Une poussière de ciment survole quotidiennement le quartier résidentiel 05 de Koumassi, une commune abidjanaise. Dans ce quartier, les habitants sont exposés aux nuisances sonores d’une cimenterie et au danger de l’inhalation du clinker du ciment. Ils nous expriment leur calvaire.
« On ne peut plus dormir à cause de cette cimenterie qui est venue nous trouver ici. Tous les jours, il y a des bruits et des détonations. On ne comprend pas comment une telle usine peut avoir l’autorisation de s’installer dans un quartier résidentiel », s’interroge désespérément A.C.
« J’ai subi une opération chirurgicale à cause du ciment que nous aspirons »
Pire que les nuisances sonores de la cimenterie, les résidents respirent un air pollué par le clinker du ciment nuisible pour la santé. « J’ai subi une opération chirurgicale à cause du ciment que nous aspirons », nous dit une mère. Elle tente, avec colère, de nous montrer les cicatrices de son opération. « Non seulement on n’arrive pas à dormir, mais cette cimenterie nous empoisonne. Il n’y a pas longtemps, l’une de nos voisines est décédée d’une cirrhose de foie. On aura beau couvrir nos nourritures, il y aura forcément du ciment dedans. Tout le monde est malade. Malgré cela, aucun responsable de la société n’est voir comment on vit ici ».
L'une des commerçantes qui a fermé son magasin nous montre des vêtements en vente détruits par le ciment et nous parle de sa santé altérée.
Les petits commerces installés dans le quartier ne marchent plus. Les commerçantes accusent la poussière du ciment. « Voici mon salon de coiffure. Les clientes ne viennent plus parce qu’elles aspirent du ciment. Quand les camions sortent avec du ciment, ça se verse sur le bitume. Dès qu’un véhicule passe, la poussière du ciment s’envole partout. Je suis obligée de nettoyer mes marchandises et mon salon tout le temps. Ma sœur qui vendait des habits a fermé son magasin à cause de la poussière. C’est ce que nous vivons », nous décrit la gérante du salon.
A notre passage, nous avons constaté que, de temps en temps, les responsables de la société versent de l’eau sur le bitume pour dissiper la poussière du ciment. Cette mesure est insuffisante pour adoucir le calvaire des habitants qui ont formé un collectif pour protester auprès des autorités. Mais rien n’a abouti, à en croire Papa M.
Une pétition signée en 2023
« Nous avons interpellé les responsables de la société en vain. Après notre pétition signée en 2023, les représentants du Ministère de l’Industrie et les autorités municipales sont venus inspecter la société. Donc, nous croyions à la fermeture de la société. Hélas, rien pour l’instant. »
« En octobre dernier, un engin y a explosé. Le ciment s’est déversé partout. Des commerçantes impactées par l’incident ont été dédommagées par la société. Ils brandissent cela comme preuve de dédommagement. Non, ça n'a rien à avoir avec les dommages que nous vivons quotidiennement. D’ailleurs, nous ne voulons pas de dédommagement. Nous voulons simplement que la société soit délocalisée ailleurs », énonce-t-il.
Selon les riverains, l’espace de la cimenterie était anciennement exploité par un opérateur économique qui fabriquait des briques. Ce dernier a cédé le lieu, autour de 2020, à son frère qui y a implanté la cimenterie dénommée Israa-Béton. Lorsque nous avons voulu rencontrer ses responsables, le vigile n’a pas accédé à notre demande.
Moussa I. Koné
-
COMMENTAIRES
PLUS D'ARTICLES
-
Côte d’Ivoire – États-Unis : Euphrasie Kouassi Yao présente les acquis en matière de genre
-
Contribution à la victoire sur le nazisme : L’Afrique payée en monnaie de singe
-
A l’Institut international d’agriculture tropicale : des variétés améliorées de manioc, riz, maïs, igname, bananes, soja…
-
Côte d'Ivoire. Présidentielle 2025 : Les 12 nouveaux Districts non concernés pour le parrainage des candidats
-
Côte d’Ivoire . Les condoléances du couple présidentiel au ministre Adjoumani
-
Droits. « En tant que travailleurs, nous ne sommes pas des esclaves » (Coumba Diop, OIT)
-
Côte d'Ivoire. Élection présidentielle. « Nous ne voulons plus de veuves et de déplacés » (ONG )
-
Succession du Pape François : Quelles chances pour l’Afrique ?
-
Mercedes-Benz 600 Pullman : une automobile d’histoire pour un serment de rupture
-
Le Vice-Président de la République a inauguré l’Agence Auxiliaire de la BCEAO à Odienné
-
Sécurité routière : Livreurs et coursiers à motos, interdits sur le boulevard Félix Houphouët-Boigny
-
Oligui Nguema attendu au pied du mur
-
Talk-show de Rajoelina : plus de show que de talk
-
USA-Loterie de la Carte verte 2026 : les résultats sont disponibles
-
Les Ambassades et Consulats généraux de la Côte d’Ivoire dans la zone Amérique renforcent les capacités de leurs services consulaires
-
Mali : La classe politique dit « non à la dérive autoritaire »
-
Côte d'Ivoire. La handballeuse Halima Traoré immortalisée par une biographie
-
Gabon : Fin de mission pour le CTRI
-
Tribunal du Plateau : 12 jours de prison, pour un coup de bâton administré à son compatriote
-
Investiture du président gabonais : Oligui Nguema face à ses nombreux défis
-
Libération de Assi Ghislain, prime aux enseignants... : Robert Beugré Mambé accepte d'être l'avocat des travailleurs
-
Google se rapproche des professionnels de la presse en ligne de Côte d’Ivoire
-
Côte d’Ivoire. Avant l’élection présidentielle :Le parti de Ouattara s'organise pour son congrès le 20 et 21 juin
-
Côte d'Ivoire. 30 000 festivaliers autour du balafon à Boundiali (interview avec Koné Dodo)
-
Je demande aux Ivoiriens et aux Ivoiriennes de se mobiliser pour maintenir le climat de paix qui prévaut dans notre pays (Cissé Bacongo)
-
Trump accuse des médias américains d’être «malades» après des sondages défavorables
-
Assimi Goïta plébiscité : vers une nouvelle République sans partis ?
-
Front uni contre Emballo en Guinée-Bissau : L’opposition réussira-t-elle son pari ?
-
Côte d’Ivoire. Brice Nguema invite Ouattara à sa cérémonie de prestation de serment
-
Côte d'Ivoire. Précision : « Tidjane Thiam est Ivoirien d'origine » (ministère de la Justice)
-