De ces temps immémoriaux, parmi les grandes évolutions impulsées par l’homme, il y a, entre autres, la révolution du Néolithique avec la découverte de l’agriculture et de l’élevage, la révolution de Gutenberg, du nom de l’Allemand qui inventa l’imprimerie, la révolution industrielle née avec l’invention de la machine à vapeur, l’apparition de la radio, de la télévision puis de la télévision en couleur et plus tard l’avènement du numérique avec Internet et les Réseaux sociaux.
Alors que nous en étions là, fascinés par les possibilités prodigieuses et les bouleversements de ce qu’on appelle Web 2.0 sur nos sociétés, nous voilà précipités dans l’ère de l’intelligence artificielle.
Désormais donc, l’être humain n’a plus le monopole de la faculté de connaître ou de comprendre. L’homme créa alors la machine intelligente et de la machine intelligente dépendra l’avenir de l’homme. Tant dans sa conception que, déjà, dans ses applications, l’intelligence artificielle offre une foultitude d’alternatives à l’intervention directe humaine.
De la santé au divertissement en passant par l’éducation, le transport, la finance, l’énergie, l’environnement, les médias, la gestion des ressources humaines, et nous en passons, l’I.A., comme on la désigne, impacte(ra) toute notre existence.
Comme toutes les autres révolutions, celle des algorithmes véhicule sa part d’opportunités, de progrès, d’espoirs, mais hélas de craintes aussi.
C’est donc pour définir des garde-fous éthiques dans l’usage de ce nec plus ultra de la technologie que se tient depuis hier lundi 10 février 2025 à Paris le Sommet international pour l’action sur l’intelligence artificielle.
Deux jours durant, chefs d’Etat et gouvernement, fine crème des GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) et personnalités internationales vont réfléchir sur plusieurs sujet ad hoc comme « l’I.A au service de l’avenir du travail », « les cyberattaques et la désinformation », « la gouvernance de l’I.A » et « les risques de l’I.A ».
Si toutes les grandes puissances de la planète ont accouru à l’appel du président français, Emmanuel Macron, à l’instar des vice-présidents américain JD Vance et chinois Zhang Guoqing, des Premiers ministres canadien Justin Trudeau et indien Narendra Modi et du chancelier allemand, Olaf Scholz, c’est que l’intelligence artificielle suscite autant d’espérance que d’appréhensions.
Autant, par exemple, elle minimisera le temps de travail, les coûts de production et les risques d’imperfection, autant elle réduira le nombre d’emplois dans un monde déjà confronté à l’explosion du chômage.
Tout dépendra donc si, oui ou nous, individuellement et collectivement, nous parviendrons à dompter ce qui apparaît comme le monstre technologique de Frankenstein pour qu’il n’échappe pas à son créateur.
Dans cette ruée vers le Graal numérique, deux pays se détachent, l’un au coude-à-coude avec l’autre : les Etats-Unis d’Amérique avec ChatGPT, un modèle de langage artificiel développé par OpenAI et la Chine qui a réussi la prouesse technologique de mettre récemment sur le marché et à coût réduit DeepSeek, un agent conversationnel.
Il faut dire que l’initiative du Sommet de Paris traduit l’engagement des Européens à s’affranchir de leur dépendance vis-à-vis des deux géants du big data en faisant de l’Union européenne un leader de l’intelligence artificielle.
Car c’est connu, contrôler les données d’un Etat tiers, c’est contrôler son avenir.
Alors, et l’Afrique dans tout ça ?
Certes, le continent noir est présent à Paris à travers quelques délégations gouvernementales. Mais reconnaissons que le fossé qui le sépare des autres demeure abyssal, même si des pays comme le Rwanda, le Kenya, le Maroc et le Nigeria font figure de modèles assez avancés.
Il faut donc craindre que dans son ensemble, le Berceau de l’humanité, déjà en retard dans la course vers les technologies de pointe, ne rate le train de la révolution de l’intelligence artificielle.
C’est vrai, de nombreux autres défis, comme la lutte contre la pauvreté, la faim, l’analphabétisme, l’insécurité, les conflits et les effets du changement climatique occupent des places de choix dans nos politiques publiques.
Mais il ne faut pas perdre de vue les immenses possibilités qu’offre l’intelligence artificielle en matière de réponses à tous ces maux qui continuent d’assaillir l’Afrique.
Moteur de croissance de développement, la souveraineté technologique est aussi un formidable accélérateur vers la souveraineté politique et économique du continent. Car c’est connu, contrôler les données d’un Etat tiers, c’est contrôler son avenir.
Alors, ne ratons pas le coche.
Alain Saint Robespierre