20 décembre 1960. Notre pays établit des relations diplomatiques avec l’Organisation des Nations-Unis (Onu). Le père de la Nation nomme l’avocat Usher Assouan comme le représentant de la Côte d’Ivoire à cette auguste assemblée avec une dizaine de diplomates qui louent dans un premier temps, un local à Manhattan.
Le président Houphouët-Boigny qui roulait au super carburant qu’est la fierté ivoirienne, met tout en œuvre pour que notre représentation ait ses propres locaux, et ce, avant sa mémorable visite aux Etats-Unis, en 1962.
22 septembre 1961 : notre pays est propriétaire de l’immeuble à trois étages au 46 East 74 st, dans le quartier chic Manhattan, à New York. Quatre ans plus tard, le président planteur achète un autre immeuble au nom de la Côte d’Ivoire au 72nd and seconde avenue pour la Caistab.
Au commencement était l’incendie
Janvier 2007 : un incendie ravage le sous-sol de notre mission (tout brûle sous la refondation, pourrait-on dire). Les dégâts sont considérables. SE Alcide Djédjé informe les ministres des Finances et de la Construction. Le ministre de la Construction envoie fin septembre 2007, une délégation d’inspecteurs pour les constats d’usage. Entre temps, l’Etat de New York accuse notre pays de violation de salubrité. Apres le départ des inspecteurs, SE Alcide Djédjé, au cours de la réunion hebdomadaire, décide de vendre les immeubles de la mission, et celui de la Caistab. Objectif selon lui : acheter des résidences pour les diplomates. Celui-ci est soutenu dans son argumentation par l’avocat de la Côte d’Ivoire, Me Augustin Doughui,
Cette action de SE Alcide Djédjé est accueillie avec joie. Quoi de plus normal pour un chef de penser au confort de ses employés. L’ambassadeur « fantôme » adresse alors des courriers aux ministres cités plus haut et les informe de son intention de vente.
Le conseiller diplomatique du chef de l’Etat a le feu vert de vente. Seule condition toutefois : associer les inspecteurs du ministère de la Construction, dans toutes les transactions.
Août 2008. Une délégation du ministre de la Construction conduite par M. Lazare Séka, doit arriver à New York pour discuter des offres d’achats. Mais avant de quitter la perle des lagunes pardon des ordures le chef de la délégation avait auparavant discuté avec M. Karim Fall, un homme d’affaires ivoiro-sénégalais, qui était prêt à racheter ces immeubles à 6 milliards de francs CFA. L’offre paraît intéressante.
Bradés
C’est sur cette base que la délégation arrive d’Abidjan à New York en août 2008. Elle se présente à SE Alcide Djédjé. A la stupéfaction générale, leur interlocuteur leur apprend que c’est trop tard, car les résidences ont été vendues il y a déjà une semaine au Malien Sidi Kagnassi. Montant de la transaction : 3 milliards FCFA. Largement en deçà des attentes de la délégation ministérielle.
Coup de théâtre : l’association des propriétaires des résidences dépose plainte contre la Côte d’Ivoire d’avoir vendu ses propriétés à un prix trop bas, dévaluant ainsi la valeur du quartier. Après plusieurs audiences à la cour, une médiation est trouvée entre notre pays et l’association des propriétaires.
Dans un souci de l’équilibre de l’information, nous avons contacté la payeur de notre représentation à New York, Mme Zogbo.
Elle confirme : « Effectivement, nous avons vendu les immeubles en août 2008 et la signature de vente s’est déroulée en présence de SE Alcide Djédjé, du premier conseiller d’alors M. Bailly, de l’avocat de l’Etat de Côte d’Ivoire, Me Augustin Doughui, et l’avocat de l’acheteur. J’ai réceptionné un chèque de 3 milliards de francs CFA que j’ai déposé à la Chase Bank où est domicilié le compte de la mission ».
Sur la question de l’identité de l’acheteur, elle soutient qu’elle ne connait ni le nom de ce dernier ni celui de son avocat.
Curieux tout cela, car les résidences ont été théoriquement vendues en 2008, mais le dernier titre de propriété mentionne que l’immeuble de la mission en particulier a été acheté par une société écran du nom de Townhome Investments LTD, en avril 2010. Affaire à suivre…
Soukalo de Kibouo