Du bitume fortement dégradé, des creux comblés avec de la terre, transformés en boue. Voilà à quoi ressemblent certaines rues des communes d’Abobo, d’Adjamé et Anyama. Cette situation n’est pas sans conséquences sur l’état des véhicules.
Ce samedi 14 décembre 2024, nous sommes à Abobo. Sur la voie qui mène à la gare des minicars gbaka, les véhicules ont du mal à circuler. La raison est que la dégradation du bitume à ce niveau a occasionné un creux. Les nombreux véhicules de transport qui empruntent la voie, sont obligés de ralentir. Il arrive que certains voulant éviter le creux font des accrochages avec d’autres véhicules.
Une visite du côté du grand marché de la commune permet de constater que d’autres voies y sont aussi dans un état de dégradation avancée. L’une des rues qui longent ledit marché, est impraticable depuis de nombreuses années. Le bitume a disparu pour laisser place à la boue. Avec la démolition du marché, une partie de cette rue est transformée en marché de fortune par des vendeuses de vivriers. L’autre partie également dans le même état, est transformée en gare routière par les taxis communaux et autres véhicules de transport.
Un peu plus loin à la hauteur du commissariat de police du 14e arrondissement, un creux en plein milieu de la chaussée gène la circulation. A côté, des jeunes volontaires comblent certains trous avec du grava, afin de faciliter la circulation. Des chargements entiers de terre sont aussi déversés dans certaines rues pour combler les nombreux creux qui s’y trouvent. « C'est la société à charge de la construction du marché qui a déversé la terre dans ces rues », informe un riverain. Est-ce sur instruction de la mairie ? Nous n'avons pas pu joindre les services de la mairie afin de répondre à cette interrogation.
Dans la commune d’Adjamé, précisément au quartier Château et dans les environs de la cité RAN, la situation n’est guère différente. En dehors de la principale voie réhabilitée récemment et qui traverse le quartier, toutes les autres rues sont dans un état de dégradation avancée. Les pavés qui couvraient la plupart des rues ont disparu, créant ainsi une espèce d’escalier qui ne dit pas son nom. C’est le cas de la rue qui longe la cité. Cette voie qui faisait la fierté des riverains n’est plus qu’une suite de creux. L’on ne sent plus la moindre trace de bitume ni de pavé. Elle est couverte de flaques d’eaux en temps de pluies. Et devient un nid de poussière quand c’est la saison sèche.
La commune d’Anyama ne fait pas exception à la règle en matière de dégradation du bitume. « Cette voie a été bitumée il y a bien longtemps », fait savoir un habitant au quartier Poto. Pourtant cette route en question qui part de l’artère principale de la commune ne donne pas l'air d'avoir déjà reçu du bitume. Il ne reste que du gravier et la poussière parsemée de creux par endroit. Le seul élément visible qui témoigne de l'existence autre fois de goudron est le caniveau. En poursuivant notre visite dans la commune, c’est la même scène qui se présente à nous à bien d’autres niveaux. « En dehors de l’artère principale de la ville, nos quartiers n’ont plus de goudron », fait savoir Mariam une vendeuse. « Nous n’avons pas de goudron à Anyama ici », se plaint ce conducteur de tricycle.
Cette situation endommage les véhicules qui sont obligés d’abandonner certaines voies. « Ce n’est pas facile. Hier j’ai fait toute la journée au garage. A cause de l’état des routes nos véhicules tombent régulièrement en panne », explique le conducteur d’un taxi que nous avons emprunté à Abobo.
La faute aux riverains !
Les riverains sont en partie responsables de la dégradation des voies bitumées. C’est l’avis de bon nombre de personnes que nous avons interrogées. En effet, des ménagères, des restauratrices et autres personnes habitant dans les environs, n’hésitent pas à verser de l’eau usée sur la chaussée qui finit par se dégrader. « Si le bitume est dégradé c’est souvent la faute aux riverains. Parfois les rues sont aussi transformées en garage auto, alors que nous savons tous que l’huile de moteur usées, a un effet négatif sur le bitume », accuse Kevin. Agent commercial dans une entreprise de la place, il souhaite que les autorités veillent à ce que les mécaniciens n’utilisent plus la voie publique. La chaussée abrite aussi par endroits, des dépotoirs d’ordures qui finissent par dégrader le goudron, sous l’effet prolongé du lixiviat. C’est-à-dire ce liquide corrosif qui s’échappe des déchets organiques notamment, en putréfaction. Les conduites d’évacuation des eaux usées, se trouvent aussi obstruées par ces ordures.
Des voies réhabilitées
Quelques voies ont tout de même reçu ces dernières années des couches de bitume. A Adjamé des rues de certains quartiers comme celles du quartier fraternité, ont bénéficié de travaux de renforcement de leur bitume. Au quartier Banco 2 d’Abobo, certaines voies ont également vu leur goudron renforcé. Tout comme ces deux communes, certaines voies d’Anyama ont aussi été réhabilitées ou bitumées pour la première fois. Entre autres, l’on peut citer la route qui mène au quartier Cissé, celle de l’hôpital général. « Mais il reste encore beaucoup à faire », nous confient des habitants de ces communes que nous avons visitées. C’est un SOS qu’ils lancent aux pouvoirs publics, afin qu’ils pensent à réhabiliter leurs rues.
Diomandé Karamoko