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L’Enquête du jeudi. Côte d’Ivoire. VIH-SIDA : Attention ! Vague de nouvelles contaminations chez les jeunes

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De nombreux adolescents de 15 à 25 ans sont porteurs du virus du Sida en Bien que le nombre de nouvelles infections au VIH-SIDA ait diminué de 66 % entre 2010 et 2023, il apparaît que 40 % des nouvelles contaminations concernent les jeunes âgés de 15 à 25 ans, selon les données du ministère de la Santé. Cette situation suscite des interrogations, notamment sur l’efficacité des moyens de prévention au VIH-SIDA en Côte d’Ivoire.


Dr Djè Bi travaille à l’Organisation non gouvernementale (ONG) « Espace Confiance », située à Yopougon. Il se souvient de ce jour où l’ONG a reçu un groupe d’adolescents âgés de 14 à 16 ans venus se faire dépister pour des maladies sexuellement transmissibles. Après les tests, il a été découvert qu’un d’entre eux était infecté par le VIH-SIDA. Pour l’ensemble du personnel, ce fut la douche froide. « Toute l’équipe a été profondément affectée par cette nouvelle. Voir un enfant si jeune atteint par cette maladie nous a beaucoup attristés », se rappelle-t-il.

Dr Djè Bi est couramment confronté à ce genre de situation. Si bien qu’il a le sentiment que la sexualité est devenue une forme de distraction pour la jeunesse. Mais il estime aussi que la pauvreté est l’un des facteurs majeurs de la hausse des infections au VIH Sida chez les jeunes de 15 à 25 ans. « Souvent, lorsque les jeunes manquent de quelque chose, ils se tournent vers des relations sexuelles non protégées pour l’obtenir. Quant aux parents, ils ont parfois délaissé leur rôle. Certains vont même jusqu'à considérer leurs enfants, surtout les filles, comme des sources de revenus », déplore-t-il.

Le gain facile est en effet l’une des principales causes de contamination au VIH-SIDA chez les jeunes, indique M. Bamba, directeur de centre social. Il pense que les jeunes ne sont pas suffisamment conscients. « Ils ne pensent qu’au plaisir et ils se soucient peu des conséquences de leurs actes », dit il.

Selon le Programme national de Lutte contre le Sida (PNLS) en Côte d’Ivoire, les populations à très hauts risques de contamination au VIH sont, entres autres, les professionnels du sexe, les homosexuels, les usagers de drogues et les personnes incarcérées. Ulrich Koffi est un psychologue qui s’occupe de la prise en charge psychologique des personnes infectées du VIH-SIDA. Il affirme que, contrairement à ce que la société peut penser, les personnes infectées par cette maladie ne mènent pas nécessairement une vie sexuelle débridée. « Une personne peut être contaminée tout en ayant une vie sexuelle ordonnée. Cela peut être possible si elle a par exemple un partenaire qui entretient plusieurs autres relations », explique t-il.

Soutien des parents

Dans la société ivoirienne, de nombreux préjugés persistent encore autour du VIH -SIDA Les jeunes infectés sont souvent regardés de travers. Dr Djè Bi confie que certains d’entre eux abandonnent leur traitement et disparaissent pendant des mois, voire des années. Et l’on ne sait pas comment se passe leur vie sexuelle pendant tout ce temps. C’est pourquoi il recommande un soutien parental dans la prise en charge de ces jeunes. « Que ce soit des prostitués ou des mineurs, il faut protéger les jeunes sexuellement actifs et éviter de les stigmatiser ». Cet avis est partagé par Ulrich Koffi. « Les parents et l’entourage jouent un rôle clé dans la prise en charge des personnes infectées. Ils ne doivent pas les juger ou les discriminer, mais plutôt les accompagner », souligne-t-il.


Utilisation du préservatif


Le préservatif demeure l’un des principaux moyens de prévention du VIH-SIDA. Il est parfois distribué gratuitement dans les ONG ou dans les centres médicaux scolaires. Pourtant, nombre de jeunes montrent de la réticence à l’utiliser.

À 21 ans, Fatim B. mène une vie sexuelle active. Mais elle avoue qu’elle n’a pas l’habitude d’utiliser des préservatifs. « Je sais que sans préservatif, je prends plus de risques, mais j’ai confiance en mon partenaire. Je me dis qu’il ne me mettrait jamais en danger », confie-t-elle. Mais la réalité est que la principale raison pour laquelle Fatim est hostile à l’usage du préservatif, c’est qu’elle trouve les rapports sexuels sans protection plus agréables. Elle a déjà effectué à plusieurs reprises un test de dépistage du VIH-SIDA, qui s’est heureusement révélé négatif. « Il y a eu des moments où j’ai voulu imposer l’utilisation du préservatif à des garçons. Mais, ils ont refusé catégoriquement. Malheureusement, je n’ai pas su maintenir ma position et j’ai fini par avoir des relations sans protection avec eux », admet-elle.

À l’inverse, Rosine âgée de 23 ans, accorde une grande importance à l’utilisation des préservatifs et les exige de ses partenaires. Cependant, un événement l’a particulièrement bouleversée. « J’avais demandé à un garçon d’utiliser un préservatif. Au début, il refusait, mais sur mon insistance, il a fini par accepter. Pendant l’acte sexuel, il a volontairement retiré le préservatif sans me prévenir. C’est seulement après que je m’en suis rendu compte », raconte-t-elle. Immédiatement après, elle s’est rendue dans une ONG pour se faire dépister et suivre un traitement post-exposition censé la protéger d’une éventuelle infection. « Il m’a assuré qu’il n’avait rien, mais je n’étais pas certaine. J’ai donc préféré aller à l’hôpital pour me protéger », explique-t-elle. Comme Fatim, l’homme avec qui Rosine entretenait une relation pensait que le préservatif diminuait le plaisir lors des rapports sexuels. « Il me disait qu’avec un préservatif, il ne ressentait absolument rien. J’ai cependant préféré mettre fin à la relation, car je ne voulais pas me mettre davantage en danger ».

C’est ce genre de comportement qui pousse le psychologue Ulrich Koffi à indiquer que l’utilisation du préservatif n’est pas encore suffisamment ancrée dans les habitudes des jeunes Ivoiriens. « Les gens utilisent le préservatif par contrainte. Mais une fois qu’ils connaissent bien leur partenaire, ils cessent souvent de l’utiliser », observe-t-il.

Recommandations

Pour plusieurs spécialistes du sujet, dans le cadre de la prévention du virus, il est crucial que les parents abordent le sujet de la sexualité avec leurs enfants, en leur expliquant à la fois les avantages et les risques. « La sexualité reste un sujet tabou au sein de nombreuses familles. Les jeunes en parlent entre eux, mais rarement avec leurs parents. Il est essentiel de trouver des moyens pour aborder ces sujets au sein des familles et d’enseigner les bonnes pratiques aux enfants », recommande pour sa part le Dr Djeh Bi. Il suggère également l’organisation de campagnes de sensibilisation dans les quartiers pour informer sur le VIH-SIDA et rendre accessibles les moyens de prévention, notamment les préservatifs, aux jeunes et aux adolescents sexuellement actifs.

M. Bamba partage son avis. Selon lui, en plus d’éduquer les enfants sur la sexualité, il serait également pertinent d’organiser des visites de travailleurs sociaux dans les écoles pour sensibiliser les jeunes. « Nous ne leur demandons pas de s’abstenir systématiquement, mais plutôt de se protéger afin de se prémunir contre cette maladie », ajoute-t-il.

De Lima Soro



ENCADRÉ

Une enquête en cours sur l’impact du VIH SIDA

En vue de mieux évaluer la portée de la maladie en Côte d’Ivoire, le ministère de la Santé, de l’Hygiène publique et de la Couverture maladie universelle a lancé, le vendredi 19 juillet 2024, une enquête intitulée en anglais CIPHIA ou Évaluation de l’Impact du VIH SIDA sur la population en Côte d’Ivoire en français. Selon une information relayée par nos confrères de RFI, cette enquête vise à recueillir des données fiables pour réajuster la stratégie de lutte contre le VIH-SIDA en Côte d’Ivoire. Les enquêteurs vont parcourir le pays pour mener des interviews et effectuer des prélèvements sanguins sur des personnes âgées de 15 ans et plus. Les résultats sont attendus pour janvier 2025.

D. L. S.







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