A Vitré 2, localité du département de Grand-Bassam, la terreur a un nom : Ange. Après une première comparution devant le tribunal des flagrants délits de Grand-Bassam le 24 avril 2024, pour « voie de faits, coups et blessures volontaires », il s’est présenté à nouveau à la barre le 14 novembre dernier. En plus des faits qui lui étaient reprochés lors de sa première comparution, les plaignants - dont son oncle et certains notables du village - lui en veulent d’avoir mis en mission des loubards qui ont saccagé des domiciles privés et occasionné des blessures graves.
Quel différend oppose donc Ange et les notables de Vitré II, au point qu’il se conduise aussi violemment à leur égard ? La plupart des personnes présentes à l’audience du 14 novembre dernier ont dû se poser cette question lancinante. La réponse à la question n’a pas tardé à venir. De fait, Ange se présente comme le président des jeunes de Vitré 2. A ce titre, il revendique un rôle déterminant, dans tout ce qui concerne la gestion des affaires du village. A commencer par la gestion des questions relevant du foncier rural. Or, Ange sait bien que son titre de Président des jeunes ne lui donne aucun droit de siéger avec les notables du village. Et ça, L’homme a dû mal à le comprendre et à l’accepter.
Début novembre 2024, le président des jeunes de Vitré 2 est informé de ce que les notables les plus influents du village-dont son oncle maternel, doivent se retrouver au domicile de ce dernier, pour délibérer sur des questions brûlantes de l’heure. Ange qui était déjà en proie à une certaine frustration, espère qu’il sera invité à prendre part à cette importante rencontre. Ne voyant pas venir cette invitation, il décide de se rendre sur les lieux, pour se faire entendre. Mais avant, il avait pris soin de positionner des loubards à sa solde non loin du domicile où devait se tenir la réunion. C’étaient des « gros bras », prêts à exécuter les ordres donnés par « Monsieur le Président ». Une fois sur place, Ange se verra intimer l’ordre de quitter les lieux immédiatement. C’est alors que son sang ne fera qu’un tour.
La suite sera très douloureuse pour les participants à la réunion. Sur ordre du président des jeunes, les loubards entrent en scène. Ils s’attaquent d’abord au domicile où se tenait la réunion, avant de s’en prendre violemment aux notables présents pour la circonstance. Au cours de cette violente bagarre, des armes blanches qui font très mal, ont été utilisées : machettes, couteaux, barres de fer et autres instruments contondants. Du sang a coulé et on a frôlé le pire pendant ces échauffourées.
Le 14 novembre 2024, le prévenu était le seul à la barre du Tribunal des flagrants délits, pour répondre des faits graves qui lui sont reprochés. Comme si les exécutants de ses basses besognes avaient choisi de lâcher leur commanditaire. Il n’y avait à ses côtés ni complices, ni coauteurs, ni témoins à décharge. Prenant la parole, l’avocat de la partie civile n’a pas raté l’occasion de recadrer le prévenu : « Ton titre de Président des jeunes ne te donne pas le droit de revendiquer un poste de notable. Tu ne peux pas te prévaloir du titre de Président des jeunes pour commettre des actes aussi graves. Il faut que cela soit clair dans ton esprit. Force doit rester à la loi. Pas à un individu. »
Certes des images de vidéos ont été visionnées par le Tribunal pendant l’audience. Ces images soulignent la violence et la barbarie des actes posés par les loubards commis par Ange. Seulement, aucune image compromettante n’a pu établir l’implication personnelle du mis en cause dans cette affaire. Ce qui fera dire au procureur de la République que la matérialité des faits reprochés au prévenu n'a pas été clairement établie. Ce qui n’empêchera le président du Tribunal, de lui lancer cet avertissement sévère : « La prochaine fois que te reverrai ici, je frapperai très fort. »
Une chronique de Mory-Frey Touré