Prenant appui sur la superpuissance de son pays, Donald Trump, Président de la nation la plus puissante au monde, veut résolument bouleverser l’ordre mondial actuel. Il ne cache pas du tout sa révoltante ambition de tenir le monde entier à ses pieds. L’Europe, continent d’origine de la plupart de ses compatriotes, ne jouit même plus de ce statut de reconnaissance, qui lui a jusqu’ici procuré un excellent privilège, le logeant systématiquement sous la protection tous azimuts des États-Unis. A ce jour, c’est toute l’Europe qui s’interroge sur ce qu’il adviendra de ses relations avec les États-Unis. Dès l’annonce par Trump, de la majoration des droits de la douane américaine, auxquels ont jusqu’ici été soumises les exportations des produits européens, nombre d’entreprises européennes se sont lancées à la recherche de solutions d’adaptation , à la nouvelle donne commerciale qui en résulterait . Les vignobles et fromagers français, dont le marché américain englouti annuellement une importante fraction des productions réalisées, sont en quête d’alternatives à la bourrasque économique qu’ils pourraient en subir. Idem pour les fabricants européens des voitures électriques, avec des technologies qui ont pourtant bien conquis le cœur de nombre de citoyens américains. Même l’Oganisation du Traité de l’Atlantique Nord ( OTAN), ne constitue plus ce cadre privilégié d’influence et de persuasion sécuritaire sur lequel l’Europe pouvait compter ,du fait de l’implication américaine, pour se sentir en sécurité. Surtout face à une Russie de plus en plus interventionniste et menaçante, quant à l’usage de son arsenal nucléaire orienté sur la partie occidentale du vieux continent. Ses leaders à travers l’Union européenne viennent de décider de relancer le fonctionnement de leurs industries de fabrications d’armements.
En clair, plus aucune alliance traditionnelle entre les États-Unis et l’Europe n’est à l’abri du protectionnisme américain
Que peut donc l’Afrique face à ce chamboulement mondial qui prend progressivement forme et dont elle ne sera point épargnée par les effets collatéraux ?Qu’est ce que cela devrait lui inspirer , en tant que marché économique de plus d’un milliard de consommateurs en intégration, mais pour lequel Trump n’a que très peu de considérations ?
C’est assurément le moment pour elle de s’employer à performer ses relations économiques avec bien d’autres grands pays émergents, qui se montrent davantage disposés à recevoir l’Afrique, via l’appui de ses organisations représentatives telle que l’Union africaine, la Communauté économique des États d’Afrique de l’ ouest, son équivalent pour l’Afrique centrale et autres. L’accélération du fonctionnement effectif de la Zone de libre échange Continental africain (ZLECAF), dépendant en réalité du pragmatisme et de la détermination des différents États en la matière, devrait plus que jamais constituer un noble objectif du moment pour tout le continent. En vue de faire de la ZLECAF, ce marché musclé et alléchant aux attraits irrésistibles pour le reste du monde à l’égard de l’Afrique. Il en est de même au niveau des relations commerciales tissées entre l’Afrique et le Japon où Ticad, le sommet France Afrique, le sommet Chine Afrique, le Sommet Afrique Canada et autres…. dont les experts africains des échanges économiques gagneraient d’ores et déjà à esquisser de nouveaux contours, adaptables aux intérêts des pays de leur continent.
Mais pour l’heure, rien de tout cela ne semble préoccuper les dirigeants africains, qui restent plutôt observateurs pantois de cette évolution de la multilatéralité à l’échelle mondiale. Rien de concret n’est perceptible du côté de l’ UA, qui a plutôt consacré son dernier sommet à la classique, ennuyeuse et insipide revendication de reconnaissance par leurs auteurs occidentaux, des humiliations et autres affres subies par les peuples africains. Une tendance bien légitime en soit certes. Mais que les réalités de la politique internationale du moment en pleine mutation, devraient pouvoir éclipser, pensent justement des politologues africains. Nous osons tout simplement croire qu’ils seront entendus et suivis par les décideurs politiques du continent.
Moussa Ben Touré