À l'occasion de la rentrée scolaire, un élan de générosité nait pour apporter du sourire aux enfants et aux parents en situation de précarité financière. Des bénévoles et Organisations non gouvernementales (ONG), initient des activités de distribution de kits scolaires pour aider les parents démunis.
Tamegnon Sessito Amandine, Coordinatrice de la communauté U-Report Anyama, se souvient d’une histoire qui l’a particulièrement touchée. En 2023, elle et son équipe ont organisé une activité de distribution de kits scolaires dans le village d’Akoupé Zeudji, faisant partie de la commune d’Anyama. Parmi les enfants rassemblés ce jour-là, se trouvait Kouakou Junior, un élève du CM2 en situation de handicap. Il se déplaçait à quatre pattes, faute de matériel adapté. Malgré ses difficultés pour se mouvoir, l’enfant s’efforçait de se rendre à l’école chaque jour. Son courage a attiré l’attention des membres de la communauté U-Report Anyama. « Nous avons appris que ses parents se battaient pour assurer sa scolarisation et subvenir à ses besoins médicaux. Ils n’avaient pas les moyens suffisants pour offrir le nécessaire à leur fils », explique la Coordinatrice. Pour soutenir cet enfant et ses parents, Tamegnon et sa communauté ont publié des posts sur les réseaux sociaux pour recueillir des fonds. Ce geste a permis par la suite d’acheter des béquilles adaptées à son handicap. « Son histoire m’a particulièrement touchée. L’enfant ne pouvait pas marcher sans assistance. Grâce à notre soutien, il à pu recevoir l’aide nécessaire pour se déplacer et poursuivre ses études », raconte-t-elle.
Depuis quatre ans, la communauté U-Report Anyama organise ce type d’activités caritatives lors de la rentrée scolaire. L’objectif est de soulager les parents qui traversent des périodes de stress financier à l’ouverture des classes. « Les premiers bénéficiaires sont les enfants issus de milieux défavorisés, auxquels s’ajoutent ceux en situation de handicap », précise Tamegnon.
Provenance des fonds
Pour cette année académique, U report Anyama prévoit d’offrir des kits scolaires composés de sacs, cahiers, stylos, ensembles géométriques, à 300 enfants dont 150 en situation de handicap. Pour financer cette activité, ils organisent des cotisations entre eux, font souvent des collectes de fonds sur les réseaux sociaux et demande l’aide financière de leurs proches. « Notre initiative est non seulement un soulagement pour les parents, mais aussi pour la communauté et les enseignants. Elle rassure les uns et les autres sur le fait qu’ils pourront se concentrer uniquement sur leur apprentissage, sans se soucier de comment démarrer l’année scolaire », affirme la demoiselle.
Réhabiliter des écoles
Gael Ziongoulé, avec sa communauté de bénévoles, initie régulièrement des actions caritatives à l’occasion de la rentrée scolaire. Les années précédentes, il réunissait des fonds pour réhabiliter des écoles. Il s’agissait plus précisément de refaire la peinture des salles de classes et de restaurer les tables bancs, afin de permettre aux élèves de faire cours dans une école qui a fière allure. Mais, cette année, Gael et ses amis ont décidé d’innover. Ils prévoient de distribuer des kits scolaires dans une école de Vavoua et de sensibiliser les parents à l’importance de la scolarisation, ainsi qu’à la nécessité pour un enfant de disposer d’un acte de naissance. « Nombre d’enfants dans cette région n’ont pas d’acte naissance, ce qui empêche leur inscription à l’école. L’oisiveté étant la mère de tous les vices, ces enfants sont souvent amenés à se livrer à des pratiques illicites », explique-t-il.
En plus de leurs cotisations et de leurs levées de fonds, Gael Ziongoulé à travers son association mène souvent des campagnes de porte-à-porte, pour collecter les fonds nécessaires. « Les gens sont accueillants et nous encouragent à continuer ainsi. En plus de l’argent, nous leur demandons également de faire des dons en nature ».
Les communautés religieuses s’y mettent
Cet élan de solidarité est aussi devenu le fait des communautés religieuses. L’Association musulmane pour le bien-être familial en Côte d’Ivoire (AMBEF-CI) fait parti des bienfaiteurs de la rentrée scolaire. Actuellement, l’organisation collecte des fonds pour soutenir les parents en situation de précarité financière. En cette période de rentrée scolaire, elle prévoit de distribuer aux enfants de ceux-ci, des fournitures scolaires, telles que des stylos, des sacs à dos des livres, etc
« Certains élèves se rendent à l’école sans sacs ni fournitures, en raison de la situation économique difficile de leurs parents. L’éducation étant une priorité pour nous, il nous a semblé naturel d’intégrer cette initiative a nos missions pour alléger les dépenses des familles en difficulté », explique N’goré Cissé, directrice exécutive de l’AMBEF-CI.
Aujourd’hui, elle éprouve une satisfaction à l’idée d’avoir contribué à l’éducation des enfants. « Grâce à nos dons, certains enfants ont réussi leurs examens et sont passés dans des classes supérieures, tandis que d’autres ont retrouvé un espoir perdu. C’est une récompense inestimable pour notre équipe », confie la directrice exécutive de l’AMBEF-CI
Directrice de projet pour l’initiative de distribution de fournitures scolaires baptisée U-kits, Gnimin Yatch Coulibaly est à sa première action caritative de ce genre. Lors de l’une de ses enquêtes visant à identifier les familles en difficultés financières, elle a rencontré une veuve qui a exprimé sa joie de savoir que ses enfants puissent recevoir des kits scolaires. « La veuve a expliqué que cette aide permettra à ses enfants de retourner à l’école. Cela nous a rappelé pourquoi nous menons cette action et combien elle est cruciale pour la communauté », confie Gnimin Coulibaly.
Réticence de donateurs
Certaines personnes se montrent réticentes quand il s’agit de faire des dons, par crainte que leur contribution ne soit pas utilisée à bon escient. C’est le cas de Yodé Amandine, qui a pris l’habitude de refouler les personnes qui font du porte-à-porte pour collecter de l’argent. « Souvent, des personnes frappent à ma porte pour me demander de faire des dons, afin d’offrir des kits scolaires aux enfants nécessiteux. Mais je ne donne rien du tout parce que je n’ai pas vraiment confiance en elles. Elles ne sont pas toutes animées de bonnes intentions », explique Yodé Amandine. Melesse partage cet avis. C’est pourquoi, elle a décidé de faire des dons qu’à des organisations dont elle connaît les responsables. « C’est plus fiable ainsi. De cette façon, je sais où va mon argent », affirme-t-elle.
De Lima Soro