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Societe

A quel groupe Wattsapp appartenez-vous ?

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 Je devrais dire à combien de groupes Wattsapp appartenez-vous ? Aucun ? Mais vous descendez de quelle planète ou de quel village perdu de notre pays ? Moi je suis dans… Je ne sais plus. Laissez-moi essayer de faire le point. Il y a mes groupes familiaux. Les enfants de mon père et ceux de ma mère. Ils ne sont pas tous les mêmes. Nous avons donc deux groupes. Il y a les groupes des villages de mes parents. Ils ne sont pas les mêmes non plus. Alors, puisque nous sommes issus des mêmes endroits, nous devons former une même communauté. Il y a ensuite le groupe de mon école primaire. Il s’appelle « les enfants de Tartampion » (du nom du prêtre qui dirigea la mission catholique où nous usâmes nos fonds de culottes.) Viennent après les groupes de mon lycée. Il y en avait un, mais il y eut palabres et le groupe s’est scindé en deux qui se regardent en chiens de faïences. Comme je suis l’un des doyens des anciens du lycée, je suis dans les deux groupes. Il y a aussi les anciens du campus, les anciens de Nice où j’ai terminé mes études, les anciens journalistes, les anciens lauréats du prix Ebony, les différentes associations auxquelles j’appartiens (écrivains, mutuelles de X, Y, Z, groupe de réflexion, philosophique, etc.), les groupes générationnels (lorsque des amis et moi nous avions eu cinquante ans, ce qui commence à dater sérieusement, nous avions créé un groupe que nous appelions « Les quinqua », et, les années passant, pour ne pas avouer nos vrais âges, nous l’avons pudiquement rebaptisé « quinquas plus »), les groupes des amoureux de la musique d’une certaine époque, celle de notre jeunesse, la seule qui mérite d’être écoutée), mes différents groupes professionnels, mes groupes politiques. Ah ceux-là ! Ils mériteraient une chronique spéciale. Chaque jour quelqu’un en crée un. Et vous y inscrit sans demander votre avis.

Que fait-on dans tous ces groupes Wattsapp ? On s’aime. On discute, de tout, de rien, on s’engueule parfois, on fait du prosélytismes politique ou religieux, on se souhaite joyeux anniversaire. Ah, les anniversaires ! Lorsque vous êtes dans plusieurs groupes, il y a chaque jour un anniversaire à célébrer. Et gare à vous si vous n’avez pas trouvé la formule très ampoulée pour souhaiter le bon anniversaire au « frère » ou à la « sœur ». Si vous vous contentez trop souvent d’un « HBD » lapidaire, vous vous ferez remarquer négativement dans le groupe. On se soutient aussi en cas de maladie ou de deuil, on cotise très souvent dès qu’un membre a un problème, on se partage des blagues, des pensées supposées philosophiques, morales, profondes, des sentences, des journaux, diverses photos et vidéos, etc. Il y a ceux qui chaque matin envoient un « bonjour » à tout le groupe, ceux qui souhaitent un « joyeux lundi, mardi, mercredi, etc. », « bon mois de mai, juin… » A chaque fête, il est impératif d’envoyer des vœux à tout le groupe. Demain 1er mai, il y aura du muguet sur tous les réseaux. Et puis il y a les débats. Parfois intéressants, souvent oiseux, quelques fois violents avec des injures à la clé. Là, il s’agit le plus souvent de groupes où se trouvent des anciens de la Fesci. Dans bon nombre de groupes, il y a des chartes qui interdisent les débats politiques ou religieux, avec des administrateurs très sourcilleux qui n’hésitent pas à sanctionner les fautifs. Les groupes politiques servent en principe à échanger entre militants et faire la promotion du parti et du chef, mais en dessous du grand chef, il y a les petits chefs qui ont leurs cours qui se servent des différents groupes pour leur cirer les chaussures à longueur de journée. Et chaque fois que ce chef organise une activité, tous les membres du groupe sont bombardés de dizaines, voire de centaines de photos sans aucun intérêt, mais qui saturent surtout les mémoires des téléphones. Il y a dans les différents groupes ceux qui sont très discrets, qui ne publient jamais rien, soit parce qu’ils n’ont rien à dire, soit parce qu’ils sont trop occupés et ne peuvent pas perdre trop de temps sur les réseaux sociaux et surtout à lire ou répondre à des idioties, soit parce qu’on les a intégrés à des groupes qui ne les intéressent nullement. Et puis il y a ceux qui passent tout leur temps à publier, dans plusieurs groupes à la fois, donnent leurs avis sur tout, et parfois donnent l’impression de vouloir à tout prix être vus. Gare à vous si vous vous retirez d’un groupe où l’on vous a intégré sans demander votre avis. Vous serez sommés de vous expliquer, vous justifier. S’il s’agit d’un groupe de soutien à un parti ou leader politique, on vous suspectera d’être un traitre à la cause. Et puis, pour couronner tout cela, il y a les rencontres. Lorsqu’il s’agit d’« anciens de… », il faut se rencontrer de temps à autre, pour évoquer les vieux souvenirs, s’ennuyer le plus souvent, et lorsque vous êtes dans plusieurs groupes d’anciens, vous passez une bonne partie de vos week-ends à courir de rencontres en rencontres.

Venance Konan




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