En mars 2024, Le gouverneur du district d'Abidjan Ibrahima Cissé Bacongo a entrepris une vaste opération d’assainissement. Plusieurs quartiers précaires ont été déguerpis. Et les habitats démolis. Des installations illégales en bordure de certains grands axes des communes ont été également démolies. Quelques mois après cette opération dont l’objectif était de lutter contre le désordre urbain et donner à la ville d’Abidjan une allure plus moderne, nous avons effectué le mardi 25 juin 2024, un tour sur certains de ces sites déguerpis. Il ressort de cette visite que quelques-uns sont en train d’être mis en valeur, pendant que d’autres laissés pour compte sont en cours de recolonisation.
Les installations anarchiques le long du mur de la clôture des rails dans la commune d’Adjamé font place aujourd’hui à de nouveaux magasins. En lieu et place des magasins qui avaient été démolis aux abords de voie qui part de la gare nord jusqu’au niveau du quatrième pont au carrefour du boulevard de la paix entre Adjamé et Attécoubé, de nouveaux bâtiments qui serviront de magasins pour les commerçants déguerpis, sont en construction. Les décombres des anciens bâtiments ont été dégagés. Des chargements de sable et de briques sont arrivés. Et les travailleurs sont à la tâche. Plusieurs bâtiments sont déjà sortis de terre. L'espace qui avait été déguerpis en face de la brigade de gendarmerie, à la hauteur de l’immeuble le Mirador est entrain d’être mis en valeur. Le caniveau jadis couvert par les installations anarchiques a été remis en état et de nouveaux magasins sont également entrain d’être construits.
Manque de suivi
Si des magasins sont en construction sur certains sites déguerpis dans la commune d’Adjamé, d’autres sites par contre commencent progressivement à devenir des dépotoirs d’ordures. Au niveau de l’échangeur à la hauteur de la gare nord de la Sotra, des vendeurs de divers articles installés illégalement avaient été déguerpis. Après le nettoyage du lieu, il n’y a pas eu de suivi de sorte que les ordures ont commencé à prendre progressivement le dessus. Passants et commerçants n’hésitent pas à y déverser leurs déchets que les services de ramassage d’ordures enlèvent de temps à autres. Mais cela ne semble pas suffire pour assainir l’endroit.
A Boribanan dans la commune d’Attecoubé, après le déguerpissement des habitants, leurs maisons ont été démolies. De l’autre côté du boulevard de la paix au bord duquel se trouvait ledit quartier, des maisons ont été également démolies. L’endroit a été bien nettoyé. Mais aucune autre opération de mise en valeur n’a été entreprise à cet endroit. Les herbes ont commencé à envahir une grande partie de l’espace déguerpis.
Au carrefour des deux plateaux dans la commune de Cocody, après le passage des machines de démolition, le lieu est abandonné avec les gravas et autres ordures de tout genres dont des planches des morceaux de tôles rouillées, des ordures ménagères. Les restes des habitats précaires, des ateliers de menuiserie et autres petits commerces installés illégalement n’ont pas été ramassés.
Des sites recolonisés
Des vendeurs de divers articles, des vendeuses de fruits, des menuisiers, et autres artisans ont recolonisé l’espace déguerpis au carrefour des deux Plateaux autour de la clôture du camp de gendarmerie d’Agban. « Les agents du district passent souvent ici nous chasser. Ils viennent de partir tout à l’heure », nous a fait savoir une vendeuse de maïs quand nous lui avions demandé s’ils ne sont pas inquiétés par les autorités. Mais cette dame, comme bien d’autres personnes installées illégalement en ce lieu, fait comprendre qu’elle n’a pas le choix que de se débrouiller en faisant ce commerce. Elle a des charges à supporter alors qu’elle a très peu de moyens financiers.
A Williamsville dans la commune d’Adjamé précisément au carrefour Djeni kobenan où des déguerpissements ont également eu lieu, quelques vendeuses de fruits et de boissons sucrées ont eu le courage de s’installer à nouveau alors qu'elles avaient été chassées de là.
Sur l’espace de Boribanan en grande partie couvert par les herbes, nous avons trouvé des hommes en bordure de la lagune à côté d’une installation faite de morceaux de bois que couvre une bâche en plastique. A quelques mètres de là, toujours en bordure de la lagune, il y avait quelques barriques installées sur une sorte de foyer. Apparemment, cet endroit servait d’atelier à ces hommes. « Nous ne savions pas qu’il y avait encore des gens ici », avons lancé à l’un d’entre eux. « Il n’y a effectivement personne ici », a-t-il répondu. « Mais vous êtes là », avons insisté. Face à notre réaction notre interlocuteur a eu visiblement peur et a expliqué qu’ils n'avaient pas l’intention de demeurer là et qu’ils sont sur le point de partir de là. Des enfants prennent également plaisir à faire de cet espace leur aire de jeux. L’ancienne place de l’école primaire du quartier, de même que celle de la gare des remorques située juste aux pieds de l’échangeur du quatrième pont, ont aussi été transformées en terrain de football par les enfants des quartiers environnants.
Diomandé Karamoko
Publié le :
30 juin 2024Par:
Samassi Youssouf