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L’Enquête du jeudi . Côte d’Ivoire. CMU- (1/2)- L’information passe mal

Publié le :

La couverture maladie universelle (CMU) initiée par les autorités ivoiriennes pour assurer à la population des soins de qualité à moindre coût, quel que soit le niveau de revenu de chacun, est en plein essor depuis octobre 2019. Les dispositions sont prises pour que les populations ayant déjà souscrit à cette assurance, en bénéficient dans les hôpitaux publics et puissent se procurer les médicaments dans les pharmacies. Dans la commune d’Abobo par contre, nombre de souscripteurs à la CMU se plaignent encore d’être mal informés sur ses avantages effectifs.

La CMU est, ce jour, une réalité dans les hôpitaux, comme nous avons pu le constater à l’hôpital général d’Anyama dans le district autonome d’Abidjan. Un bureau dédié à la CMU y accueille les détenteurs de cette assurance. Et c’est du reste la même disposition que l’on rencontre au sein de toutes les formations sanitaires publiques d’Abidjan, nous a-t-on rassuré. De plus, les maladies chroniques comme l’hypertension sont désormais couvertes par la CMU. « Si vous voulez une consultation, c’est possible », a indiqué la jeune dame que nous avons trouvée dans le bureau ce 1er octobre 2024. Mais rares sont les médicaments contre la tension qui passent sur la carte CMU. Ça va dépendre des médicaments qui seront prescrits au patient.

Plusieurs pharmacies acceptent aussi les bons de la CMU. Une visite dans quelques pharmacies nous a permis de nous en rendre compte.

Mais à Abobo deuxième plus grande commune du district d’Abidjan après Yopougon, s’ils sont nombreux à se faire enrôler pour l’obtention de la carte de la Couverture Maladie universelle (CMU), ils restent tout aussi légion ceux qui disent ne pas avoir une idée claire des avantages que peut leur procurer cette assurance initiée par l’Etat de Côte d’Ivoire. Mme Yao Elisabeth que nous avons rencontrée non loin de la place du grand marché d’Abobo a affirmé qu’elle a fait son enrôlement à la carte CMU. Et elle a reçu un message l’informant que cette carte est disponible. Elle s’était enrôlée une première fois sans obtenir sa carte. Cette fois a été la bonne pour elle. Raji un jeune commerçant et son ami ont également confié qu’ils sont déjà allés se faire enrôler à la mairie de la commune. Ils attendent leur carte CMU.

« J’ai même commencé à payer ma cotisation », a indiqué Mme Touré, vendeuse de fruit, tout comme Mme Keita Matinin qui a également sa carte CMU. « Un agent est passé nous faire enrôler ici », ont expliqué des personnes rencontrées non loin du lycée moderne d’Abobo dont Touré Drissa libraire. Mme Zouzoua Marie fait aussi partie des habitants de la commune Abobo qui ont également souscrit à cette assurance maladie universelle. Ils sont ainsi nombreux les habitants de cette commune à s’enrôler pour obtenir la carte CMU, comme le confirme ce commerçant. « Je suis allé à deux reprises à la mairie d’Abobo pour m’enrôler. Mais il y avait toujours du monde », a-t-il dit.

Ce constat de mobilisation des populations à se faire enrôler se ressent sur l’ensemble du pays. Selon les derniers chiffres du ministère de l’Emploi et de la Protection sociale (MEPS), « plus de 15 millions de personnes ont été enregistrées, soit plus de la moitié des habitants du pays », précise une publication de RTI.info du 9 octobre 2024. Ce qui correspond à 51% de la population ivoirienne.

Des personnes mal informées

La plupart des personnes rencontrées à Abobo ne détiennent pas toutes les bonnes informations concernant les avantages que procure l’obtention de la carte CMU. « On nous a dit de nous enrôler. Sinon, nos enfants n’iront pas à l’école », explque Mme Zouzoua Marie. Nous avons dû lui expliquer que la CMU est une assurance qui prend à charge 70% des frais d’hospitalisation, du coût des médicaments, etc. Et les 30% reviennent à la charge du patient.

« On nous a dit de nous enrôler et que ça va nous aider, sans aucune explication précise », a dit Mme Yao Elisabeth. Elle s’est donc enrôlée en pensant que c’est un simple document administratif qu’il faut avoir. « Il faut posséder cette carte afin d’obtenir facilement certains documents administratifs. Cela nous a motivé à nous enrôler. Les enfants doivent aller à l’école. On a besoin de papiers », a indiqué Touré Drissa. Même s’il déclare qu’il n’a pas été forcé à s’enrôler, il explique toutefois qu’il faut posséder cette carte CMU pour avoir les papiers.

Quelques-uns s’intéressent moins à la CMU comme cet homme la soixantaine révolue, toujours par ignorance des avantages qui en résultent . Il pensait que l’enrôlement à la carte CMU était payant. Certains se sont gardés de donner leurs points de vue sur la CMU parce qu’ils n’ont pas encore obtenu leur carte, alors qu’ils ont fait l’enrôlement. « Je ne sais pas ce que ça va donner », a fait savoir M Touré tout comme deux autres jeunes commerçants qui attendent leurs cartes CMU.

La CMU une réalité

La couverture maladie universelle est une réalité en Côte d’Ivoire. Des personnes malades ont effectivement été couvertes par cette assurance, notamment à Abobo comme le témoigne Mme Keita Matinin. « La CMU est une bonne chose pour nous. On espère que ça va durer. En tout cas les débuts sont bons », a-t-elle confirmé avant d’expliquer que l’une de ses camarades lui a confié que son papa a effectivement bénéficié des avantages de la CMU. Et c’est à partir du cas de son père que cette dernière a été convaincue que la CMU est une réalité.

Dans la plupart des pharmacies que nous avons sillonnées, les bons de la CMU passent. Des personnes interrogées ont toutefois confié que tous les médicaments ne passent pas sur le bon de la CMU comme elles l’auraient voulu.

En ce qui concerne les médicaments contre les maladies chroniques telles que l’hypertension et le diabète, ils sont dorénavant pris en compte. Mais l’on nous a demandé dans ces pharmacies, de nous rendre d’abord à l’hôpital. C’est une fois muni du bon délivré par l’hôpital que nous pouvons nous rendre par la suite à la pharmacie. C’est en fonction des médicaments prescrits sur le bon que le pharmacien peut nous servir.

Diomandé Karamoko







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