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Politique

[Tribune] Septennat d’Oligui Nguema : homme de clans ou homme d’État ?

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Alors que le Gabon est en pleine effervescence électorale, la victoire d’Oligui Nguema à la présidentielle d’avril 2025 semble d’ores et déjà acquise pour bon nombre d’observateurs. Mais, l’enjeu semble davantage résider dans le taux de participation que dans l’issue du scrutin. Derrière cette apparente certitude, une interrogation persiste : quel président Oligui Nguema sera-t-il ? Homme de clans ou homme d’État ? C’est la réflexion que propose cette tribune, considérée comme un texte prémonitoire, rédigée par Privat Ngomo. Le conseiller du président de la transition explore les trois facteurs déterminants qui façonneront la présidence d’Oligui Nguema : sa valeur intrinsèque, son entourage, et la nature de ses décisions. Sa réflexion invite à se demander si le Gabon s’apprête à vivre une véritable renaissance ou simplement un changement de visage à la tête d’un système inchangé.


INTRODUCTION

Au moment où cette analyse est publiée le Gabon tout entier vibre au rythme d’une campagne présidentielle nationale effervescente où l’enjeu réside plus dans le taux de participation ou d’abstention que dans le score du candidat Oligui Nguema. A la réalité, Oligui Nguema a déjà gagné l’élection présidentielle dont le scrutin se tiendra le 12 avril 2025. En fait, il l’a gagnée depuis le 30 août 2023 quand, avec ses frères d’armes, il a mis un terme à la dictature agonisante du système Bongo-PDG. Par ailleurs, le bilan plutôt honorable de la Transition qui n’excèdera pas 2 ans témoigne du sérieux du candidat Oligui Nguema escomptant faire encore mieux au cours du mandat qu’il sollicite auprès des populations gabonaises. Ces dernières lui en sauront gré de les avoir débarrassées de la tyrannie cinquantenaire des Bongo Ondimba. Enfin, en face, il n’y a aucune réelle consistance politique rivale susceptible d’inverser un résultat fortement pressenti d’avance. Oligui Nguema est le prochain Président et premier chef d’Etat de la 5ème République. De cela, nul esprit sensé n’en doute.

Mais la question fondamentale qui taraude tout esprit sagace est la suivante : que fera Oligui Nguema de cette éclatante victoire et comment gèrera-t-il ce septennat ?

PRÉMONITION

Trois critères ou paramètres essentiels détermineront de manière cruciale le risque d’échec ou la perspective de réussite de ce septennat. Ces trois critères sont corrélés voire consubstantiels : (a) la valeur intrinsèque du nouveau Président de la République, (b) l’entourage qu’il s’offrira et (c) les décisions qui seront prises.

A. LA VALEUR INTRINSÈQUE

La Transition, par sa courte durée et son contexte national et international, n’est pas suffisante pour nous fournir les éléments fondamentaux qui indiquent si Oligui Nguema sera un homme de clans ou un homme d’Etat. Il faut bien reconnaître que pendant la Transition, ses dirigeants n’ont pas disposé des coudées franches pour déployer tout leur génie et dans le même temps, pour éviter une rupture brutale, il fallait s’accommoder des vestiges du passé, au grand dam des populations. Des décisions d’homme de clans ont émaillé la Transition avec la nomination de profils inadéquats aux fonctions importantes, de même que des décisions d’homme d’Etat ont été observées avec, par exemple, le rachat des officines pétrolières pour garantir au Gabon une souveraineté économique dans le secteur clé des hydrocarbures.

* Homme de clans. Oligui Nguema sera un homme de clans si son modèle de gouvernance s’inspire de l’exemple bongomarien ou bongoalien, c’est-à-dire, celui de la géopolitique au rabais ouvrant la porte à la gabegie, à la corruption, à l’arrogance des incompétents et à la République des dons et des maquettes. Alors, le septennat qui commencera à la fin du mois d’avril 2025, sera assurément un cuisant échec si Oligui Nguema se révèle être un homme de clans.

* Homme d’État. Si au contraire l’intérêt supérieur de la République anime constamment le nouveau Président qui devra être à l’écoute de sages et pertinents conseils, alors les décisions qui en découleront auront un impact très positif dans la matérialisation des promesses de campagne. Et le septennat aura toutes les chances d’être un franc succès.

B. L’ENTOURAGE

Le Président de la République ne dirige pas seul. Son entourage influe positivement ou négativement sur sa manière de gouverner. C’est de la seule prérogative du chef de l’Etat que de choisir son entourage. Il n’est point obligé. L’entourage du Président Oligui Nguema sera celui qu’il aura retenu selon ses propres critères. Ces derniers émaneront-ils de l’homme de clans ou de l’homme d’Etat ?

* L’entourage selon la géopolitique. Omar Bongo Ondimba et, à sa suite, son fils adoptif Ali ont pratiqué une géopolitique qui a conduit inexorablement le pays à la nuit du 30 août 2023, au coup de libération salvateur. Ce coup de force militaire est, dans son essence politique, un clair refus de la géopolitique et de ses conséquences néfastes après 56 ans d’application systématique. L’engeance PDGiste, caractérisée par des profito-situationnistes portés par leurs seules ambitions et la préservation de leurs privilèges indument acquis, est inique et dangereuse pour la réussite du septennat. Cette engeance présente pendant la Transition et active durant la campagne présidentielle voudra demeurer aux affaires pour perpétuer des comportements qui ont fait tant de torts à la République et aux peuples du Gabon. Si le Président Oligui Nguema, en homme de clans, accepte dans son entourage des opportunistes PDGistes vomis par le peuple qui vient de l’élire, il s’assure du même coup de l’échec de son septennat. C’est indéniable. La réussite du septennat passe absolument par la mise à l’écart totale des PDGistes toxiques et incompétents et l’émergence d’une nouvelle classe politique gabonaise plus vertueuse et patriotique.

* L’entourage selon la géocompétence. Mettre l’homme et la femme de qualité à la place qu’il faut. Voici le véritable enjeu de ce septennat. Le concept de géocompétence, qui doit irrémédiablement remplacer celui de géopolitique, signifie que le critère de compétence est d’abord retenu avant celui de l’origine géoethnique dans l’acte de nomination à une fonction importante ou stratégique. La géocompétence est l’outil par excellence qui permettra d’encadrer efficacement le pouvoir de nomination du chef de l’Etat et de réduire drastiquement les occurrences de « mauvais castings ». Ce concept, nouveau au Gabon, induira indubitablement une meilleure gouvernance pour bâtir le Gabon Nouveau, celui de la 5ème République. Si le Bâtisseur Oligui Nguema, en homme d’Etat, veut réussir son septennat, il devra souscrire objectivement au concept de la géocompétence.

C. LES DÉCISIONS ET RÉALISATIONS

L’hypothèse du Président Oligui Nguema, homme de clans, entouré d’une engeance PDGiste prédatrice et corrompue est la pire que nous pourrions retenir et qui mènerait inéluctablement à l’échec du septennat commençant. L’intérêt privé triompherait à nouveau sur celui supérieur de la nation gabonaise, et notre pays se retrouverait à faire du Bongo sans les Bongo Ondimba.

L’autre hypothèse, celle où le Président Oligui Nguema arbore une stature d’homme d’Etat en s’offrant un entourage de qualité par la pratique rigoureuse de la géocompétence, est celle qui garantit un succès incontestable du septennat avec la promesse d’en faire un deuxième, car le bilan du premier serait de bonne facture. Ainsi donc, Libreville II, de maquette, sortirait réellement de terre pour le bonheur du peuple gabonais.

CONCLUSION

La famille, les proches et les Conseillers qui évoluent actuellement autour du « Prince » doivent s’évertuer à hisser le Président Oligui Nguema à la dimension d’homme d’Etat afin qu’il ne sombre pas, comme ses tristes prédécesseurs, dans la classe accablante d’homme de clans.

Privat Ngomo, conseiller du président de la transition et apprenti-sage





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