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Quand mon pays se détruit tout seul

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J’ai passé ce week-end dans ma région du Iffou comme d’habitude, et j’en suis revenu un peu déprimé. Comme d’habitude, pourrais-je ajouter. Déprimé d’abord par tous ces tas d’ordures que l’on croise au bord des voies, à l’entrée de toutes nos cités, des plus petites au plus grandes. Des ordures que l’on ne se donne même pas la peine de cacher. Non, au contraire, on les exhibe avec fierté. Elles font désormais partie de notre identité : Côte d’Ivoire, pays des villes sales. C’est ce que nous sommes devenus. Et nous attendons des touristes qui viendraient en masse visiter notre pays. S’il s’agit de touristes venant de pays propres où l’on sait que les ordures sont sources de graves maladies, ils ne se bousculeront pas sur nos terres, soyez-en certains ! Surtout pas en ce moment où l’on parle de variole du singe. Après Ebola et autres maladies qui ne sévissent que sous nos sales tropiques.

Je me pose toujours la question de savoir ce qui nous empêche de nous débarrasser de nos ordures, et je ne trouve toujours pas de réponse. Un manque de moyens ? La Côte d’Ivoire n’aurait pas les moyens de traiter ses ordures ? Comment font donc des pays tels que le Ghana, le Bénin ou le Rwanda ? Manque de volonté ? Ou alors, nous aurions tant d’ordures dans nos têtes que nous ne voyons plus celles qui composent désormais notre environnement ? J’ai posé la question à un de mes amis maires et il m’a dit que la gestion des ordures dans tout le pays est confiée à une unique structure. Les maires en ont été dessaisis et n’ont donc pas les moyens de les enlever et les traiter. Pourquoi donc cette structure n’arrive-t-elle pas à enlever nos ordures ? Pourquoi ne chercherions-nous pas à nous inspirer de pays proches de nous tels que le Ghana et le Bénin ? Ou alors, estimons-nous qu’enlever les ordures est une question secondaire dans notre pays ? Nous n’avons vraiment aucune honte à vivre au milieu des ordures ?

J’ai aussi été déprimé lorsque je croisais sur la route tous ces énormes grumiers chargés des bois de nos forêts. Nous savons tous qu’il ne reste presque plus rien de nos forêts. En 2020, la superficie de la forêt en Côte d’Ivoire était estimée à 2,97 millions d’hectares, soit 9,2% de la surface totale du territoire. En 1986, nous avions encore 7,85 millions d’hectares de forêts. Combien en reste-t-il aujourd’hui ? Des spécialistes des forêts qui ont étudié la nôtre ont écrit dans un rapport que « la raréfaction, voire la disparition des essences commerciales ne permet plus de mettre en place une exploitation forestière respectant les critères de gestion durable. » Et nous lisons aussi dans ce même rapport que « les grands mammifères (antilopes, éléphants, singes) sont cantonnés dans quelques aires protégées et forêts classées avec des tailles de population souvent critiques. » Notre pays s’appelle Côte d’Ivoire, mais bientôt nous n’aurons plus d’éléphants pour justifier ce nom. Alors, mon cœur saigne chaque fois que je croise sur nos routes un grumier chargé de troncs d’arbres. Nos derniers arbres. Qui abritent nos derniers éléphants.

Mais mon cœur saigne encore plus lorsque je croise dans les rues de nos villages tous ces jeunes gens, couverts de poussière, lorsque je regarde nos paysages ravagés, parsemés de trous creusés par eux, lorsque je regarde notre fleuve Comoé totalement pollué par les produits qu’ils utilisent pour chercher l’or. Ce fleuve Comoé dont la traversée donna naissance au peuple Baoulé. On est en train de le tuer, et nous regardons avec indifférence. On le tue comme on tue tous les autres fleuves et toutes les rivières de notre pays. A Daoukro, des Chinois se comptent aussi parmi les orpailleurs. Eux, disposent de moyens matériels plus sophistiqués pour chercher et trouver l’or. L’Etat de Côte d’Ivoire gagne-t-il quelque chose dans les activités des orpailleurs, qu’ils soient Ivoiriens ou étrangers ? Ce qu’il gagne justifie-t-il la destruction de nos sols et de nos cours d’eaux ? J’ai entendu sur RFI il y a quelques jours que tous les cours d’eau de notre pays sont pollués par les orpailleurs. Est-ce que nous réalisons ce qui nous attend ? Est-ce que nous réalisons ce qui nous attend, nous et nos descendants, lorsque nous vivons au milieu des ordures, détruisons toutes nos forêts, tous nos sols, et polluons tous nos cours d’eaux ? Quel genre de peuple sommes-nous en fin de compte pour regarder tout cela avec indifférence ?

Venance Konan





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