En Côte d’Ivoire, le système national de collecte de données sur les VBG a recensé 7 919 cas en 2022. Près de 79 % des victimes étaient des enfants de moins de dix-huit ans. Malgré ces chiffres alarmants, la Côte d’Ivoire occupe le premier rang en Afrique en matière de droits des femmes, selon un rapport sur l’Indice des institutions sociales et égalité des genres (SIGI), publié par l’Organisation de coopération pour le développement économique (OCDE). Cette nouvelle, annoncée en 2024, a réjoui la classe politique ivoirienne, qui attribuait ce résultat à un certain nombre de dispositifs pris par le gouvernement ivoirien. Le rapport avait comme critères d’évaluation l’existence de lois établies pour garantir l’égalité des genres et protéger ces dernières, la prévalence des violences basées sur le genre (VBG) et la perception du rôle et des droits des femmes au sein de la population.
Des lois en faveur des femmes
En matière de cadre légal, la Côte d’Ivoire a effectivement adopté, depuis quelques années, des lois en faveur des femmes et de leur protection dans la société.
En 2016, la Constitution ivoirienne a consacré l’égalité homme-femme et protégé la femme et la petite fille contre toutes formes de violences. La réforme du Code de la famille, en 2019, attribue à la mère la même autorité parentale que le père et autorise une épouse à entrer dans l’ordre de succession de son mari. La même année, un quota minimal de 30 % de femmes dans les assemblées élues a été voté. En 2021, une loi relative aux violences domestiques et au viol a garanti plus de mesures de protection pour les victimes de VBG. Récemment, en 2025, les congés de maternité sont passés de 3 mois à 6 mois pour les travailleuses de la Fonction publique.
Une égalité dans la théorie
Lydie Pascal Koffi, coordinatrice de l’accès à la justice à l’Association des femmes juristes de Côte d’Ivoire, reconnaît que la Côte d’Ivoire a connu des progrès en matière de lois en faveur des femmes. Mais, elle pense que ces progrès sont plus visibles en théorie qu’en pratique.
« L’accès à la justice est un sujet tabou pour les femmes en situation de violence. Souvent, elles se posent beaucoup de questions comme : Qui va s’occuper d’elle ou de ses enfants. Donc, elles ne dénoncent pas les violences, jusqu’à ce que le pire arrive », dit-elle en invitant les femmes à libérer la parole pour dénoncer les VBG et protéger d’ autres femmes.
Premier procès pour harcèlement sexuel
Récemment, une jeune femme a brisé le silence sur une violence qu’elle subissait et a réussit à obtenir justice. Il s’agit de Mariama Cissé, une athlète ivoirienne, qui avait porté plainte pour harcèlement sexuel contre son ancien entraîneur. Le vendredi 21 février 2025, ce dernier a été condamné pour harcèlement moral à six mois de prison ferme, ainsi qu’à une amende de 500 000 francs et au versement d’un franc symbolique à destination de la victime.
Ce procès est le premier du genre en Côte d’Ivoire. Il a été salué par les organisations féministes ivoiriennes, qui y voient une avancée pour les droits des femmes en Côte d’Ivoire.
La prévention passe par l'éducation
Souleymane Diomandé propose de prévenir les VBG si l’on veut les freiner. Cette prévention, dit-il, passe par l’éducation. « L’éducation peut freiner les violences. Il faut commencer dès l’enfance à briser les stéréotypes de genre qui renforcent les comportements violents des hommes envers les femmes. En cas de violences, il faut aussi mettre la faute sur la personne qui a commis l’acte et arrêter d’essayer de culpabiliser les femmes. »
De Lima Soro
Encadré
Un programme de promotion des compétences féminines
La Côte d’Ivoire a mis en place un programme visant à renforcer la visibilité, la participation et le leadership des femmes dans la gestion des affaires publiques et privées. Il s’agit du Compendium des Compétences féminines de Côte d’Ivoire (COCOFCI), lancé en 2011 et coordonné par Euphrasie Kouassi Yao, ex ministre de la Promotion de la Femme, de la Famille et de la Protection de l’enfant.
Ce programme encourage également le réseautage et recense l’ensemble des compétences féminines ivoiriennes, tant au niveau national qu’international, afin de renforcer la représentativité des femmes aux postes de direction.
En 2018, le COCOFCI a été récompensé par le PNUD comme meilleur programme africain de valorisation des compétences féminines.