Ni l’attente, ni le froid, ni la pluie se transformant doucement en neige n’allaient empêcher Michelle Parker d’assister au « Rassemblement de la victoire » des partisans de Donald Trump, dimanche, à Washington.
« Ce n’est pas mon premier. Ce ne sera pas mon dernier », a assuré la jeune femme, venue du nord de la Virginie pour témoigner de « ce moment historique » qu’est le retour du populiste à la Maison-Blanche cette semaine. « Je suis tellement excitée par cette nouvelle présidence, par ce deuxième mandat que le peuple lui a confié et extrêmement heureuse de voir l’ancien gouvernement enfin quitter le pouvoir. »
Comme elle, des milliers de républicains et d’électeurs de Donald Trump ont convergé dimanche, très tôt dans la journée, vers la capitale américaine pour célébrer une nouvelle fois sa victoire, lors d’un grand happening organisé à l’Arena Capital One. L’événement a précédé d’une journée l’assermentation officielle, lundi à 12 h, du futur occupant de la Maison-Blanche.
« Cela ne se produit qu’une fois dans une vie, de pouvoir témoigner du retour d’un président après qu’il a perdu le pouvoir au terme d’un premier mandat, a résumé Reese, un gars de l’Alabama en file avec sa femme et ses trois filles pour franchir le lourd dispositif de sécurité mis en place autour du bâtiment où s’est tenu le « Make America Great Again Victory Rally ». Donald Trump y a pris la parole. C’est la première fois que le républicain se retrouvait ainsi devant une foule à Washington, et ce, depuis son appel au renversement des résultats de l’élection de 2020, le 6 janvier 2021. La chose avait déclenché une émeute et une insurrection contre le cœur du pouvoir législatif américain.
« Demain, à 12 h, le rideau va tomber sur quatre années de déclin de l’Amérique, a-t-il dit. Une fois pour toutes, nous allons mettre fin au règne de l’establishment politique à Washington et ses échecs. »
Originaire de l’Alabama, Reese est venu en famille célébrer le retour de Trump à la Maison-Blanche. «C’est quelque chose dont on va se souvenir toute notre vie», dit-il.
Point d’orgue des cérémonies de la passation de pouvoir entre Joe Biden et Donald Trump, le Rassemblement de la victoire a fait défiler sur scène des dizaines de fidèles et de proches du prochain président venu célébrer son retour en force à la Maison-Blanche et, surtout, le programme politique qu’il a promis de mettre en place, dès les premières heures de son deuxième mandat.
Tout en répétant depuis des mois son intention de faire entrer le pays dans « un nouvel âge d’or », le républicain a annoncé qu’il allait, dès les premières heures de son second mandat, s’attaquer aux grandes questions qui ont rythmé sa campagne électorale, comme l’immigration, le contrôle des frontières, la reprise économique, la mise au rancart des politiques sociales et environnementales de son prédécesseur…
« C’est un retour aux belles années du passé, s’est réjoui Gerardo Diaz, entrepreneur en électricité de Porto Rico, venu spécialement de son territoire pour assister avec sa fille, Laura, à l’assermentation du nouveau président. Le gouvernement Biden a tué mon entreprise. Celui de Donald Trump va lui redonner sa grandeur d’avant. Nous venons de traverser une période sombre de notre histoire. Avec lui, je vois l’avenir de manière plus lumineuse. Il est la lumière au bout du tunnel. »
Garder la foi
Dimanche, à la veille de son départ, Joe Biden a appelé les Américains à garder « la foi » dans leur pays et dans la démocratie, lors de son dernier déplacement officiel en tant que président. Il s’est rendu dans la cité historique de Charleston, en Caroline du Sud, à la rencontre de la communauté noire, sur laquelle son camp comptait en novembre dernier pour se maintenir au pouvoir. En vain.
Et la foi des démocrates est désormais ébranlée.
« Nous allons la garder bien vivante, mais je suis préoccupée », a dit samedi dernier, Debbie Dalke, professeure du collégial à la retraite venue de l’Ohio uniquement pour exprimer ses craintes concernant le retour de Donald Trump. Des milliers de progressistes s’étaient donné rendez-vous dans la capitale pour une Marche du Peuple visant à rappeler au populiste que, malgré sa victoire, l’opposition est toujours vivante. « Ce qu’il dit sur les immigrants, les menaces qu’il fait planer sur le droit des femmes et des minorités, c’est très effrayant. On doit lui rappeler que nous vivons dans une démocratie, qu’il a été élu démocratiquement et qu’il ne peut pas se comporter comme un dictateur. »
Debbie Dalke, professeure du collégial à la retraite, tenait à faire entendre sa voix lors d’une manifestation dénonçant le retour de Trump au pouvoir, samedi à Washington.
Pamela Nybert, elle, avait inscrit les noms de ses enfants et de ses petits-enfants derrière sa pancarte rappelant quelques caractéristiques troublantes, selon elle, du prochain occupant du Bureau ovale : « criminel, raciste, bigot, violeur et menteur ». « Ma famille ne pouvait pas être là, mais elle est mon inspiration, a dit l’ex-fonctionnaire de la Californie. C’est pour eux que je me bats. Notre démocratie est en jeu et nous devons nous préparer à faire face aux nouvelles attaques de Donald Trump. Ce gars n’est pas fait pour être président et il va avoir encore plus de pouvoir. La Cour suprême lui a donné plus de pouvoir. Ces partisans fous vont se donner le droit de l’être davantage. Et le silence, face à tout ça, n’est pas une option. »
Le changement de garde est prévu à 12 h, lundi, lorsque Trump prêtera serment présidentiel dans la rotonde du bâtiment du Capitole. La cérémonie, d’ordinaire tenue à l’extérieur, a été déplacée au cœur de l’illustre bâtiment en raison des températures polaires annoncées dans la capitale américaine et, ironiquement, à l’endroit même où les insurgés ont frappé le 6 janvier 2021.
Fabien Deglise