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Le Gabon ne veut plus envoyer ses bacheliers à l’étranger

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Pendant des décennies, le Gabon a massivement envoyé ses jeunes bacheliers poursuivre leurs études à l’étranger. Cette pratique, longtemps considérée comme un investissement dans le capital humain du pays, visait à former une élite capable de contribuer au développement national. Les destinations privilégiées incluaient souvent la France, le Maroc, et d’autres pays occidentaux ou africains réputés pour la qualité de leur enseignement supérieur. Cette politique, bien qu’ayant permis de former de nombreux cadres, s’est avérée extrêmement coûteuse pour l’État gabonais, tant sur le plan financier que sur celui de la fuite des cerveaux.

Face à ce constat, le gouvernement gabonais opère un changement de cap radical dans sa politique d’enseignement supérieur. Le ministre de l’Enseignement supérieur, le Pr Hervé Ndoume Essingone, a annoncé le 6 juillet 2024 que le pays privilégiera désormais l’accueil de ses bacheliers dans les établissements nationaux. Cette décision marque une rupture avec la pratique antérieure et témoigne d’une volonté de renforcer le système éducatif local.


Pour la rentrée académique 2024-2025, le Gabon prévoit d’accueillir la totalité de ses 22 308 nouveaux bacheliers sur son territoire. Le ministre a présenté un plan d’orientation ambitieux : 16 215 étudiants, soit 72,70% des effectifs, seront dirigés vers les établissements publics, tandis que les 6 000 restants intégreront les meilleures institutions privées du pays.

Cette nouvelle approche s’appuie sur un renforcement des capacités d’accueil nationales. Le secteur public s’est enrichi de quatre nouveaux établissements, augmentant ainsi sa capacité d’absorption. Le ministre souligne que cette expansion permettra d’offrir de meilleures conditions d’apprentissage aux étudiants.

Cependant, le défi reste de taille. Le Pr Ndoume Essingone reconnaît que 30% des nouveaux bacheliers pourraient avoir des difficultés à trouver une place dans le public. Pour pallier cette situation, le gouvernement mise sur une collaboration étroite avec le secteur privé. Une sélection rigoureuse des établissements privés partenaires est en cours, menée conjointement par la direction générale de l’Enseignement supérieur et l’Agence nationale des bourses et stages (ANBG).

L’objectif à long terme est ambitieux : le ministre vise à ce que les établissements publics puissent, à terme, accueillir l’intégralité des bacheliers gabonais. Cette vision s’inscrit dans une stratégie plus large visant à faire du Gabon une destination universitaire attractive pour les étudiants africains.

Le gouvernement est conscient des défis à relever. Les universités gabonaises souffrent actuellement de plusieurs maux : programmes désuets, années académiques interminables, effectifs pléthoriques et grèves récurrentes. Pour remédier à ces problèmes, des mesures concrètes sont annoncées, notamment l’ouverture de nouveaux établissements et le recrutement de 200 enseignants.

Cette réorientation de la politique éducative gabonaise soulève des questions sur la capacité du pays à offrir une formation de qualité comparable à celle dispensée à l’étranger. Le ministre se montre optimiste, estimant que dans les deux prochaines années, le pays deviendra plus attractif grâce aux nouvelles infrastructures en construction et à l’image renouvelée du Gabon.

Le succès de cette initiative dépendra de la capacité du gouvernement à mettre en œuvre rapidement les améliorations promises et à garantir un enseignement de qualité. L’enjeu est de taille : il s’agit non seulement de former adéquatement la jeunesse gabonaise, mais aussi de contribuer au développement économique et social du pays en retenant ses talents sur le territoire national.

Sathurnin Bossa




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