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Politique

(Tribune )Adieu, mon Général ! Bienvenue, Monsieur le Président !

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Dans cette lettre ouverte empreinte de gravité et d’espoir, l’écrivain gabonais originaire de Malinga Benicien Bouschedy s’adresse au Président Brice Clotaire Oligui Nguema. Entre hommage au soldat et interpellation au chef d’État, il trace les contours d’une exigence citoyenne : celle d’un pouvoir au service de l’humain, de la justice et de la jeunesse. Un cri du cœur autant qu’un appel à l’Histoire.



Adieu, silhouette calme et digne, figure du sursaut national, trait d’union entre la nuit du silence et l’aube d’un espoir refoulé. Vous n’avez ni haï ni vengé, et c’est cela qui vous rend grand. En vous regardant ce 30 août 2023, le peuple s’est vu restituer un visage. Celui de la dignité. Aujourd’hui, vous êtes Président. Le poids du treillis a cédé la place au manteau de la transformation. Les Gabonais, dans leur écrasante majorité, vous ont confié plus qu’un mandat : une exigence de justice, une réclamation d’humanité. Vous incarnez – dans le regard du peuple – une réponse légitime à l’immobilisme. En quelques mois, vous avez réhabilité des symboles, réinstallé le peuple dans le débat politique, ramené une certaine dignité dans l’action publique.

Vous êtes apparu comme un intermède salvateur. Ni putschiste, ni imposteur. Vous avez réhabilité des symboles, réinstallé le peuple au centre du débat politique. Vous n’avez pas volé le pouvoir. Il est venu à vous, tel un cri, porté par le Peuple. Par la même occasion, vous avez créé des attentes. À présent, l’Histoire exige plus que des mots : des actes. Ne vous laissez pas enivrer par les flatteries de ceux qui, hier encore, acclamaient l’indignité de ceux qui nous privaient de rêves et de la moindre possibilité d’être Humain dans notre propre pays. « Les habits de roi ne doivent pas faire oublier la sueur du peuple », disait mon père.

Puisque je ne peux vous rencontrer que par procuration, je me répète devant votre portrait : le peuple n’a pas voté pour vous seul, il a voté contre l’oubli. Vous l’avez-vous-même dit au lendemain de l’annonce provisoire des résultats de l’élection présidentielle : les Gabonais sont rancuniers. Contre l’injustice rampante, contre le vol organisé, contre l’humiliation chronique. Le triomphe de votre projet ne vaut que par sa capacité à changer concrètement la vie des Gabonais. Chaque jour. Le 30 août 2023 et le 12 avril 2025 m’ont appris que lorsqu’un peuple se lève, ce n’est pas pour acclamer un homme, mais pour enterrer ses peurs.

Excellence,

Les gens de Malinga disent : « Le pouvoir véritable commence là où s’arrête l’applaudissement. » Refusez les réseaux incestueux, entourez-vous de fidèles à la République, non de fidèles aux intérêts matériels conférés par les positions de pouvoir. Comme le rappelle un proverbe de chez moi : « Un président sage préfère mille critiques justes à une seule flatterie sourde. ». Faites que la jeunesse ne soit plus un slogan, mais un levier de renaissance. La jeunesse gabonaise n’a plus besoin qu’on lui dise qu’elle est « l’avenir ». Elle est le présent. Elle a les codes du monde, les solutions numériques, l’énergie de l’action, la lucidité face aux hypocrisies. Offrez-lui des espaces, des outils, des responsabilités.

L’un des chantiers dans lequel vous êtes attendu est la redéfinition de l’ordre moral, non comme posture, mais comme pilier républicain. Notre République a été longtemps parasitée par le culte de l’impunité, du mensonge et de la jouissance facile. La Cinquième République doit renaître sur d’autres fondations : le mérite, la vérité, la justice et la discipline collective. La morale ne doit pas être prêchée par les lèvres, mais par la cohérence entre la parole et l’acte. Vous avez dit : « Bâtissons ensemble le Gabon. » Le peuple vous a confié les plans et les fondations : soyez le chef de chantier de la République qui renvoie les paresseux et les mauvais manœuvres dont la réputation peut ternir la volonté collective.

Monsieur le Président,

Le peuple n’a pas voté pour un homme. Il a voté contre l’oubli. Il attend un cap, une boussole, une colonne vertébrale. L’élan du 30 août n’est pas un chèque en blanc, mais un contrat moral confirmé par les résultats du 12 avril dernier. Réinventez le rapport à la richesse, à la terre, à la citoyenneté, à l’exemplarité. Et surtout, écoutez. Écoutez ceux qu’on n’entend jamais : les mères seules, les paysans silencieux, les jeunes sans stage, les vieux abandonnés.

Les peuples n’attendent pas des dieux : ils espèrent des hommes debout.

L’Histoire nous regarde. L’Afrique aussi.

Benicien Bouschedy





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