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L’Enquête du jeudi - Innovation. Des garbadromes à la sauce ivoirienne

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Longtemps tenue par des ressortissants nigériens, la vente de l’attiéké au poisson thon, appelé couramment garba, intéresse désormais bons nombres de jeunes Ivoiriens. Ces derniers, parmi lesquels on retrouve des étudiants, se sont investis dans ce business en y apportant des innovations . Notamment la propreté du cadre, la vente en ligne du garba, la livraison à domicile, la confection de gâteaux d’anniversaires faits de garba.etc

Plusieurs communes du district d’Abidjan abritent aujourd’hui des restaurants de garba ou l’attiéké au thon, appelés garbadromes, tenus par des Ivoiriens. Nous en avons rencontré dans les communes d’Adjamé, Bingerville, Cocody, Yopougon. A Adjamé, précisément dans le quartier de Williamsville, derrière la Cité universitaire, un garbadrome est géré par de jeunes Ivoiriens, depuis plus d’une dizaine d’années. Les propriétaires sont deux frères, selon le gérant Eddie Marc que nous avons trouvé sur le lieu

A Bingerville, dans les environs de la Mairie, se trouve un autre lieu de vente de cet attiéké au thon que les Ivoiriens aiment bien consommer. Si nous ne l’avons pas trouvé à son restaurant, des femmes ont témoigné que le jeune Kouassi a fait de ce business sa spécialité.

Yopougon, la plus vaste commune du pays abrite également un grand nombre de ces restaurants d’attiéké. Guédé Goré Toussaint et Kobenan Dorcas vivent de ce métier dans lequel ils se sont investis, il y a quelques mois, à Niangon Sud à gauche, terminus du bus 27. « Il y a d’autres garbadromes tenus par des Ivoiriens à Azito » a témoigné Dorcas, pour dire que dans la commune de Yopougon, la vente du garba n’est plus la chasse gardée des ressortissants nigériens. Doh Paterne et son collaborateur travaillent à Igarba qui signifie Ivoiregarba, un restaurant situé à la Riviera 3, dans la commune de Cocody, qui a pour spécialité le garba. Selon Kouakou Serges le manager, il Igarba est une chaîne de restaurants. Le fondateur Sidibé Mamadou possède d’autres restaurants de ce type à Angré et à l’aéroport international Félix Houphouët-Boigny de Port-Bouet.

Des étudiants propriétaires et gérants

Des étudiants s’intéressent de plus en plus au business du garba, comme nous avons pu le constater. Guédé Goré Toussaint et Kobénan Dorcas, sont tous les deux des étudiants. Le premier explique qu’il est étudiant en communication à l’université Félix Houphouët-Boigny. Après deux années d’études, il a tout arrêté pour s’investir dans la restauration avec pour spécialité le garba. « Pendant que j’allais encore à l’école, je faisais de petits métiers. Mais je me suis rendu compte que je ne pouvais pas suivre les deux à la fois. J’ai donc décidé d’arrêter les études, pour entreprendre une activité économique», explique-t-il. Alors il a décidé de se lancer dans la restauration. Il a donc ouvert un garbadrome. Et il compte s’investir totalement dans ce business pour l’agrandir.

Dorcas est en Master 2 de lettres modernes. Elle a choisi le secteur du garba parce qu’elle estime qu’il est important de l’occuper, puisque c’est un produit typiquement ivoirien. « Il faut que les jeunes Ivoiriens soient entreprenants. On a toujours de l’argent. On n’est pas obligé d’attendre la fin du mois », a-t-elle insisté. Elle estime que l’activité est rentable.

Marc, gérant de garbadrome à Williamsville est également étudiant. Il est tout aussi convaincu que ce secteur est porteur et veut s’y engager . « C’est la motivation. Ce restaurant est une motivation pour les Ivoiriens. C’est un mets purement ivoirien. Il faut le valoriser », a fait savoir Doh Paterne pour expliquer les raisons de son choix porté sur la restauration basée sur l'attiéké au thon. Après le baccalauréat, il a suivi une formation en électricité. Mais, cela ne l’a pas empêché de s’adonner à la vente du garba.

Un cadre propre

Ce qui frappe de prime abord, c’est la propreté des restaurants tenus par ces Ivoiriens. A Igarba, nous avons pu le constater. Sur la terrasse bien carrelé du restaurant, les clients qui veulent se restaurer à l’air libre peuvent le faire. Car l’espace et le dispositif mis en place le permettent. Il y a des tables à manger et des chaises. Les portes vitrées du restaurant laissent entrevoir un cadre enchanteur. Au premier niveau, se trouve l’accueil et la cuisine au fond. Au second niveau, se dresse la salle à manger propre et bien climatisée, où le client a également droit à la connexion wifi. Les prix des plats varient entre 2000 à 10 000 F CFA. « Cela a créé au début une polémique sur les réseaux sociaux. Car les gens n’ont pas compris l’esprit du fondateur. Ils disaient mais pourquoi on va payer garba à 2000 F CFA, 50 00 F CFA et 10 000 F CFA ? Mais quand ils ont découvert le cadre bien climatisé et y ont mangé, ils ont été satisfaits », fait savoir Kouakou Serges, le manager.

Guédé Toussaint et Kobenan Dorcas n’ont pas les mêmes moyens que le fondateur des restaurants Igarba. Mais le garbadrome qu’ils possèdent à Yopougon offre un minimum de propreté à leur clientèle. Ils prennent soin de bien nettoyer les meubles et d’offrir un cadre sain.

Commandes en ligne et gâteaux d’anniversaire

En choisissant de travailler dans le secteur du garba, les jeunes Ivoiriens lui ont apporté un plus. Outre la propreté du cadre qu’ils assurent à leur clientèle, ils innovent également avec les commandes en ligne. Les clients commandent des plats de garba chez Igarba via les plateformes Glovo et Yango. Et les livreurs viennent les récupérer pour les leur livrer. « Nous avons aussi nos lignes directes pour les commandes », indique le manager. Les poissons sont frits avec une friteuse. « On a mis un système en place qui fait qu’on se déplace avec notre friteuse moderne. On va dans les entreprises, à des mariages. On fait frire le thon sur place », confie-t-il. Ils ont ainsi décidé d’avoir leur propre identité, en apportant un plus à la vente du garba.

Bien d’autres restaurateurs ivoiriens ont aussi innové dans le commerce de l’attiéké consommé au thon. Kouassi fabrique des gâteaux d’anniversaire avec du garba et du thon, puis les livre à ses clients. Nous n’avons malheureusement pas pu le rencontrer. Mais les gâteaux qu’il présente sur les réseaux sociaux sont beaux à voir avec un décor assez particulier.


Des clients ministres, joueurs, ouvriers…


La clientèle de ces garbadromes tenus par des Ivoiriens est nombreuse et variée. Kouakou Serges explique ce qui a motivé Sidibé Mamadou à fonder Igarba. « C’est pour permettre à une certaine tranche de la population d’avoir accès au garba, dans un cadre propre. On a donc réfléchi. Et on s’est dit qu’il faut créer un cadre qui va permettre à tout le monde de pouvoir venir manger du garba », explique le manager. Selon lui, ses restaurants reçoivent des ministres, des joueurs, et autres personnalités. Ils reçoivent aussi des mécaniciens, des ouvriers dans un cadre propre climatisé. Plusieurs clients comme les frères Ismael et Hamed Coulibaly confirment qu’ils viennent régulièrement se restaurer à Igarba. Ils apprécient le cadre, le service et surtout les plats. Ils habitent le quartier.

Guédé Toussaint, que nous avons trouvé devant son garbadrome à Yopougon Niangon, a également confié que des habitants du quartier viennent commander du garba chez lui. Ils ne manquent pas de l’encourager dans son travail. Stéphane est l’un de ses clients. Il est régulier dans ce garbadrome. Il le motive régulièrement. Des passants et autres personnes méconnues de lui, y viennent également se restaurer.

Il convient donc de noter que la vente du garba peut nourrir son homme. Il suffit d’y mettre de la volonté. Une vérité que ces jeunes que nous avons pu interroger ont bien comprise.

Diomandé Karamoko








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