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L’Enquête du jeudi. Universités publiques d’Abidjan : Des étudiants dorment dans les couloirs des amphis, faute de chambres.

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Des jeunes filles étudiantes à la tombée de la nuit à l'université Nangui Abrogoua.

Des étudiants issues des différentes universités publiques d’Abidjan rencontrent souvent des difficultés de logement. Certains vivent loin des campus, d’autres viennent des villes de l’intérieur du pays. Face à ces contraintes, d’aucuns ont pris la décision de squatter les amphithéâtres, tandis que d’autres contournent les procédures officielles pour obtenir une chambre en résidence universitaire.

À la tombée de la nuit, les salles de classe et amphithéâtres de l’université Nangui Abrogoua sise à Abobo se transforment en dortoirs. Vu l’absence de cité universitaire, de nombreux étudiants choisissent de rester sur place. C’est le cas de Brou Simone, étudiante en médecine. Dans une salle de Travaux dirigés (TD), elle révise ses cours avec ses amis. La nuit, l’étudiante dort dans les amphithéâtres et différentes salles de l’université. « Parfois, nous étendons des nattes dans les couloirs pour dormir. Il fait souvent très froid, et les moustiques sont nombreux. Le matin, nous nous réveillons souvent avec des courbatures, ce qui nous complique le suivi convenable des cours», confit-elle. Simone a choisi de loger à l’université parce que ses parents vivent à Songon, une localité située à l’ouest de la commune d’Abidjan. Ce qui rend les trajets quotidiens difficiles.

Comme elle, Koffi Salomon un autre étudiant, squatte également les amphithéâtres de l’université. Il affirme qu’il est difficile de réviser chez lui après une journée de cours. « Le trajet de l’université à la maison est long. La plupart du temps, je m’arrête dans le bus faute de place. Une fois à la maison, je suis épuisé et il devient difficile de travailler ». Il déplore également l’insécurité qui règne à l’université. « Il y a souvent des vols de téléphones, de sommes d’argent, de documents et d’autres effets personnels », indique-t-il.

Aversion de certains parents

Les parents ne sont pas toujours favorables à l’idée de laisser leurs enfants squatter les amphithéâtres. Il y a quelques années, Danho Sélène se retrouvait dans cette situation à l’université Nangui Abrogoua, malgré la réticence de ses parents. « Mes parents connaissaient les conditions de vie des étudiants à Nangui Abrogoua. Ils n'étaient pas vraiment d’accord que je m’installe à l’université », dit elle. Cependant, face aux différents devoirs scolaires et aux tâches ménagères qui l’attendaient à la maison, la jeune fille explique qu’il lui était difficile d’étudier chez elle. Rester à l’université était donc pour elle une manière d’optimiser son temps.

En 2019, après avoir obtenu son Baccalauréat, la fille d’Assi Grégoire a été orientée en médecine à l’université Nangui Abrogoua. Pour lui, il était hors de question que sa fille squatte les amphithéâtres. Comme la maison familiale était éloignée de l’université, son père a décidé de lui louer un appartement. « J’ai cherché un tuteur, mais c’était difficile d’en trouver. J’ai donc préféré lui prendre un appartement près de l’école, qu’elle partageait en colocation avec ses amies », raconte-t-il.

Corruption autour des chambres

Il existe plusieurs cités universitaires à Abidjan, telles que celles de Cocody Mermoz, de Vridi, et de la Riviera 2. Cependant, de nombreux étudiants dénoncent un manque de transparence dans l’attribution des chambres. En principe, un nouveau processus d’admission et de réadmission devrait être lancé chaque année. Mais, selon les étudiants, il arrive que ce processus soit retardé de deux ans. L’une des causes principales est que certains anciens étudiants ayant terminé leur cursus refusent de libérer les chambres qu’ils occupaient. Ce qui réduit les chances pour ceux encore en cours de scolarité, d’avoir des chambres.

Il y a deux ans, Khady Koné a obtenu une chambre dans la cité universitaire située au sein de l’université Félix Houphouët-Boigny. Toutefois, aucune chambre ne lui a été attribuée depuis. « Certains occupants refusent de quitter les chambres, si bien qu’il est souvent impossible d’en obtenir une, même après avoir été admis », explique-t-elle. Pour résoudre cette situation, elle a dû s’arranger avec sa sœur. « Ma sœur devait libérer sa chambre, alors nous avons discuté avec le concierge, qui m’a finalement attribué la sienne », explique t’elle.

Face à la difficulté d’obtenir des chambres universitaires par les voies officielles, certains étudiants optent pour des moyens informels. C’est le cas d’Olivia Kassi, originaire de Gagnoa. La maison de ses tuteurs est éloigné de l’université Félix Houphouët-Boigny, où elle a été orientée après le Baccalauréat. Pour avoir une chambre en cité universitaire, elle a choisi de contourner le système officiel. « J’ai versé 200 000 FCFA à un membre de la Fédération Estudiantine et Scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI) pour obtenir une chambre. Chaque fin de mois, au lieu de payer 6 000 francs de loyer, je versais 10 000 francs à la FESCI pour son aide », raconte-t-elle.

Insalubrité dans les universités et cités

Les étudiants des universités publiques d’Abidjan, comme ceux de leurs différentes cités, se plaignent de l’insalubrité. « À Nangui Abrogoua, les conditions sanitaires sont préoccupantes. Nous n’avons pas d’autre choix que de nous en accommoder et de garder l’espoir que tout ira bien. Certains d’entre nous prennent même leurs douches dans la broussaille. Pour nous les filles, c’est particulièrement difficile en période menstruelle, car nous ne disposons pas de toutes les commodités nécessaires », explique Gneho Aïcha.

Khady Koné qui réside dans une cité universitaire, déplore que sur le palier où elle habite, seule une toilette sur les trois existantes est encore fonctionnelle. « Nous sommes 12 par chambres à partager les mêmes toilettes, ce qui complique encore plus leur entretien », précise-t-elle. L’une de nos sources au service environnement du Centre régional des Œuvres universitaires (CROU), accuse les étudiants de manquer de respect pour l’hygiène de leur cadre de vie. « Certains sortent des toilettes sans même tirer la chasse d’eau. Il est primordial que les étudiants eux-mêmes apprennent à prendre soin de leur cadre de vie. », affirme-t-il.

Réhabilitation des infrastructures

Des cités universitaires d’Abidjan, dont l’état de dégradation est inquiétante seront réhabilitées si l’on s’en tient à l’information fournie par notre interlocuteur du service Environnement et par le concierge d’une cité. Il s’agira de donner fière allure aux cités universitaires et de réparer ce qu’il faut. Mais la date du début des travaux de réhabilitation n’a pas encore été révélée. « J’espère qu’ils nous préviendrons à temps pour qu’on puisse préparer nos effets et rentrer à la maison. Il ne faudrait pas qu’on nous prennent au dépourvu », prévient Isaac Dion, de la cité Mermoz. Dans un communiqué publié sur leur site, le CROU Abidjan II, informe que le restaurant de l’université Nangui Abrogoua, sera fermé en raison des vacances et des travaux annuels de maintenance, du mardi 13 Août au dimanche 13 octobre 2024.

Bien informé de toutes ces situations au sein des universités publiques,le gouvernement a pris des mesures pour remédier au manque de chambres et d’infrastructures notamment. Le mercredi 10 janvier 2024, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Adama Diawara, a lancé les travaux de construction de résidences pour étudiants d’une capacité totale de 4 500 lits, ainsi que d’autres infrastructures destinées aux universités Nangui Abrogoua, Félix Houphouët-Boigny et Alassane Ouattara. Cette information a été publiée sur le site du gouvernement.

À l’université Nangui Abrogoua, huit résidences universitaires de 2 000 lits seront construites. À l’université Félix Houphouët-Boigny, deux résidences de 500 lits verront le jour. Pour l’université Alassane Ouattara de Bouaké, huit résidences universitaires offriront également 2 000 lits. En outre, un bâtiment de 100 bureaux sera construit pour l’université Félix Houphouët-Boigny. Deux amphithéâtres de 500 places, une bibliothèque centrale, un bâtiment de huit salles pour les travaux pratiques, un bâtiment R+2 de 18 salles pour les travaux dirigés, ainsi qu’un bâtiment de salles polyvalentes, sont prévus à l’université Nangui Abrogoua.

De Lima Soro





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