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Culture

Livre. « Les Libanais en Côte d’Ivoire » : des propositions de Nabil Ajami pour optimiser le vivre-ensemble

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« Les Libanais en Côte d’Ivoire » : le sujet en titre pourrait faire l’objet de volumineux ouvrages d’histoire ou d’économie. « Entre fantasmes et réalités », Nabil Ajami a préféré le traiter, comme l’indique le sous-titre, sous l’angle du témoignage sur son vécu immersif, son parcours personnel, familial, historique… Il assortit ses constats et analyses de propositions pour optimiser l’intégration et le vivre-ensemble.

Chacun de nous est constitué d’un réseau d’identités dont les marqueurs sont, pour les uns, d’emblée visibles, comme le genre ou la couleur de peau. Nabil, Ivoirien de naissance,

chef d'entreprise et expert en management, fait partie de ce qu’il appelle une « minorité visible ». Quelques décennies sous le soleil d’Ivoire qui l’a vu naître n’ont pas réussi à bronzer le blanc presque laiteux de la peau de cet homme, par ailleurs à la silhouette suffisamment élancée pour ne pas passer inaperçue. En plus, à ce que j’ai lu quelque part, son prénom Nabil est une parfaite anagramme de Liban, nom du pays d’origine de ses arrière-grands-parents qui ont pérégriné du pays du Cèdre, dans les années 1890, vers le pays de la Téranga, après avoir transité sur les terres des Pharaons, avant que leurs descendants ne prennent pieds, en 1930, sur le territoire qui deviendra le « pays de l’hospitalité ». Un périple sanctionné forcément par de complexes mixités ! Sous la plume de Nabil Ajami,

porteur d’identités plurielles, un conseil de sa grand-mère revient itérativement : « Aime le pays où tu vis, parce que c’est là ton pays ». Il en fait une ligne de vie.

Le déclic du témoignage et de la réflexion de l’auteur est intervenu, après le choc d’agressions subies en 2004, dans la fournaise d’un de ces pics de tensions sociopolitiques au cours desquelles les identités peuvent devenir « meurtrières » pour reprendre la formule d’Amin Maalouf, ou à tout le moins exacerbées, confligènes et agressives. « Je mis des années à comprendre un tel déferlement de violence. En effet, je me sentais ivoirien de naissance, de descendance… Mais finalement, j'eus le sentiment de ne pas être reconnu comme tel. Je ressentis cela comme une injustice. »

« Lutter contre les clichés et les préjugés »

Cette prise de conscience, témoigne Nabil Ajami, l’a conduit à un engagement citoyen marqué et à une réflexion, en termes de propositions d'actions, notamment pour « lutter contre les clichés et les préjugés qui s’installent dans la société par l’ignorance de l’autre », sur « comment s’intégrer sans inquiéter le pays hôte qui devient non seulement une terre d’accueil mais aussi notre patrie ». Nabil Ajami examine également les défis et opportunités du vivre-ensemble, encourage un dialogue ouvert et propose d’innovantes stratégies et actions intra- et inter-communautaires ainsi qu’institutionnelles pour optimiser le vivre-ensemble.

A titre de clins d'œil à la communauté nationale ivoirienne, Nabil Ajami présente brièvement quelques personnalités d'origine libanaise actives notamment sur les réseaux sociaux, dans la vie culturelle, sociale, associative, comme Badredine Hussein, Nader Fackry, Hayek Hassan, Zein Abass, Lakis Mohamed. On peut regretter une absence de profondeur historique à cet égard, relativement aux personnalités d’origine libanaise, pleinement intégrées, qui ont marqué la vie culturelle, sportive, sociale, économique et même politique de la Côte d’Ivoire.

La migration étant un phénomène universel et la diversité une donnée constitutive de toutes identités nationales, les réflexions et propositions contenues dans le livre de Nabil Ajami peuvent être éclairantes, ici comme ailleurs, en matière de relations d'intégration et de vivre-ensemble.

Lucien Houédanou

Nabil Ajami : « Les Libanais en Côte d’Ivoire - Entre fantasmes et réalités », Abidjan, Les Éditions Bomo, 2025, 114 p.


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