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Politique

Côte d’Ivoire : Des progrès significatifs dans la réconciliation nationale depuis 2011

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La Côte d'Ivoire, deuxième puissance économique en Afrique de l'Ouest, après le Nigéria, a traversé des périodes tumultueuses marquées par des conflits politiques dévastateurs. Mais de 2011 à 2023, elle a entrepris un voyage courageux vers la réconciliation nationale, une quête pour guérir les blessures profondes et construire un avenir où la paix et la stabilité règnent.


La crise post-électorale a occasionné, selon les chiffres officiels, 3 000 morts à Abidjan et l’exil de 300 000 Ivoiriens en 2011. Aujourd’hui ces mêmes sources indiquent que plus de 90 % des exilés sont de retour. Ce rapatriement volontaire est orchestré par la Direction d’aide et assistance aux réfugiés et apatrides (DAARA) en collaboration le Haut-Commissariat des Nations-Unies pour les Réfugiés (HCR).


Des mesures audacieuses


Il faut signaler que le gouvernement ivoirien a pris des mesures audacieuses pour promouvoir la réconciliation et l'unité nationales. Des initiatives telles que la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation (CDVR) et la Commission Nationale pour la Réconciliation et l’Indemnisaton des Victimes (CONARIV)

ont été mises en place pour permettre aux victimes et aux auteurs de violences de se confronter, de témoigner et de trouver des voies vers le pardon et la réparation. Des programmes de réintégration des ex-combattants ont été instaurés pour les aider à se réinsérer dans la société et à contribuer positivement au développement du pays.

Egalement, des efforts considérables ont été déployés pour rétablir la confiance dans les institutions publiques et promouvoir la justice et l'égalité pour tous les citoyens, quelles que soient leur origine ethnique ou leur affiliation politique. Des réformes du système judiciaire et des forces de sécurité ont été entreprises pour garantir l'impartialité et l'efficacité dans l'application de la loi.

Simone Gbagbo et Dogbo Blé


Des défis subsistent


Pourtant, malgré ces progrès significatifs, des défis subsistent. La réconciliation ne peut être achevée en un jour, et il reste encore beaucoup à faire pour consolider les fondations d'une paix durable. La lutte contre l'impunité et la promotion de la justice transitionnelle doivent être poursuivies avec détermination. Les inégalités socio-économiques persistent et doivent être adressées de manière équitable pour éviter toute résurgence de tensions et de conflits.

Il faut souligner que la consolidation de la réconciliation nécessite un engagement continu de la part de tous les acteurs de la société ivoirienne, y compris la société civile, les médias et les leaders religieux. C’est le lieu d’indiquer que la promotion du dialogue intercommunautaire et de la tolérance reste essentielle pour surmonter les divisions du passé et construire un avenir inclusif pour tous les Ivoiriens.


Signalons que la période de réconciliation nationale en Côte d'Ivoire de 2011 à 2023 a été marquée par des avancées significatives, mais elle demeure un processus en cours. Le chemin vers une paix durable et une unité véritable est parsemé de défis, mais avec une volonté politique forte et un engagement continu de tous les acteurs, la Côte d'Ivoire peut réaliser son potentiel en tant que nation prospère et harmonieuse.

Et cela passe par la libération des prisonniers politiques et l'adoption de lois d'amnistie qui sont des étapes cruciales dans le processus de réconciliation d'un pays après des périodes de troubles politiques et de conflits. Ces actions, si elles sont exécutées permettront de tourner la page sur le passé douloureux, de favoriser le pardon et de reconstruire les relations entre les différentes parties prenantes de la société.


Faut-il le rappeler, lorsque le président ivoirien signe l'ordonnance d'amnistie le 6 août 2018, un nom sort du lot : Simone Gbagbo. Officiellement, ils seraient 800 à en bénéficier. L’amnistie présidentielle a concerné "les personnes poursuivies ou condamnées pour des infractions en lien avec la crise post-électorale de 2010 ou des infractions contre la sûreté de l’État commises après le 21 mai 2011, à l’exclusion des personnes en procès devant une juridiction pénale internationale, ainsi que de militaires et de membres de groupes armés". Pour le président Ouattara, il s'agit de contribuer à la réconciliation, son chantier le plus sensible.

En libérant les prisonniers politiques, le gouvernement envoie un signal fort  envers la réconciliation nationale et la consolidation de la démocratie.

Cela montre également sa volonté de réintégrer les anciens adversaires dans le tissu social et politique du pays, en reconnaissant que la diversité des opinions est essentielle à une société pluraliste et démocratique.

Les toutes dernières nominations à la Présidence de la République et du Gouvernorat du District d'Abidjan illustrent cette volonté du Président Ouattara de ratisser large, pour permettre aux différentes composantes régionales de se sentir parties prenantes de la réconciliation nationale, à travers des personnalités emblématiques qui les représentent.


De même, l'adoption de lois d'amnistie peut contribuer à apaiser les tensions en offrant une forme de justice transitionnelle. En accordant des pardons pour des actes commis pendant les périodes de conflit. Ces lois permettront aux individus et aux communautés de tourner la page sur le passé et de se concentrer sur la construction d'un avenir meilleur.


Pour une réconciliation durable


Cependant, la libération des prisonniers politiques et l'amnistie ne sont que les premières étapes du processus de réconciliation. Pour que la réconciliation soit véritablement durable, il est essentiel de prendre d'autres mesures pour reconstruire la confiance et promouvoir l'inclusion sociale.


Tout d'abord, il est crucial de garantir que les victimes de violations des droits de l'homme obtiennent justice et réparation. Cela peut impliquer la mise en place de mécanismes de justice transitionnelle tels que des commissions de vérité et de réconciliation, des tribunaux spéciaux ou des programmes de réparation pour les victimes.


Ensuite, il est nécessaire de promouvoir le dialogue et la réconciliation entre les différentes communautés et groupes politiques. Cela peut être réalisé grâce à des initiatives de sensibilisation, des forums de discussion et des programmes éducatifs qui favorisent la compréhension mutuelle et la tolérance.


Enfin, il est essentiel de s'attaquer aux causes profondes des conflits passés, telles que les inégalités économiques, sociales et politiques. Cela peut nécessiter des réformes institutionnelles, des politiques de développement inclusif et des efforts pour renforcer l'État de droit et la gouvernance démocratique.


Il faut insister sur le fait que la libération des prisonniers politiques et l'adoption de lois d'amnistie sont des étapes importantes dans le processus de réconciliation d'un pays. Cependant elles ne sont pas suffisantes à elles seules. Pour poursuivre ce processus, il est nécessaire de prendre des mesures supplémentaires pour promouvoir la justice, reconstruire la confiance et adresser les causes profondes des conflits passés.

Rappelons d’ailleurs que la classe politique en Côte d'Ivoire a salué récemment la décision prise la veille par le président Alassane Ouattara de gracier 51 prisonniers, pour la plupart des acteurs des crises traversées par le pays depuis 2010.

Dans un communiqué de presse du 23 février 2024, la formation politique de l'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo (2000-2011), le Parti des peuples africains Côte d'Ivoire (PPA-CI) "salue cette décision". Et a exprimé sa satisfaction pour cette initiative, la qualifiant « d’avancée positive vers la réconciliation nationale tant attendue ».


Mais, la réconciliation nationale ne signifiant pas la fin du pluralisme politique ni des divergences d'opinions, il restera à gérer les différences d'approches face à l'enjeu de prochaine élection présidentielle de 2025.

Cela peut se faire avec intelligence politique et un sens élevé de l'intérêt national pour faire fructifier les acquis de la réconciliation nationale capitalisés depuis 2011.


René Tiécoura




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