À Tchibanga le 12 juillet 2024, le président de la transition gabonaise a lancé un avertissement sévère à son équipe gouvernementale. Exprimant son mécontentement face au manque d’engagement perçu après dix mois de transition, Brice Clotaire Oligui Nguema a exigé une loyauté sans faille et une adhésion totale à sa vision. Ces déclarations, survenues lors de sa tournée dans la Nyanga, soulèvent des questions sur la stabilité de l’exécutif et alimentent les rumeurs d’un remaniement imminent.
Lors d’un discours prononcé le 12 juillet à Tchibanga, le président de la transition gabonaise, le général Brice Clotaire Oligui Nguema, a adressé une mise en garde à son équipe gouvernementale. Ses déclarations, faites dans la province de la Nyanga, septième étape de sa tournée républicaine, soulèvent des interrogations sur la cohésion de l’exécutif et nourrissent bien d’hypothèses.
Les faits : le président Oligui Nguema a exprimé son insatisfaction en des termes sans équivoque : «Depuis 10 mois, vous êtes là, depuis 10 mois vous êtes à mes côtés, et en 10 mois vous n’êtes pas capables de me suivre, que faites-vous alors avec moi ?» Cette interrogation directe traduit une frustration palpable quant à l’engagement de certains membres du gouvernement, remettant en question leur capacité à suivre la ligne directrice indiqué par le chef de la transition.
Cohésion, loyauté, Dialogue national engagement comme feuille de route
Le Général-président a également souligné l’importance d’une unité sans faille au sein de l’équipe gouvernementale : «Vous devez vous prononcer et suivre notre position. Parce que vous êtes mes ministres et c’est moi qui vous ai nommés. Mais si on a des points de vue divergents, il faut prendre votre route.» Une exhortation qui soulève des questions sur l’autonomie des ministres et la nature des échanges au sein de l’exécutif.
Oligui Nguema n’a pas manqué de réaffirmer l’importance pour lui du Dialogue national inclusif (DNI) tenu en avril 2024, le qualifiant ironiquement de «dialogue des Gabonais» devenu le sien. Il attend, à ce sujet, de son gouvernement un soutien sans faille à cette initiative : «S’il faut défendre mon dialogue, vous défendez mon dialogue. […] Quand on est une équipe, on ne marque pas de buts dans son propre camp.» Une métaphore sportive qui souligne la volonté du président de voir son équipe unie derrière les décisions prises lors du DNI.
Comme pour marteler son exigence de détermination et d’engagement, le président a appelé à la formation d’une équipe ministérielle résolue, affirmant : «Je veux des hommes courageux et non des hésitants.» Et d’insister sur l’importance d’un soutien indéfectible à sa présidence : «Quand on est ensemble, on est ensemble jusqu’au bout. Quand on est avec un Président, on le suit jusqu’au bout. On ne met pas ses émotions personnelles.»
Spéculations
Ces déclarations ont immédiatement commencé à alimenter les spéculations sur un plausible remaniement du gouvernement, d’ailleurs évoqué par la rumeur depuis la fin des travaux du DNI. Le ton et le contenu du discours d’Oligui Nguema suggèrent, en tout cas, une insatisfaction vis-à-vis des performances de l’équipe actuelle.
Si ces petites piques peuvent en effet être interprétées comme une préparation de l’opinion publique à un éventuel remaniement, la harangue du président Oligui Nguema semble poursuivre plusieurs objectifs : recadrer les ministres et réaffirmer son autorité présidentielle en établissant clairement la hiérarchie au sein de l’exécutif. Et, envoyer un signal fort sur sa détermination à diriger la transition selon sa vision, démontrant sa volonté de maintenir le cap qu’il s’est fixé.
Dans les semaines à venir et à chaque déclaration en provenance de la présidence de la République, l’attention se portera sur les éventuelles modifications au sein du gouvernement et sur la réaction des ministres actuels à cet avertissement présidentiel.
Tokyo Yabangoye