Avec sa fondation Children of Africa, son Fonds d’appui aux femmes de Côte d’Ivoire (FAFCI) et la gestion du Comité national de surveillance des actions de lutte contre la traite, l’exploitation et le travail des enfants (CNS), la Première Dame de Côte d’Ivoire est omniprésente dans la société ivoirienne à travers de multiples filets sociaux qui in fine font d’elle un atout-maître de l’action politique de son époux.
Malgré sa double culture franco-ivoirienne, Dominique Ouattara projette l’image traditionnelle d’une femme africaine. Durant les cérémonies officielles et privées, elle est toujours aux côtés d’Alassane Ouattara qu’elle accompagne dans toutes ses sorties à l’extérieur du pays. Depuis plus de trente ans, elle fait en effet partie du paysage ivoirien où on la reconnaît à ses complets maxi pagne qu’elle porte avec son goût du chic, du raffinement et de l’élégance.
Dominique Ouattara assume également son rôle de femme moderne puisqu’elle est fortement impliquée dans l’exécution du programme politique du président de la République qu’il soulage avec de nombreux filets sociaux tel que le Fonds d’appui aux femmes de Côte d’Ivoire (FACI). Créé en 2012, soit moins de deux ans après l’élection d’Alassane Ouattara, ce fonds doté d’un capital de 12 milliards de francs CFA a permis à quelque 200.000 femmes d’améliorer leurs revenus, de renforcer leurs capacités entrepreneuriales et d’assurer leur indépendance financière.
Une reconnaissance américaine
Ce fonds a d’ailleurs valu à la Première dame ivoirienne les félicitations de la Chambre de commerce américaine qui lui a décerné en mars 2016 le « U.S-Africa Business center Outstanding Leader’s Award ». Mais si la Première paraît si affutée, c’est parce qu’elle est dans l’humanitaire depuis de nombreuses années et, particulièrement, depuis qu’elle a créé la Fondation Children Of Africa en 1998 qui a pour but de venir en aide aux enfants africains déshérités.
La princesse italienne Ira de Fürstenberg en est la marraine. La fondation intervient dans 11 pays d’Afrique et particulièrement en Côte d’Ivoire. A ce jour, elle a permis à 324.700 enfants d’avoir gratuitement accès à la lecture, 169. 000 enfants d’être déparasités, 84.027 enfants d’être vaccinés contre la méningite et la fièvre typhoïde, 118 000 enfants de recevoir gratuitement des Kits scolaires et à 103.000 enfants d’être suivis par les caravanes ophtalmologiques de la Fondation.
En guerre contre la mortalité néonatale
L’un des plus importants projets de la fondation reste la construction de l’hôpital mère-enfant de Bingerville. La première pierre de cet édifice est a été posée deux ans après l’investiture d’Alassane Ouattara. Bâti sur une parcelle de 4,9 hectares, l’hôpital mère et enfant de Bingerville compte 130 lits et places. Il a été créé pour aider à résorber les difficultés d’accès aux soins qui favorisent la mortalité maternelle, néonatale et infantile.
Sa construction a duré cinq années. L’hôpital a été inauguré en mars 2018 et emploie 500 personnes. Son taux de fréquentation était déjà en 2023 de 4.000 personnes. Au total, 5.000 naissances vivantes et 58 missions chirurgicales et médicales ont été réalisées. L’hôpital accueille également des étudiants en médecine dans le cadre de leurs recherches, ainsi que des médecins étrangers, et ses performances sont reconnues bien au-delà des frontières nationales.
Mais c’est surtout sur le travail des enfants que la Première dame de Côte d’Ivoire a sorti une épine des pieds de son mari puisque ce phénomène mettait en péril non pas seulement l’économique cacaoyère mais, pire encore, l’économie ivoirienne, le budget général de l’Etat étant composé à 40% des recettes générées par le cacao.
La lutte contre le travail des enfants
Ainsi, le 3 novembre 2011, Dominique Ouattara est nommée présidente du Comité national de surveillance des actions de lutte contre la traite, l’exploitation et le travail des enfants (CNS), par le président de la république de Côte d’Ivoire. Sous son leadership, le comité évalue d’abord les actions du gouvernement en matière de lutte contre l’exploitation des enfants et fait ensuite adopter deux plans d’action nationaux (2012-2014 puis 2015-2017) qui réduisent enfin de manière significative les pires formes de travail des enfants dans le pays.
En juillet 2012, le Comité national de surveillance entreprend une politique de prévention du phénomène qui comporte des campagnes de sensibilisation et de communication pour informer les populations sur les travaux dangereux interdits aux enfants, la formation des acteurs nationaux pour les outiller aux techniques de prévention, la reproduction et la vulgarisation des textes législatifs et réglementaires relatifs à l’interdiction du travail des enfants, ainsi que la création et l’installation de comités de protection de l’enfant à travers tout le pays.
Dès cette année, le taux de prévalence national du travail des enfants est en baisse, passant de 39% en 2012, à 31,3% en 2016 et à 21,6% en 2021, selon la comparaison des données des enquêtes à indicateurs multiples et de l’enquête démographique et de santé Côte d’Ivoire 2021.
Dans le secteur spécifique du cacao, selon l’étude de NORC de l’Université de Chicago, réalisée en 2019 avec le financement de la Fondation Mondiale du Cacao (WCF), la tendance est également à la baisse du taux de prévalence du travail des enfants d’environ 32% dans les communautés où des actions intensives de remédiation ont été menées.
Ces efforts vont enfin redorer l’image de la Côte d’Ivoire au plan international. Le pays se classe en effet parmi les quatre premiers pays sur un total de 131 pays évalués, à obtenir la note la plus élevée d’avancées significatives”, selon le rapport 2022 du Département du Travail des Etats-Unis d’Amérique sur l’évaluation des efforts des Etats en matière de lutte contre le travail des enfants.
Correspondance à Abidjan, Bati Abouè