Des arrêts-minutes ont été aménagés à titre expérimental par l’Autorité de la Mobilité urbaine dans le grand Abidjan (AMUGA), sur deux principaux axes routiers de la commune de Yopougon. Et cela, pour lutter contre les embouteillages et améliorer la mobilité urbaine. Mais plus d'un an après, les usagers ont encore du mal à les respecter.
« L’infrastructure a été livrée. Et ça fonctionne », a confié M. Amon Kouassi, sous-directeur des projets d’infrastructures à la mairie de Yopougon. Mais il y a encore un combat à mener, car les usagers ne respectent pas ces arrêts-minutes mis à leur disposition. Sur le terrain des faits ont confirmé ces déclarations du sous-directeur. En effet, le mercredi 29 janvier 2025, nous avons décidé de parcourir l’avenue Bel Air à pied à partir du carrefour sable. Les arrêts sont construits de part et d’autre de l’avenue, tout comme cela est fait pour les bus SOTRA. Sauf que, dans les faits, il y a une différence notable. En effet les minicars appelés communément gbaka n’ont pas encore rompu avec leur fâcheuse habitude d’embarquer les clients là où ils les trouvent. Tout au long de la voie, la tête haute, les yeux rivés vers les passants et le doigt constamment levé, les apprentis accrochés aux véhicules appellent les clients. Et ils les font monter et descendre, sans tenir compte des arrêts mis à leur disposition par l’AMUGA à cet effet. C’est à la vue des policiers affectés à la circulation qu’ils font l’effort de tenir compte de ces arrêts. Les taxis communaux appelés Woro woro, pour qui ces arrêts ont également été faits, ne les respectent pas non plus.
Les populations elles-mêmes ne cherchent pas toutes à se rendre à ces arrêts pour emprunter un véhicule. Au fur et à mesure que nous avançons, nous constatons également que des arrêts sont anormalement occupés par des véhicules personnels. Les propriétaires les stationnement à ces endroits, pourtant bien marqués par des panneaux et des bandes blanches au sol, pour aller vaquer à leurs occupations.
C’est compliqué de respecter les arrêts
« C’est très compliqué de suivre ces arrêts », a confié Madou (nom d’emprunt), un chauffeur de minicars. Nous l’avons trouvé à un des arrêts minutes. Il attendait son collègue. Il a fait savoir que la mesure était comme une contrainte pour eux. Car les c Quand lients ne viennent pas toujours à l’arrêt. Cela complique leur travail. « Quand les populations comprendront qu’il faut venir à l’arrêt alors, il sera facile pour nous de respecter ces dispositions là », a-t-il laisser entendre.
Pendant ce temps, des gbaka continuaient de charger à une station service, non loin de l’arrêt. Selon le chauffeur, ils ont l’habitude de stationner à cet endroit pour charger leur véhicule. Ce qu’on leur interdit à présent alors que les clients y sont habitués. Une dame, l’air très pressé, attendait un taxis communal à un carrefour avec son enfant. « Je suis pressée », a-t-elle lancé quand nous avons voulu savoir pourquoi elle ne se rend pas à l’arrêt. Après ces mots, elle a arrêté le premier taxis qui est arrivé à son niveau et s’y est engouffrée aussitôt.
Des actions de sensibilisation menées
Les usagers continuent de négliger les arrêts. M Amon Kouassi révèle qu’il les interpelle pourtant sur le fait. Quand il constate qu’un véhicule personnel est stationné à un de ces arrêts, il interpelle le propriétaire ou saisie la police quand il le peut .« Il y a même eu une caravane pour informer et sensibiliser les populations au respect de ces arrêts », a confié le sous-directeur des projets d’infrastructures. Il a également précisé qu’il y a eu un groupe de travail composé notamment des acteurs du transport et de la police avec qui les arrêts minutes ont été déterminés. Des points stratégiques ont été choisis pour y aménager ces arrêts. Ce sont notamment des endroits où les chauffeurs chargent traditionnellement leur véhicules. A ces arrêts, le problème ne se pose pas assez. Mais en dehors de ces points habituels, ils ne respectent pas les autres arrêts et marquent des arrêts aux endroits où le client se trouve.
180 arrêts minutes prévus
Malgré nos efforts, nous n’avons pas pu rencontrer des responsables de l’AMUGA, pour plus de détails sur le projet des arrêts minutes. Il faut retenir toutefois que ces arrêts construits sur deux principaux axes routiers de la commune de Yopougon, l’avenue Bel air et l’axe Siporex-palais de justice, symbolisent la phase pilote du projet. Ces infrastructures ont été mises en service le 11 avril 2023. Lors de la présentation de son bilan 2024, Romain Kouakou, directeur général de l’AMUGA a annoncé des projets pour 2025, parmi lesquels il y a le projet Abidjan inter modalité (AIM). Ce projet prévoit notamment la construction de 180 arrêts minutes. Une publication du site d’AMUGA indique que les arrêts minutes seront construits sur le boulevard Alassane Ouattara, la voie Caterpillar - Siporex - Mossikro -Quatrième Pont, la route du Zoo et l’autoroute de Bassam. M. Fanny Djan, directeur de la Contractualisation et de Suivi des Exploitations (DCSE) a déclaré, toujours selon cette même publication, que le projet pilote de Yopougon permettra de comprendre le fonctionnement des arrêts minutes et d’apporter les corrections nécessaires en vue d’améliorer la circulation à Abidjan. En tout cas pour l’heure, ni les transporteurs concernés, ni les passagers qu’ils embarquent ne se tiennent à ces arrêts minutes.
Diomandé Karamoko