Il faut saluer l’esprit fairplay des vaincus qui ont reconnu leur défaite sans tarder ni formuler la moindre contestation de la victoire de Sonko. Ils ont tous d’ailleurs, sans fausse honte, félicité le vainqueur, Sonko. Ils ont été dans l’air du temps, en respectant la tradition démocratique dorénavant chez nous. Tradition démocratique qui voudrait que le vaincu félicite le vainqueur aussitôt. Ce que le monde entier nous reconnaît, envie actuellement à travers l’Afrique. Ainsi, hormis, quelques incidents et violences qui ont émaillé la campagne et que quelques brebis galeuses ont provoqué, le scrutin s’est déroulé globalement dans le calme, comme d’habitude. Il faut donc féliciter le peuple sénégalais pour sa maturité et son sens des responsabilités au cours de ses élections.
À des législatives anticipées, Ousmane Sonko est le véritable et seul vainqueur incontesté de ces élections grâce à son charisme et non son programme.
En vérité, c’est Ousmane Sonko, le Pastef. Oui, véritablement, ceux qui ont voté pour pastef, sont des gens attachés à la personne de Sonko et non au Parti Pastef. Objectivement, cette large victoire de pastef revient entièrement, à Sonko, c’est indéniable. Car, Sonko, par son charisme personnifie le Pastef tout entier et, hors de lui, le pastef n’existe pas. Donc, cette victoire, c’est un mérite qui lui revient personnellement et non à personne d’autre même pas au pastef, en tant que parti. Et, je parie que, si l’on opposait dans une compétition, Sonko à Pastef, Sonko le battrait, sans aucun doute, à plate couture. En toute objectivité et sincérité, le populisme a conquis la majorité des électeurs sénégalais. Donc, il faut reconnaître et accepter, que cette large victoire de Sonko exprime la volonté qu'une majorité d'électeurs a, démocratiquement et volontairement, décidé de confier à Sonko les destinées de notre assemblée nationale à travers Pastef. C’est aussi, la confirmation logique des 54% de la présidentielle de mars dernier. Alors, j’ose espérer que, Ousmane Sonko et Pastef feront, de leur victoire exceptionnelle, une bonne, juste et intelligible lecture. Une lecture qui leur servira de boussole pour conduire les affaires du pays à bon port, à la satisfaction du peuple sénégalais tout entier, sans aucune discrimination. Et ce, comme l’exige la Constitution, en respectant tous les droits et libertés inaliénables des citoyens. Je leur souhaite bonne chance pour la réussite de cette mission, ô combien honorable, c’est-à-dire servir loyalement, sa nation. Mais, cette victoire bien que, sans appel, ne signifierait point une carte blanche remise au pouvoir pour faire ce que bon leur semblerait. Les citoyens attendent de voir la concrétisation des promesses faites aux Sénégalais. C’est-à-dire, que le pouvoir se mette au travail sans tarder, pour répondre aux besoins essentiels et urgents des Sénégalais, en laissant de côté les polémiques puériles et les on-dit. Eh oui, quand on gagne aussi largement et avec éclat, l’on doit accepter de souffrir les critiques de son opposition. Car cette dernière est à désormais, renvoyée à son rôle d'opposant qui cherche les failles du pouvoir et les critiquer. Tandis que le pouvoir pat contre doit aller au charbon et à l’essentiel, pour obtenir des résultats probants.
C’est ainsi que fonctionne la démocratie dans une République qui se respecte et un État de droit. Surtout, lorsque votre pays est une exception reconnue en Afrique, en matière de démocratie. Ce qui est un acquis capital inestimable à préserver à tout prix, comme l’a si bien réitéré, le Président Diomaye Faye, dimanche après son vote.
Mais, ces élections législatives nous montrent aussi, fondamentalement et de manière irréfutable, la mort certaine, des partis politiques traditionnels au Sénégal. Puisque, certains d’entre eux n’existent que de nom et en outre, ils ne brillent et ne représentent plus, que leur ombre. Ces derniers, en dehors de leur manque de leaders charismatiques, ne disposent plus de militants formés et de cadres politiques, capables d’animer comme avant des conférences et débats publics sur divers thèmes sociaux et politiques de haute facture. Plusieurs partis sont en hibernation ou sommeil en période non électorale. Beaucoup de ces partis politiques ne mènent plus, aucune activité d’éducation ou de formation politique à l’intention de leurs militants ni animation politique publique, par exemple des conférences publiques sur des sujets d’intérêt national. Ou bien en direction des jeunes étudiants pour leur formation politique ou des populations en général. Ces formations politiques en hibernation ou en vacances permanentes, ne se réveillent qu’à la veille de consultations électorales. Et s’agissant des élections, les Partis politiques n’y vont plus sous leur propre bannière, comme Sonko l’a fait cette fois-ci.
Pourtant, la raison d’être des partis politiques, c’est de concourir au suffrage universel pour accéder au pouvoir. Mais voici quelques décennies que, cette raison d’être des Partis politiques n’est plus observée, ni mise ni vigueur. Maintenant, les Partis politiques, en lieu et place de participer à des compétitions électorales, ils créent des coalitions électorales, constituées de partis politiques et d’individus opportunistes, en « soupou kandia » c’est-à-dire en un mélange contre nature, pour juste une élection imminente. L’objectif, de ces coalitions de partis et d’individualité, constituées au gré du vent et à la va vite, est une sorte de tontine mise en place par d'opportunistes politiciens en mal de succès et des membres qui se disent de la société civile, pour uniquement se faire élire et, en vue du partage du gâteau ultérieurement.
C’est maintenant, l’ère de la transhumance à outrance des individus vers des prairies plus touffues et vertes. Ainsi, les honnêtes citoyens qui évoquent et convoquent des convictions, idéologies et de fidélité, sont considérés comme des fous ou même extra-terrestres. Au regard, de ce constat succinct mais avéré sur les partis politiques, il urge de procéder maintenant à des réformes audacieuses, pour leur rationalisation, fonctionnement et le respect de leur statut, selon les lois en vigueur au Sénégal. Il est temps de revoir, globalement et fondamentalement, la loi sur les associations et le respect scrupuleux de celles-ci de la règlementation en vigueur. Nous avons plus de 400 partis et mouvements politiques, mais la plupart d’entre eux, pour ne pas dire l’écrasante majorité de ces partis, n’ont jamais pris part à aucune élection ni locale, ni régionale à plus forte raison nationale, depuis leur création.
Alors, il est hors de question d’envisager, le financement des partis politique, sans une réglementation stricte et rationalisation des Partis politiques. Il faut distinguer et savoir qu’une pléthore de partis politiques ne signifie pas la démocratie dans un pays et, cela ne signifie nullement aussi, que c’est un signe de vitalité démocratique, loin s’en faut.
Mandiaye Gaye