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Politique

Edito : Tout ça pour ça ?

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Le Dialogue Inter Maliens, DIM a pris fin le vendredi 10 mai 2024 au Centre International des Conférences de Bamako, CICB sous le haut patronage du Président de la transition le Colonel Assimi Goita. Durant cinq jours les délégués venus de toutes les régions du Mali, du District de Bamako, de la diaspora ont discuté des différentes thématiques pour aboutir à des centaines voire des milliers de recommandations. En analysant de façon approfondie, sans acrimonie et sans passion on arrivera à la conclusion que les différentes recommandations du DIM, sont clairement la pale copie de celles du Dialogue National Inclusif, DNI, et aux recommandations des ANR, à quelques exceptions près. En français beaucoup plus facile le DIM est le copier collé du DNI et des ANR, excepté quelques recommandations, qui du reste, sont celles qui sont à la base de l’organisation de ce dialogue. En effet, les recommandations relatives à la prorogation de la transition de 2 à 5 ans, à la candidature du Colonel Assimi Goita à la prochaine présidentielle, à l’élévation au grade de général des cinq colonels auteurs du coup d’Etat plus un que sont Assimi Goita, Malick Diaw, Sadio Camara, Ismaël Wagué, Modibo Koné et Abdoulaye Maiga, sont celles qui ont été à la base de l’organisation de ce dialogue. Dans leur dessein machiavélique de mettre en mal la démocratie les délégués au DIM ont recommandé de supprimer l’aide aux partis politiques, de réduire leur nombre et durcir les conditions de leur création. C’est pourquoi il y a lieu de se poser la question de savoir pourquoi tout ça pour ça seulement ? Pourquoi engloutir plus de 2 milliards de nos francs dans un dialogue pour aboutir à ces recommandations dont la plupart se trouve déjà dans le document du dialogue national inclusif et même celui des Assises Nationales de la Réfondation ? Ne pouvions-nous pas consacrer ces quelques milliards à la fourniture d’électricité, ne serait-ce que pour quelques jours afin de soulager la souffrance de ces pauvres populations qui broient du noir depuis des mois ?

Ce dialogue n’est juste que du vernis pour embellir la façade et se couvrir d’une légitimité afin de continuer allègrement la longue et interminable marche de la transition, sinon, à partir du moment où ils détiennent tous les leviers du pouvoir, où encore toutes les voix discordantes sont systématiquement réprimées et réduites en silence, ils auraient dû éviter d’organiser ce dialogue, à la fois budgétivore et sans grande incidence positive sur la population. En effet, pour beaucoup d’analystes, ce dialogue n’était qu‘un monologue entre partisans de la transition pour adouber le Colonel Assimi Goita et ses compagnons d’armes. La mise à l’écart des partis politiques, l’exclusion des ex rebelles, celle des groupes armés terroristes en sont les parfaites illustrations de cette volonté d’aller à un dialogue dont l’ultime but était de renforcer les tenants actuels du pouvoir. L’on pourrait affirmer sans risque de se tromper que les fruits ont tenu la promesse des fleurs pour les gouvernants car et les délégués et les invités dans la salle, lors de la cérémonie de clôture, ont donné leur quitus. En tout cas à en juger par l’enthousiasme et le tonnerre d’applaudissements, on peut affirmer que l’auditoire était acquis à la cause du Président de la transition Assimi Goita. Par ce dialogue, le Président de la transition semble ajouter une nouvelle corde de légitimité à son arc. Le Colonel Président de la transition pense-t-il réellement avoir le bon bout au sortir de ce dialogue inter maliens avec cette énième prorogation de la durée de la transition ? A-t-il réellement intérêt à s’éterniser au pouvoir sans consulter le peuple à travers des élections libres et transparentes ? N’est-il pas en train de filer du mauvais coton ?


En définitive, si tant est que le Mali est la priorité des autorités, elles ne doivent plus prolonger la souffrance des maliens en voulant s’éterniser au pouvoir sans élection. Il urge aujourd’hui pour le Mali d’avoir un minimum de consensus autour d’un chronogramme fixant la date des élections. Tout autre discours est fallacieux, opportuniste et contre-productif.

Youssouf Sissoko




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