Cedar City, ville de l’Etat de l’Utah s’impose discrètement comme un havre de paix académique pour une cinquantaine d’étudiants ivoiriens. En effet, à Southern Utah University (SUU), se développe une dynamique communauté estudiantine ivoirienne, en quête d’excellence, d’opportunités.
Dans cette ville paisible de 37 000 habitants, dont plus de 20 000 sont étudiants, il y règne une atmosphère studieuse. « Il n’y a pas assez de distraction ici donc ça permet aux étudiants de rester vraiment focus », confie Jocelyne Djiragbou, présidente de l’Association des étudiants ivoiriens. Le peu de vie nocturne – une seule boîte de nuit ouverte uniquement le week-end jusqu’à minuit – laisse peu de place aux tentations. Fidèle Koffi, doctorante et pionnière ivoirienne de SUU, témoigne : « Le reste du temps, on n’a rien d'autre à faire à part étudier ».
Un cadre strict et sécurisant
La Southern Utah University se distingue par son encadrement rigoureux. « C’est l’une des rares universités américaines où la consommation d’alcool est interdite dans les dortoirs. Une seule bouteille de bière peut mener au renvoi », souligne le Dr Lambert Okito, Directeur des Opérations Afrique et conseiller en admission.
Originaire de la République Démocratique du Congo, Dr Okito connaît bien la Côte d’Ivoire, où il a exercé dans les années 80 comme enseignant et ingénieur agronome à l’ORSTOM, aujourd’hui IRD. Son engagement envers les jeunes Africains est sans faille. « Nous leur donnons le meilleur de nous-mêmes car l’avenir de l’Afrique dépend de sa jeunesse », déclare-t-il. Grâce à ses efforts, l’université entretient même un partenariat avec des institutions prestigieuses comme Harvard.
Une intégration progressive
Ni le froid ni l’isolement géographique n’ont freiné l’intégration des étudiants ivoiriens. « On finit par s’habituer », concède Jocelyne. La solidarité joue un rôle central : Mariam Doukouré, diplômée en management à Abidjan, aide ses compatriotes à surmonter la barrière linguistique. Isaac Gbere, initialement en difficulté, confie : « Travailler avec mes amis m’a permis d’améliorer mon anglais ».
Des parcours inspirants
Arrivée en 2015, Fidèle Koffi est la première étudiante ivoirienne à avoir ouvert la voie à cette migration académique vers Cedar City. Après une année intensive d’apprentissage de l’anglais, elle poursuit un master en administration publique et travaille au service international de l’université pendant sept ans. « À chaque fois qu’un étudiant me dit ‘j’ai mon diplôme’, c’est une fierté », confie-t-elle.
De son côté, Hermine Topé, étudiante en sciences politiques, concilie études et emploi au sein de l’université : « Nous accompagnons les étudiants internationaux dans leurs démarches migratoires et leur offrons un soutien psychologique. Des psychologues sont disponibles pour eux ».
Un partenariat exemplaire
Stephen Allen, vice-président aux affaires internationales, se félicite du partenariat avec la Côte d’Ivoire initié en 2015. « Les étudiants ivoiriens brillent par leur sérieux et leur dévouement. Beaucoup sont déjà diplômés et prêts à contribuer au développement de leur pays », souligne-t-il.
Un lien renforcé par l’appui de l’Ambassade ivoirienne à Washington. L’Ambassadeur Ibrahima Touré s’est rendu à Cedar City : « C’est une ville étudiante au cœur d’un État mormon, donc très religieux. Un cadre sain et propice à l’épanouissement », a-t-il affirmé.
Il en a profité pour saluer l’effort financier de l’État ivoirien : environ 400 étudiants bénéficient de bourses annuelles totalisant plusieurs milliards de francs CFA. Il pose toutefois une question clé : « Le vrai défi est le retour. Beaucoup sont happés par le marché du travail américain après leurs études. ».
Une diaspora ivoirienne exemplaire
Les étudiants ivoiriens de Cedar City incarnent aujourd’hui une réussite en matière d’intégration académique. Grâce aux pionniers comme Fidèle Koffi, une nouvelle génération plus solidaire, confiante et ambitieuse prend le relais.
Dans ce cocon calme et structuré, ils posent les jalons d’un avenir prometteur — pour eux-mêmes et pour leur pays d’origine.
Sercom Ambassade