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L’Enquête du Jeudi. Beauté. Des maladies dans les perruques

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Dans les rues animées d’Abidjan, difficile de ne pas croiser des jeunes femmes portant des perruques aux styles variés. Mais derrière cette tendance apparemment anodine se cachent des réalités préoccupantes.

Dans les quartiers, populaires comme huppés, les perruques sont devenues une pièce maîtresse dans l’entretien de la coiffure des Ivoiriennes. Bouclée, lisse, blonde ou rousse : loin d’être un simple effet de mode, la perruque s’est imposée comme une réponse à plusieurs besoins : esthétiques, pratiques et économiques.

Pratique et économique

« J’aime porter des perruques parce que c’est pratique », confie Marie Esther, étudiante de 23 ans. « Le matin, je suis pressée. Avec une perruque, je gagne du temps. Et puis, ça me fait faire des économies. Les tresses coûtent au moins 10 000 francs et prennent plus de trois heures à faire », explique t-elle.

Un point de vue partagé par de nombreuses jeunes femmes, encouragées par les tutoriels et pages de vente qui prolifèrent sur les réseaux sociaux. Pourtant, cette commodité a parfois un prix.

Maux de tête, asticot vivant…

Dans son salon de coiffure à Angré, Nathalie Lokossou remarque une évolution dans les habitudes de ses clientes. « Beaucoup préfèrent les perruques aux tresses. Mais elles reviennent souvent avec des plaintes. Certaines disent avoir mal à la tête. Une cliente m’a même raconté qu’elle avait trouvé un asticot vivant dans une mèche humaine venue de Dubaï. Depuis, elle a peur des mèches étrangères ».

Le Dr Ipko Gnaly Jean Marc, interne des hôpitaux au Centre hospitalier universitaire de Cocody (CHU), explique que « certaines personnes sont hypersensibles. Si la perruque est faite avec des matériaux allergènes ou entretenue avec des produits chimiques, elle peut provoquer des boutons, démangeaisons, voire des infections du cuir chevelu. Et porter une perruque trop souvent peut aussi casser les cheveux ».

Des prix accessibles, mais à quel coût ?

Dans les marchés d’Abidjan, Adjamé, Bingerville, et Cocovico que nous avons visités, on trouve des perruques recyclées vendues entre 7 000 et 15 000 F CFA. Certains modèles synthétiques neufs coûtent entre 25 000 et 60 000 F CFA, tandis que les mèches naturelles importées peuvent atteindre jusqu’à 400 000 F CFA. Certaines perruques, étiquetées « 100 % humaines », contiennent en réalité des produits synthétiques.

Ce marché florissant, souvent hors de tout contrôle, pousse de nombreuses femmes à acheter, sans réelle information sur la qualité ou la provenance des produits.

Métaux lourds cancérigènes

Une étude relayée par NBCInfo et menée au Nigeria par le chercheur Nwanne Digue Ijere a révélé que certaines perruques et mèches synthétiques contiennent des substances dangereuses pour la santé. Les chercheurs ont analysé dix marques locales et étrangères (Chine, Ghana, États-Unis) et ont découvert la présence de métaux lourds comme le plomb, le nickel, le chrome ou le cadmium. Ces substances peuvent provoquer, à long terme, des troubles neurologiques, l’infertilité, ou des maladies du foie, du cœur et même des cancers.

Les chercheurs ont également détecté des résidus de pesticides et des niveaux élevés de nitrates, entraînant potentiellement des troubles respiratoires ou hormonaux. L’étude recommande un contrôle sanitaire renforcé et l’encouragement à utiliser des fibres plus sûres, comme l’hiperlon, biodégradable et moins toxique.

Conseils

Face à la prolifération des perruques de mauvaise qualité, les professionnels de la coiffure plaident pour une meilleure sensibilisation. Ils conseillent de désinfecter les bonnets intérieurs, de limiter le port à huit heures par jour, de laisser le cuir chevelu respirer deux jours par semaine et de laver les mèches avec des produits adaptés, surtout en saison chaude.

Si les perruques sont considérées comme une solution de beauté, de liberté et de gain de temps par certaines femmes, elles sont aussi sources de problèmes de santé. Leur choix demande vigilance et pudence.

Claude Eboulé




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