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L’Enquête du jeudi : A Yopougon, la location de brouettes nourrit des familles au quotidien

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Louer des brouettes aux différents usagers de ce matériel pour des utilisations journalières est devenue à Abidjan, une activité à laquelle s’adonnent de plus en plus certaines personnes. C’est qu’elles ont flairé l’importance de l’utilité de cet équipement dans divers domaines d’activité. Notamment pour le transport de produits alimentaires agricoles, depuis l’intérieur des marchés, jusqu’aux lieux de stationnement des véhicules pouvant les transporter et vice-versa.


Diarra Bakary est boutiquier dans le marché de Siporex, dans la commune de Yopougon. En plus de la boutique qu’il gère avec son père et son frère, il a fait de la location des brouettes sa seconde activité. « J’ai commencé la location des brouettes il y’a cinq ans de cela. Au début c’était avec une brouette, ensuite deux, trois. Aujourd’hui je me retrouve avec près de cinquante brouettes », raconte-t-il.

Il s’est lancé dans cette activité selon lui, à cause de la forte demande. Au commencement ,l’idée de Bakary était de venir en aide à ses jeunes compatriotes qui arrivés en Côte d’Ivoire, avaient besoin d’une activité pour se prendre en charge « Quand mes frères venaient il fallait qu’ils trouvent quelque chose à faire. C’est alors que je louais des brouettes pour eux, et au fur et à mesure ils devenaient nombreux à s’en servir. J’ai alors préféré acheter des brouettes et les faire louer au lieu d’aller les chercher ailleurs ».

Par la suite, il en a fait une activité à plein temps qui lui rapporte entre 10 000 FCFA et 15 000 FCFA par jour, à raison de 300 FCFA la location d’une brouette. Diarra Bakary gagne en moyenne 200 000 FCFA par mois en faisant louer ses brouettes.

Comme lui, dame Kacou Florence, célibataire et mère de trois enfants, fait la location de brouettes depuis 2020. Chaque matin, ce sont de nombreux jeunes qui défilent chez elle pour louer ses brouettes. La condition pour repartir avec cet outil de travail est de déposer une pièce d’identité comme garant et débourser la somme de 300 FCFA après la journée de travail.

A ses débuts, dame Kacou ne possédait que deux brouettes qu’elle a acquises à 35 000 FCFA chacune. Aujourd’hui, son petit "parking" compte près de 100 brouettes. C’est avec le revenu tiré de cette activité qu’elle s’occupe de ses enfants « Je peux dire que je n’ai rien à envier à un fonctionnaire. Mes trois enfants sont entièrement à ma charge et c’est avec ça que j’arrive à payer leurs études et m’occupe de tous leurs besoins » explique-t-elle. En effet, elle fait une recette journalière allant de 25 000 FCFA à 30 000 FCFA. Cela lui a permis d’initier une autre activité, qui est le commerce de pagne.

Dans le marché de Siporex, de nombreuses personnes font la location de brouettes, mais lorsque nous avons souhaité prendre des informations auprès de certains, nous nous sommes heurté à un refus catégorique de leur part. Craignant certainement que cela ne se retourne contre eux, en cette période d’interdiction d’usage des charrettes à bras et autres sur les principales artères des communes du District d’Abidjan. Seules les personnes citées plus haut, ont eu le courage de répondre à questions.


Des rapports pas toujours au beau fixe.

Entre propriétaires et locataires, le rapport n’est pas toujours au beau fixe. « Certains jeunes ne reviennent plus avec les brouettes louées On a perdu plus d’une dizaine de brouettes comme ça, et ce, bien qu’on retienne leur carte d’identité en garantie, pour la durée de la location » déplore Diarra Bakary en montrant les nombreuses pièces abandonnées par ces clients indélicats.

Il a pu retrouver certains d’entre eux, mais sans les brouettes. Car soit, elles ont été revendues, soit, elles ont été modifiées.

Outre cela, il y’a aussi le fait que c’est aux propriétaires que revient la réparation des brouettes endommagées « Il faut 35 000 FCFA pour monter une brouette, et six mois pour récupérer l’investissement, et lorsque les brouettes sont abîmées c’est nous-mêmes qui payons la réparation » se plaint Diarra Bakary.

Dame Florence a perdu au moins dix brouettes depuis le début de cette année. « Vous savez, dans tout métier il y’a des risques. Je considère que ce sont les risques de mon métier. Même s’il y’a des malhonnêtes, on préfère tenir compte de ceux qui ont vraiment besoin de travailler pour s’en sortir » soutient-t-elle. Elle est pratiquement considérée par nombre de ces jeunes, comme une seconde mère qui n’hésite pas à leur prodiguer des conseils quand il le faut.


Pousser la brouette pour vivre

Si proposer des brouettes à la location est une activité qui fait gagner de l’argent à ceux qui s’y adonnent, c’est certainement par ce que les locataires de ces engins aussi trouvent leur compte dans l’usage qu’ils en font. De sorte que certains ont fini par acquérir leurs propres brouettes, pour ne plus dépendre de ceux qui en font la location.

Assis dans sa brouette, Séa Jules, 18 ans, espère avoir des clients d’ici peu. Sorti depuis le matin, il n’a pas encore eu de clients. Il est devenu brouettier il y’a un peu plus de quatre ans, lorsque dépourvu de moyens, il a dû arrêter les cours. Il a débuté en prenant tous les matins en location sa brouette chez dame Gboko Lucienne, au marché de Kouté, dans la commune de Yopougon. Aujourd’hui, il possède sa propre brouette. « J’ai acheté ma brouette à 17 000 FCFA grâce à mes économies. Les jours de marché, je peux gagner 5000 FCFA, voire plus » raconte-t-il.

Tout comme lui, Mohamed est brouettier au marché de Sicogi, toujours à Yopougon. Il possède lui aussi sa propre brouette et ne vit que des revenus de cette activité. « J’ai acheté la brouette plus un pneu, le tout à 25000 FCFA. Je peux m’en sortir avec 4 000, 5 000, souvent 10 000 FCFA par jour » dit-il. Il dit utiliser ce revenu pour prendre soin de sa mère et ses deux frère et sœur.

« La plupart des jeunes brouettiers sont consciencieux et travailleurs. Certains vivent de cela, tandis que d’autres le font durant les vacances scolaires, juste pour avoir de l’argent de poche à la rentrée scolaire » raconte Kacou Florence.

Diarra Bakary affirme que plusieurs jeunes brouettiers ont pu ainsi économiser de l’argent pour passer des concours. D’autres ont pu monter leurs propres affaires. Ses compatriotes maliens et autres, ont pu organiser leur mariage au pays et s’occupent aujourd’hui de leurs familles. C’est dire à quel point cette activité peut rapporter à qui sait en tirer profit.

Marie-Claude N’da





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