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L'enquête du jeudi. Côte d'Ivoire. Recensement des entreprises : Des acteurs du secteur informel boudent

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Depuis le 5 mars 2025, des agents sont déployés sur tout le territoire national en vue de recenser les unités économiques des secteurs formels et informels de l’ensemble des activités, à l’exception du secteur agricole. Mais force est de constater que certains acteurs du secteur informel sont hostiles à cette opération de Recensement général des Entreprises et Établissements de Côte d’Ivoire (RGEE-CI), qui devra pourtant permettre à l’Etat ivoirien de mener à bien des politiques en leur faveur.

« Ce recensement concerne les grandes entreprises. Moi je ne suis qu’un réparateur de téléphones portables », fait savoir J. W. Il confie que des agents recenseurs lui ont rendu visite. Mais il n’a pas accepté de se faire enrôler. Dans son magasin, situé dans la commune d’Adjamé, l’homme ne fait pas que réparer des téléphones portables. Il en vend. Les étalages de son magasin en sont bien fournis. Selon lui, il pourrait être assujetti au paiement d’un impôt après s’être enrôlé.

Un autre commerçant, interrogé dans la même commune, a refusé de s’enrôler pour la même raison. « Les agents recenseurs demandent si vous payez l’impôt, si vous avez un registre de commerce », explique ce dernier, qui a requis l’anonymat. « Mon voisin ne veut pas se faire recenser. C’est quelqu’un qui n’aime pas payer de taxes. Il préfère travailler dans l’informel. Même les taxes de la mairie, il ne les paye pas, parce qu’il connaît des gens à la mairie », nous confie D.T. Lui aussi avait dans un premier temps, repoussé maintes fois, tous les agents qui l'ont approché pour le recenser. Parce que, selon lui, il n’est que le gérant du magasin. Ce n’est pas sa propriété. Mais finalement il a accepté de se faire enrôler. Et il a obtenu sa carte d’entreprenant à la fin de l’opération.

Manque d’informations

Un autre souci, en dehors de la crainte d’être assujetti au paiement de l’impôt, est le manque d’informations des concernés sur les tenants et aboutissants réels de l’opération. Certaines personnes interrogées font savoir qu’elles ne savent pas qu’un recensement des entreprises et établissements a lieu actuellement. C’est le cas de ce vulcanisateur que nous avons rencontré devant son atelier à environ une centaine de mètres de la gendarmerie d’Abobo. « Je ne suis pas informé. Comme je travaille en association, je vais demander à mes associés s’ils sont informés sur l’opération de recensement », dit-il tout en poursuivant son travail. C’est aussi le cas d’un gérant d’une agence de Services divers (photocopie, traitement de texte, etc ). Pourtant l’annonce passe dans les médias notamment la Radiodiffusion télévision ivoirienne. Il affirme qu’il acceptera de se faire recenser s’il y voit de l’intérêt.

Tembely Moussa, chargé de mission de la Fédération nationale des Commerçants de Côte d’Ivoire (FENACCI), section Adjamé affirme le contraire. Selon lui, la communication est passée à leur niveau. Et ils adhèrent à l’opération. « Par le biais de cette opération, on saura le nombre exact d’acteurs dans le secteur pour que le gouvernement puisse décaisser les fonds, en vue d’accompagner les commerçants dans leurs activités », a-t-il indiqué. Aussi, exhorte -t-il les commerçants à accueillir les agents recenseurs et à leur fournir toutes les informations qu’ils voudront.

Rien à avoir avec l’impôt

L’un des agents recenseurs que nous avons pu interroger confirme que des personnes refusent effectivement de se faire enrôler, parce qu’elles seront obligées de formaliser leur activité. Ce qui les amènera à se conformer à un certains nombre de critères, notamment s’acquitter régulièrement d’un impôt. Mais selon l’agent, cette opération n’a rien à voir avec l’impôt. Pour être soumis au paiement de l’impôt, il y a des conditions à remplir. Notamment la taille de l’activité commerciale et le chiffre d’affaire de l’entreprises. Il parvient à convaincre nombre d’acteurs du secteur informel, à partir de ces explications. Cependant, d’autres restent toujours hostiles à l’opération.

En ce qui concerne l’exécution proprement dite du RGEE-CI, elle se déroule sur le lieu du travail du concerné. Les informations le concernant et son activité, sont enregistrées sur une tablette numérique. Une photo est également prise sur place. Ce sont toutes ces informations qui sont scannées sur une carte que l’agent recenseur remet sur place, à l’acteur enrôlé. Cette carte est la « carte entreprenant ». Elle comporte un numéro unique pour chaque personne. Le recensement donne également droit à une attestation d’entreprenant.

Lors de la tribune d’échanges « Tout savoir sur » du Centre d’information et de Communication gouvernemental (CICG), Hervé Franck Akafou, coordonnateur du RGEE-CI, a affirmé que l’opération vise à connaître la structure du secteur privé. Elle a également pour objectif d’identifier les difficultés des entreprises et des opérateurs du secteur informel, en vue de mieux orienter les politiques de promotion de leurs activités, ainsi que celle de création de richesses et d’emplois.

Notons que le RGEE-CI est financé par l’État de Côte d’Ivoire et la Banque mondiale a hauteur de 6 milliards de FCFA.

Diomandé Karamoko




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