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L’Enquête du jeudi. Côte d'Ivoire. Des marchés étouffés par les ordures ; l’Anaged se cache


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Dans et autour de plusieurs marchés d’Abidjan, les bennes à ordures sont laissées à l’abandon pendant des semaines voire des mois. Odeurs insoutenables, insalubrité insupportable, sources d'inconfort et de maladies. Mais l’Agence nationale de gestion des déchets ne souhaite pas répondre aux questions que pose ce constat alarmant d'insalubrité publique.

Dans les allées animées des marchés d’Abidjan, les cris des commerçants, les allées et venues des clients et les odeurs d’épices mélangées aux fumées des grillades forment un quotidien familier. Si certaines zones vibrent de vie, de parfums alléchants et de conversations animées, d’autres dégagent une tout autre atmosphère : là, l’odeur est nauséabonde, agressive, presque suffocante. Une puanteur persistante de déchets fermentés, de poissons avariés, de restes en décomposition mêlés à des urines et des eaux stagnantes.


Depuis des mois 


Au marché de Yopougon, quartier France Afrique, les habitants dénoncent, depuis des mois, l’inaction des autorités face à l’accumulation des déchets. « Depuis novembre je vends ici et c’est toujours la même chose », raconte Ella. « Les asticots montent presque dans notre nourriture. » Les ordures s’entassent. Et avec les pluies, « l’eau descend dans nos maisons comme ça. Quelle souffrance », témoigne Martine Abouadi.
Les odeurs deviennent insoutenables, et les habitants sont contraints de cohabiter avec les mouches, les rats et les eaux stagnantes.
Le marché de Bingerville n’est pas mieux loti. La zone avoisinant la benne à ordures y est même surnommée « quartier poubelle ». On y retrouve des vendeurs de friperie, plus connus sous le nom de yougouyougou en Côte d’Ivoire, mais aussi un grand poulailler, source des principales nuisances olfactives liées à la fiente de la volaille et aux déchets organiques. Charlène, élève en terminale, raconte : « C’est ici que nous achetons nos habits. Mais l’odeur est si forte que quand on vient ici, ce n’est pas pour parler beaucoup. »
Sidik Diallo (nom d’emprunt), vendeur de friperie, confie : « C’est vraiment difficile hein. C’est parce qu’on cherche l’argent. Sinon, normalement, quelqu’un peut pas travailler dans de telles conditions. » 

« Aucun camion ne vient ramasser les déchets » 

Une alerte lancée le 19 avril 2025 par des habitants de Yopougon Niangon à gauche a circulé sur les réseaux sociaux : « Bonjour chères autorités, nous avons besoin de votre aide pour contacter Éco Éburnie car depuis plusieurs jours jusqu’à aujourd’hui, aucun camion ne vient ramasser les déchets. Les asticots rentrent dans les maisons et magasins, créant des maladies aux habitants. Nous sollicitons votre aide » 
Selon les témoignages, il aura fallu trois semaines avant qu’un camion n’intervienne, dans la nuit du samedi suivant. Mais les habitants restent sceptiques : « On sait qu’ils ne reviendront pas avant plusieurs mois encore. »
Ils évoquent des maladies, des invasions d’insectes et la montée d’eaux usées jusque dans leurs maisons.


Conséquences sanitaires de l’insalubrité

À l’inverse, la benne à ordures du grand marché de Treichville est vidée presque toutes les deux heures. Ce rythme soutenu garantit une meilleure salubrité pour les commerçants et les clients. Même constat au marché de Cocovico, dans la zone d’Angré, où les déchets sont collectés quotidiennement.
Mais alors, pourquoi une telle disparité dans la gestion des déchets entre les marchés ?


Une étude publiée sur retssa-ci.com, alerte sur les conséquences sanitaires de l’insalubrité. Menée à Sinfra, cette recherche révèle que 85,42 % des cas de paludisme et 72,92 % des cas de fièvre typhoïde sont directement liés à l’accumulation d’ordures et à la stagnation des eaux. Le lien entre le manque de ramassage et la prolifération de maladies est ainsi clairement établi.


L’ANAGED n’a pas souhaité répondre


Contactée dans le cadre de cette enquête, l’Agence nationale de gestion des déchets ou ANAGED, n’a pas souhaité répondre à nos questions. Elles visent, entre autres, à comprendre comment cette structure évalue les besoins spécifiques de chaque marché, pour organiser la collecte des déchets ? Qu’est-ce qui explique la variation des fréquences entre les zones ? Ou encore, quelles sont les mécanismes de suivi utilisés pour évaluer l’efficacité du système de collecte ?
Autant de questions restées sans réponse. Et autant de zones d’ombre qui laissent les habitants, commerçants et consommateurs dans l’attente, parfois au bord de la crise sanitaire. 



Claude Eboulé










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