Talweg, flancs de colline et même des ravins son encore occupés par des habitants. C'est le constat que nous avons fait dans certains quartiers des communes d’Abobo, d’Adjamé et d'Anyama. A l'approche de la saison des pluies, ces populations courent de gros risques de subir des catastrophes, malgré les dispositions prises par les pouvoirs publics, pour prévenir des cas d’inondations et de glissements de terrains.
Nous sommes dans la commune d’Abobo ce vendredi 4 avril 2025, précisément le quartier communément appelés Abobo derrière-rail Sagbé, Un gros ravin attire notre attention. Des ordures ménagères de tous genres y sont versées et entreposées aux abords. Des filets sont accrochés pour signifier aux enfants, qu’il est dangereux de passer par là. Paradoxalement des maisons d’habitation longent ledit ravin. En amont, il y a des garages mécaniques. Dans ce quartier, s’entremêlent garages mécaniques et bâtiments d’habitation dont certains sont construits sur des voies naturelles d’eau appelés talwegs. A environs 200 mètres du carrefour du Banco, nous apercevons un ravin en plein quartier. La proximité des maisons nous amène à approcher certains habitants. « En temps de pluie, l’eau monte jusqu’au niveau de nos maisons », explique Kouyaté. Ses amis et frères qui sont en sa compagnie confirment ses dires. Mais cette situation arrive quand le caniveau situé en amont, est envahi par les déchets. Ils souhaitent que les autorités municipales anticipent afin qu’ils ne soient pas inondes cette année. Un autre endroit du même genre se trouve également derrière les locaux de la brigade de gendarmerie en bordure de la voie express qui traverse la commune en direction d’Anyama. Ce bas-fonds menace les habitations mitoyennes. Un pan du mur de la gendarmerie s’est écroulé comme on peut le constater.
Dans la commune d’Adjamé, malgré les opérations de déguerpissement effectués au cours de ces dernières années par les autorités, des maisons demeurent encore sur des flancs de colline et en bordure des voies naturelles des eaux de ruissellement. Les quartiers Sodeci, Motoragri et le quartier situé derrière le lycée municipal en sont des exemples.
Au quartier RAN d’Anyama nous avons revisité le site où 13 personnes ont péri dans un éboulement non loin des rails en 2022. Le site est aujourd’hui verdoyant. Il a été déguerpis après le drame. En lieu et place, des arbres ont été plantés, pour empêcher la dégradation du sol . Afin qu’il ne soit pas exposé aux éboulements en cas de grandes pluies. Cependant , une partie de ce quartier situé entre le chemin de fer et un bas fonds a été laissée. Nous constatons que des maisons proches de là ,sont menacées par les eaux. « L’eau n’entre pas dans nos maisons. Quand il pleut, l’eau passe par l’arrière », s’est voulu rassurant cet habitant que nous avons trouvé devant sa concession. Au quartier Zoulou tout comme dans de nombreux autres quartiers, des maisons sont construites sur des flancs de colline et même sur des Talwegs.
La routine à l’approche des pluies
« Chez nous c’est la routine. Depuis toujours c’est ce que nous faisons à l’approche des pluies. On a un répertoire des zones à risque qu’on actualise chaque année », nous confie Niagne Agnéro Olivier, Sous-directeur en charge de l’environnement et du cadre de vie à la Mairie d’Abobo, quand nous lui demandons si des dispositions sont prises pour prévenir des d’inondation et des glissements de terrain, pendant la saison pluvieuse qui s’annonce. Un répertoire d’éventuels lieux de recasement des personnes impactées par les effets des pluies est également disponible. Des opérations de pré-saison de curage de caniveaux son effectuées pour éviter les inondations des chaussées. « On a également des réunions techniques que nous tenons avant ces saisons qui vont démarrer très prochainement. Il faut dire que depuis trois ans déjà, il y a eu de grandes opérations de délibération de zones à risque », a-t-il ajouté. Ces opérations sont conduites par les services du ministère de l’hydraulique de l’Assainissement et de la Salubrité. La mairie a également mis en place des points focaux au niveau de chaque quartier, qui partagent les informations en temps réel avec elle, pour les dispositions à prendre. « Depuis un moment déjà, avec l’assistance du Projet Assainissement et de Résilience urbaine (PARU), nous sommes à la finalisation de la mise en place du plan communal de sauvegarde », a fait savoir Niagne Olivier. Il s’agit d’un plan qui contient toute une organisation autour des questions des inondations et des éboulements.
Nous avons mené en vain des démarches auprès des autorités municipales d’Adjamé, en vue de savoir si des dispositions sont également prises à leur niveau pour prévenir des cas d’inondation et de glissement de terrain pendant la saison pluvieuse.
Des travaux d’aménagement effectués
Ces dernières années, les autorités ont mené plusieurs actions en vue de prévenir des drames lors des saisons pluvieuses. Parmi celles-ci, il y a la construction des infrastructures d’assainissement comme celles de Williamsville et du carrefour de l’Indenié. Ces réalisations ont pour objectif de canaliser dans des circuits différents, les eaux usées et de ruissellement et les débarrasser des ordures qui les encombrent. Bien d’autres caniveaux sont faits également à travers les communes du district d’Abidjan, comme nous avons pu le constater à Abobo N’dotré au niveau de la nouvelle casse. Une grande canalisation permet de drainer l'eau de pluie des quartiers environnants .
Des caniveaux obstrués par les ordures
Mais ces infrastructures construites par les autorités pour faciliter la circulation de l’eau et assainir le cadre de vie, ne sont pas toujours utilisées par les populations comme il se doit. Elles sont des dépotoirs d’ordures ménagères pour la plupart. C’est qu’il est plus facile de se débarrasser des ordures dans les caniveaux. Sauf que ces ordures finissent par les obstruer . Et l’eau fini par inonder les voies. C’est le cas du grand caniveau au carrefour du quartier Cissé à Anyama. Une importante quantité d’eau de ruissellement provenant des quartiers situés en amont, est dirigée vers ce caniveau. Mais en cas de pluies diluviennes, toute la chaussée est infondée. « Une fois je revenais du travail sous une pluie battante, il était impossible de passer à cet endroit. Le caniveau était devenu comme un fleuve en cru », confie un habitant. « L’eau a déjà emporté un homme ici », fait savoir une autre dame. Selon certains, le caniveau est très étroit pour contenir l’importante quantité d’eau qui y passe. Mais visiblement, les ordures sont également la cause du déferlement des eaux sur la voie. La canalisation remplie d’ordures de tout genre, ne permet pas la bonne circulation des eaux. Dans certains quartiers des communes visitées, les canalisations sont en mauvais état où simplement inexistantes.
Diomandé Karamoko