit s’unir, tous, autour de la Côte d’Ivoire. C’est un appel à tout le monde », lance Nanan Pokou. Tout le monde, dans la rue, s’accorde sur la paix. « On est fatigué de la guerre à l’approche des élections. On veut la paix. Notre indépendance, on l’a eue dans la paix. C’est dans la paix qu’on peut avoir un développement économique durable », déclare, Koné Adama, un mécanicien.
Il est à noter que, de 1960 jusqu’en 1974, la fête de l’indépendance se célébrait le 7 août. Selon des sources documentaires, le mois d’août coïncidait avec la saison des pluies qui rendait difficile l’organisation des festivités. Alors, le Président Félix Houphouët Boigny a instauré la célébration au 7 décembre. Ainsi, le 7 décembre 1975, Dimbokro a reçu la célébration. En 1976, le 16e anniversaire de l’indépendance a eu lieu à Koumassi. Cela a continué jusqu’au décès du Président Houphouët le 7 décembre 1993. A partir de 1995, la célébration est ramenée au 7 août, afin de ne pas la confondre avec la commémoration de l’anniversaire de son décès du Père de la Nation ivoirienne.
Mouhamed I. Koné