A Abidjan, particulièrement dans la commune d’Adjamé, la circulation est devenue difficile, à cause des compagnies de transport installées de façon anarchique, en bordure de certaines grandes voies passantes. Dans cette commune, qui abrite le plus grand nombre de gares routières, mais également à Yopougon, ces compagnies qui rallient la ville d’Abidjan à celles de l’arrière-pays, possèdent pour certaines, des cars de plus en plus grands et imposants qui causent bien souvent, par leurs manœuvres, des désagréments dans la circulation.
Adjamé est la zone où se concentre la grande majorité des gares routières de la ville d’Abidjan. Ici, piétons et véhicules se disputent, au quotidien, le moindre passage laissé par les imposants cars des compagnies de transport. En effet, disposant de peu ou pas d’espace pour garer leurs cars, plusieurs compagnies chargent et déchargent leurs passagers sur les voies publiques, ce qui est préjudiciable à une circulation aisée des personnes et des véhicules. Idriss Bamba vit cette situation au quotidien. Chauffeur d’un minicar communément appelé "gbaka", c’est avec beaucoup de difficultés qu’il parvient à rouler sur le tronçon qui part du quartier « Liberté » jusqu’à l’autoroute d’Abobo. « Cela fait plus de cinq ans que je conduis sur cette route, et ç’a été toujours comme ça. Ces compagnies causent des embouteillages tout le temps, surtout quand leurs cars sont en train de sortir de leurs gares. On est obligé d’attendre qu’ils finissent leurs manœuvres avant de pouvoir passer ».
Une passagère d’un minicar se plaint en ces termes : « À cause des bouchons créés par ces cars, on peut parfois passer 10 minutes assis dans la chaleur, envahi par la cacophonie des klaxons. C’est vraiment énervant, surtout après une longue journée de travail ».
« Un gbaka m’a poussée par derrière… »
Installées parfois à quelques mètres des routes, des compagnies de transport garent leurs cars sur l’espace public, réduisant du coup le passage aux autres véhicules, ainsi qu’aux piétons. L’installation de ces compagnies aux abords des voies principales suscite de véritables problèmes de fluidité routière et peuvent provoquer parfois des incidents, comme le témoigne Cissé Bintou, vendeuse de boissons rafraîchissantes. Elle qui vend tous les jours en se faufilant au milieu des cars, des gbakas et autres véhicules particuliers, a failli se faire écraser un jour par un minicar. « Je vendais tranquillement sur la route et un gbaka m’a poussée par derrière. Je suis tombée avec toute ma marchandise et j’ai été blessée au bras ». Bintou explique qu’en fait, le chauffeur du véhicule effectuait une marche arrière dans l’urgence, parce que devant lui se trouvait le car d’une des compagnies installées le long de la rue en face de l’immeuble "Mirador". Ce car avait barré la voie de tout son long, en essayant de tourner pour rentrer dans la gare. Tous les autres véhicules aux alentours étaient obligés de reculer pour lui laisser toute la place, en vue de faire sa manœuvre.
Outre ces grandes compagnies, il y a d’autres transporteurs qui eux ne disposent pas du tout de gare routière, mais font du "ramassage" des passagers directement sur les routes. Ils sont aussi à l’origine des perturbations de la circulation sur les voies publiques.
Mais il n’y a pas qu’à Adjamé où l’on déplore cet état de faits. A Yopougon, précisément à la rue Princesse, se trouvent des compagnies de transport installées à proximité de la voie publique. Il arrive fréquemment que de simples ralentissements se transforment subitement en bouchons pouvant durer plusieurs minutes, lorsque les cars doivent rentrer ou sortir de la gare.
« Parfois on se demande ce qu’il adviendrait, si une ambulance transportant un malade venait à passer par ici, juste au moment où un car en pleine manœuvre, bloque la circulation ? » s’interroge M. Ettien Marcel, un habitant du quartier.
Face à tous ces constats, nous avons essayé de rencontrer quelques-unes de ces compagnies afin qu’elles nous disent, ce qui pourrait expliquer leur présence à ces endroits où, quotidiennement, les différents déplacements de leurs mastodontes compliquent la circulation. Nos interlocuteurs, visiblement gênés par notre initiative, ont refusé de livrer une quelconque information à ce sujet.
Alors nous nous sommes rendus au siège du Syndicat national des Transporteurs terrestres (SNTT) pour essayer de savoir s’ils interviennent dans le choix des lieux d’aménagement des gares de ces compagnies de transport. En guise de refus poli, il nous a été demandé de revenir un autre jour avec la promesse de nous recontacter, lorsque l’interlocuteur autorisé à nous répondre sera disponible.
L’article 7 des conditions d’exploitation et de gestion des gares routières publiques et privées précise ceci : « Toute gare routière doit être spécialement aménagée, équipée et présenter des infrastructures pouvant offrir aux passagers et usagers, notamment, des services de santé, d’hygiène, de vente de tickets… »
Les structures ci-dessus mentionnées doivent comprendre au minimum : une salle d’attente équipée de places assises pour clients, pouvant contenir au moins cent personnes ; une aire de stationnement de véhicules ; un parking pour visiteurs d’une capacité de cinq véhicules au moins…
En outre, les services techniques du ministère chargé du transport routier exercent un "droit de contrôle" sur les constructions, l’entretien et l’exploitation des gares routières publiques, ou privées. Aucune de ces dispositions n’est respectée par ces gares de fortune. Et l’on laisse faire, tout simplement.
Marie-Claude N’da