Les trois centrales syndicales du Bénin ont appelé à une marche de protestation contre la vie chère, samedi 27 avril 2024. Elle s’est malheureusement heurtée à un impressionnant barrage policier et a conduit à l’arrestation de plus d’une vingtaine de manifestants.
« Tout coûte cher ». C’est le slogan que scandaient les participants à la marche de protestation organisée samedi dans la capitale économique du Bénin. « Je voudrais lancer un appel à nos dirigeants et plus précisément au père de la nation (Patrice Talon) pour lui dire que nous avons faim », a fait savoir le militant Bonaventure Ahitchémè.
Malgré le numéro vert mis en service par le ministère chargé du commerce début avril, devant permettre aux consommateurs de dénoncer les commerçants pratiquant des prix trop élevés, les prix des denrées alimentaires ne cessent de croître. « Avant, on vendait le maïs à 150 francs le kilo. Maintenant c’est à 400 francs le kilo », puisque le sac de 100 kilos est passé à 35 000 francs, a expliqué Brigitte Alikonou, commerçante à Cotonou.
Plusieurs rues de Cotonou ont été bloquées par les forces de l’ordre, en vue d’empêcher le mouvement de protestation contre la cherté des denrées de première nécessité. Le cortège des manifestants a été dispersé par des tirs de grenade lacrymogène. Dans la foulée, deux secrétaires généraux syndicaux, Anselme Amoussou et Moudassirou Bachabi, et plus d’une vingtaine de manifestants ont été arrêtés et conduits au commissariat central de Cotonou.
Noël Chadaré, secrétaire général de la Confédération des Organisations Syndicales Indépendantes (Cosi-Bénin) s’est dépêché au commissariat auprès de ses camarades arrêtés. « Nous nous sommes rendus au commissariat, nous n’avons pas eu accès à eux. Nous allons nous réunir », a-t-il déclaré, avant d’être lui aussi mis aux arrêts, en début d’après-midi de ce même samedi. La presse locale avance un total de 29 personnes dont trois secrétaires généraux de confédérations syndicales interpellées, ainsi que plusieurs autres manifestants. Il n'y a pour l'instant pas de chiffres officiels, de la part des autorités.
Même si les manifestants ont été ensuite relâchés dans la soirée du samedi, il n’en demeure pas moins que ce nouvel épisode attire de nouvelles critiques au président Patrice Talon, accusé de verrouiller la liberté d’expression et de manifester. Le parti d’opposition Les démocrates, parti de l’ancien président de la République du Bénin Boni Yayi a dénoncé, à cet égard, « un acharnement contre les libertés syndicales et une volonté de bâillonner les travailleurs ».
Les plateformes des réseaux sociaux du pays ont été inondées par des messages hostiles au régime Talon, d’autres allant jusqu’à demander sa démission, rappelant la dérive que constitue le retrait du droit de grève, en 2018, à certaines corporations.
Une correspondance particulière de Mufasa Sègbédji
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