Fondateur du journal Ivoir'Hebdo et ancien collaborateur de Jeune Afrique et Le Nouveau Réveil, André Silver Konan partage son expérience avec Lebanco.net. Entre souvenirs de la crise postélectorale et apprentissage de la monétisation des médias, il évoque des moments de journalisme intense, d’engagement patriotique, et des pistes d’amélioration pour le site.
Quelles étaient les conditions de votre collaboration avec Lebanco.net ?
Les conditions de ma collaboration avec Lebanco.net étaient les plus simples possibles. Elles étaient basées sur le respect que j’avais pour un aîné, Lucien Pouamon, qui m’avait sollicité alors que j’étais très jeune journaliste. C’était au moment de la fondation du site. Il venait de le créer et avait besoin de quelqu’un à Abidjan pour lui transmettre des informations.
Sauf erreur de ma part, j’ai été le premier à collaborer avec lui, et j’ai même engagé deux autres journalistes pour renforcer l’équipe. Ils m’envoyaient des informations que je transmettais ensuite à Lucien. Cette collaboration reposait sur la fraternité et le respect pour cet aîné que j’admirais. Pour moi, Lucien Pouamon était un modèle de réussite.
Quels souvenirs gardez-vous de cette collaboration ?
Le grand souvenir que je garde des débuts est lié à la crise postélectorale, deux ou trois ans après le lancement du site. C’était une période marquante pour le journalisme en Côte d’Ivoire. Je me souviens de mes épîtres adressées au président Laurent Gbagbo. Ces moments étaient empreints d’un fort engagement citoyen et patriotique.
À cette époque, la compromission n’était pas permise, et le silence était proscrit. Il fallait prendre position et assumer ses choix, avec toutes les conséquences possibles. Mes écrits et mes prises de position dans des débats télé m’ont valu des menaces sérieuses. J’ai échappé à deux tentatives d’enlèvement dans la même journée. Cette situation m’a poussé à m’exiler au Ghana, d’où je continuais mes publications jusqu’au 11 avril 2011.
Ces moments furent à la fois des instants de grand journalisme et de profondes souffrances morales, car la Côte d’Ivoire vivait des heures sombres. Notre pays était balafré, défiguré, meurtri, blessé, et violé, ce qui me déchirait profondément.
Quelle est votre appréciation de l’évolution de Lebanco.net ?
Le site a considérablement évolué. Je sais que Lucien Pouamon est quelqu’un qui cherche toujours à développer et à améliorer son œuvre. Aujourd’hui, Lebanco.net est devenu un site professionnel et axé sur le développement numérique. Ce n’est plus le même site qu’à ses débuts.
Pour l’anecdote, c’est Lucien qui m’a appris qu’un site pouvait être monétisé. Cette expérience m’a beaucoup servi lorsque j’ai fondé mes propres médias. Le premier Lebanco.net était brut, mais aujourd’hui, il est beaucoup plus abouti et sophistiqué.
Quels conseils donneriez-vous pour améliorer davantage le site ?
Je pense qu’il serait pertinent d’assurer un traitement plus diligent des sujets d’actualité politique, économique et sociale. Il faudrait également proposer un meilleur décryptage de ces sujets pour offrir davantage de profondeur aux lecteurs.
Entretien réalisé par Marina Kouakou
