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Côte d’Ivoire. Général Sorcier : Parcours d'un homme de terreur à la FESCI

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Le « Général Sorcier », 49 ans, de son vrai nom, Mars Aubin Deagoué, a marqué de son empreinte sombre l’histoire de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI) et la Cité de Williamsville (Abidjan), où il a régné en maître absolu pendant plus de dix ans. Connu pour ses actes de violence et son implication dans des affaires criminelles, cet ancien membre influent de la FESCI à su s’imposer par la terreur, notamment durant la période trouble de la crise postélectorale de 2011.

Un règne d'antichambriste à Williamsville

Avant d’accéder aux instances de la Fesci, le « Général Sorcier » était un simple antichambriste, une personne à l’écart des cercles de décisions mais déjà redoutée pour sa capacité à semer la terreur. À la Cité universitaire de Williamsville, il gravit les échelons par la violence, devenant d’abord Secrétaire à l’Organisation (SO) avant d’être promu Secrétaire Général (SG) par intérim de la cité universitaire, succédant à un SG élu mis sous silence à cause de ses méthodes brutales. Durant cette période, la cité était sous son emprise, et son nom était fréquemment associé à plusieurs crimes qui y ont été perpétrés, notamment lors de la rébellion de 2002 à 2010.

Surnommé « Sorcier » pour son affinité avec des pratiques mystiques, il était réputé pour des rituels occultes qui renforçaient son aura de terreur. En 2011, lors de la crise postélectorale, proche des milieux patriotiques de Charles Blé Goudé, principalement du « Maréchal KB », alors parrain au sens propre de la Fesci, actuel député RHDP Kacou Brou, il était connu pour l’usage de la force contre ceux qu’il soupçonnait d’être favorable à l’opposition d’alors de Henri Konan Bédié ou d’Alassane Ouattara, et surtout de Guillaume Soro. Il a été accusé d’avoir participé à au moins trois meurtres à la cité universitaire de Williamsville durant cette période, des faits qui le rendent tristement célèbre.

Un combattant capturé, un criminel présumé gracié

En février 2011, « Sorcier » passe du statut de leader étudiant à celui de combattant. Armé d’une Kalachnikov, il parcourait les rues d’Adjamé avec son « Gbonhi », un groupe de fescistes et de miliciens armés qui semaient la terreur. C’est dans ce contexte qu’il fût arrêté par les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI d’Alassane Ouattara) lors de la bataille d’Abidjan, avant la chute du régime de Laurent Gbagbo, alors qu’il défendait farouchement la résidence présidentielle à Cocody. Il fut emprisonné à la MACA pour ses nombreux crimes présumés, avant de bénéficier d’une grâce présidentielle des années plus tard. Durant plusieurs années, son nom Agui Mars Aubin Deagoué figurait parmi les « prisonniers politiques » dont le FPI réclamait constamment la libération.

Libéré, le « Général Sorcier » adopta d’abord une posture discrète, avant de revenir sur la scène à mesure que des personnalités anciennement pro-Gbagbo, reconverties au RHDP, sollicitaient ses services pour quelques besognes à la FESCI. Sous St Clair Allah, il avait réussi à s’installer à la cité universitaire d’Abobo 1 et y continuerait ses méthodes violentes. Sié Kambou, l’actuel secrétaire général de la FESCI, chercha son appui pour contrôler les factions rebelles au sein de l’organisation, et c’est ainsi que le « Général Sorcier » retrouva progressivement une place centrale dans les manœuvres violentes de l’ organisation.

La citadelle d'Abobo, et la fin d'un règne de terreur

Le « Général Sorcier » installe sa base à la Cité universitaire d’Abobo 1, qu’il transforme en véritable citadelle imprenable. Exerçant un contrôle strict sur le territoire et imposant sa loi par la force. Sa réapparition publique dans le paysage étudiant coïncida avec la montée de tensions internes au sein de la Fesci, alors que plusieurs cadres du RHDP, anciens fesciste, cherchaient à exploiter ses talents de chef de guerre pour prendre le contrôle de l’organisation. Cependant, son retour en grâce fut de courte durée. Affaibli par ses nombreuses années d’errance et ses démons passés, le vieux syndicaliste étudiant ne parvint pas à avoir une réelle influence auprès de la jeune génération de fesciste qui le craignaient plus qu’ils ne le respectaient.

Il décéda dans des circonstances floues, ses blessures laissées par des années de violence et de rituels le rattrapent finalement. « Dans la nuit du 29 au 30 septembre 2024, les agents de la police criminelle ont été informés de la présence d’un corps sans vie au CHU de Cocody, qui présentait des traces de violences physiques. Des premières informations recueillies, il ressort qu’il s’agissait d’un membre de la Fédération Estudiantine et Scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI) de l’Université d’Abobo-Adjamé, le nommé Agui Mars Aubin Deagoué alias « Général Sorcier », 49 ans, étudiant en Master 2 option Anglais. Ce dernier serait » le principal opposant au Secrétaire Général de la FESCI, le nommé KAMBOU Siẻ », lit-on dans un communiqué du procureur émis le 1er octobre 2024.

Le « Général Sorcier » reste un symbole de la violence étudiante en Côte d’Ivoire, un personnage dont l’histoire tragique révèle les sombres ramifications politiques et sociales d’une époque troublée. Un autre Thierry Zébié, trente-trois ans après.

Djabiga Soro




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