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Campagne cacao 24-25 : Au-delà du prix

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La campagne cacao 2024-2025 s’ouvre officiellement, lundi, en Côte d’Ivoire. Tout porte à croire que les paysans ivoiriens auront un prix plus rémunérateur. Depuis quelques semaines, le directeur général du Conseil du café-cacao, Ibrahima Yves Koné, à coup de communication, annonce, en effet, qu’il y aura de bonnes nouvelles pour les producteurs. En attendant l’entrée en vigueur d’une restriction de l’Union européenne.

Mille cinq cent francs (1 500 F Cfa) le kilogramme de fèves de cacao. C’est à ce prix que s’est achevée la campagne cacaoyère2023-2024. Alors qu’elle avait débuté à 1 000 francs en octobre 2023, le gouvernement ivoirien a relevé le niveau de rémunération des paysans de 50%, pour la petite campagne (allant d’avril à septembre 2024), à 1 500 F Cfa. Si, généralement, cette petite campagne (campagne intermédiaire), caractérisée par de petites fèves, enregistrait des prix bas, il faut dire que le marché a été plutôt favorable cette année.


A la veille de l’ouverture de la nouvelle saison, débutant demain 1er octobre, les producteurs ont beaucoup d’espoir. De fait, c’est en principe aujourd’hui que le prix du kilogramme pour la campagne 2024-2025 doit être fixé.


A en croire les messages précédant ce rendez-vous, les cacaoculteurs devront davantage se frotter les mains. Depuis le Conseil du café-cacao, structure chargée de gérer la filière de bout en bout, souffle un vent d’espoir d’un revenu plus attractif. Au Ghana, deuxième pays producteur de cacao après la Côte d’Ivoire, les planteurs sont situés depuis le 11 septembre dernier.


La tonne du produit a été fixée par le Ghana cocoa bord (Cocobod) à 3 000 dollars aux producteurs. Ce qui représente, au cours moyen actuel, 1 700 F Cfa le kilogramme, bord champ. La Côte d’Ivoire et le Ghana représentent, à eux seuls, près de 60% de l’offre mondiale de cacao. Si les deux pays ont décidé de mutualiser leurs efforts pour peser dans la fixation du prix à l’international, ils doivent de plus en plus faire face à certains défis.


En effet, à partir de janvier 2025, l’Union européenne met en vigueur une nouvelle règlementation. C’est le concept de cacao durable. Le législateur européen se dit soucieux de la vitesse du déséquilibre climatique. Pour cela, il a voté la loi sur la déforestation ou le règlement sur la déforestation. Une disposition qui impose aux cultures agricoles une pratique de préservation de la forêt. Du coup, ne franchiront les frontières européennes, que les produits agricoles respectant la notion de production durable, donc de maintien du patrimoine forestier. Pour sa part, la Côte d’Ivoire a, depuis, pris la question au sérieux. Le concept de cacao ami de la forêt est le socle de cette politique de préservation de la forêt.


Il est vulgarisé la cohabitation de la cacaoculture avec la plantation d’arbres. Mieux, le Conseil du café-cacao a procédé au recensement des producteurs de cacao. Une cartographie est dressée de sorte à tracer toute la chaîne de la production, garantissant ainsi la qualité de la livraison ivoirienne. En plus de l’identifier, la carte professionnelle du paysan lui facilitera et sécurisera ses opérations financières telles que le paiement de sa production.


En réalité, la Côte d’Ivoire n’est pas à son premier combat sur le marché européen. Avant le règlement sur la déforestation, on se souvient de la directive sur les Matières grasses végétales autres que le beurre de cacao (Mgv). Cette loi de la fin des années 90 permettait l’introduction de 5% de Mgv dans la fabrication du chocolat. Pour l’Europe, cela signifiait être indépendante du cacao de 5% dans les usines de transformation de produits chocolatés. Parallèlement, les pays producteurs de cacao perdaient des recettes à hauteur des autres beurres végétales introduites dans le chocolat.


A l’observation, les pays producteurs de cacao sont régulièrement confrontés à des contraintes que leur imposent les pays importateurs. Ils doivent sortir de ces turbulences créées par l’extérieur. La solution à cette situation demeure la transformation. Il faut pouvoir donner de la valeur aux récoltes. Encore une fois, il est bon de rappeler l’exemple suivant. Prenons le cas d’un prix sorti champ de 1 000 F Cfa le kilogramme. Soit 100 F Cfa les 100 grammes. Les mêmes 100 grammes en tablette de chocolat sont vendues entre 1 200 et 5 000 F Cfa selon la gamme (bas de gamme à haut de gamme). Il est aisé de constater qu’entre les 100 F Cfa reçus par le paysan et les 1 200 représentant le prix du chocolat (pour ne considérer que le prix plancher), il y a 1 100 qui sont captés par le monde industriel. Autrement dit, le planteur, acteur principal de la filière, produit pour enrichir le transformateur. La richesse se trouve dans la transformation.


Le salut des pays producteurs de cacao viendra de la valeur qu’ils ajouteront à la matière première. Dans l’intervalle, il faut se préparer à une grande bataille. Celle d’affronter les grands industriels occidentaux, européens et américains qui verront leurs intérêts menacés. Un autre champ (de combat), qui nécessite, pour son labour, de s’armer d’engagement politique par une législation adaptée, de détermination et de courage -en ce qui concerne les opérateurs économiques- et de transfert de technologies de dernière génération. Il faut faire souffler un nouveau vent sous les cacaoyers. Tout un chantier.

Adama KONE







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