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L’Enquête du jeudi : Côte d’Ivoire. Transports : Comment faire disparaître les voitures fantômes

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Attention, une autre voiture peut frauduleusement porter la même plaque d’immatriculation que la vôtre ! Des voitures “fantômes” aux immatriculations frauduleuses. Vous pouvez être interpellé pour un accident que vous n’avez pas commis ou être sommé de payer des amendes pour des infractions qui ne sont pas de votre fait. C’est une situation ahurissante, source de désagréments, qui est de plus en plus décriée et à laquelle nous nous sommes intéressés.


Un propriétaire de véhicule s’est plaint, avec images à l'appui, sur la plate-forme en ligne nommée "Police secours". Il dit avoir reçu un message de la vidéo-verbalisation avec des précisions portant, non seulement sur la nature de l'infraction commise, mais aussi des informations sur le lieu et surtout les caractéristiques de son véhicule. A la vérité, en dehors des caractéristiques indiquées qui ne correspondaient pas à celles de son véhicule, l'immatriculation signalée était bel et bien la même que porte sa voiture.


Il ressort de nos investigations qu’une plaque d’immatriculation à fond bleu peut se retrouver parfois sur deux véhicules différents. Selon une source crédible à la Société ivoirienne de Contrôle technique automobiles et industriels (SICTA) de Vridi, à Abidjan, qui a requis l’anonymat : « l'existence de ce phénomène a été dévoilé grâce au système de vidéo verbalisation ». Notre interlocuteur explique que la principale cause de cette situation est l'immatriculation illégale des véhicules.

« Plusieurs raisons peuvent expliquer cet état de fait. Mais la plus récurrente est qu’il s’agit de voitures volées ou importées illégalement », affirme-t-il. Il ajoute que: « la situation s'est aggravée à cause de la loi interdisant l'importation des véhicules de plus de 5 ans d’âge. Certaines personnes continuent d'en importer mais par des voies détournées » indique notre source. En effet, il faut trouver le moyen d’immatriculer ces véhicules frauduleusement introduits dans le pays. Sinon, ils n’auront pas le droit de circuler sur le territoire national ivoirien.


“Djakoumani” voleurs de papiers


Mais comment ces fraudeurs parviennent-ils à obtenir un numéro d’immatriculation déjà attribué, et dont le véhicule porteur est toujours en circulation ? Notre source nous informe de l'existence d'une pratique frauduleuse appelée : “djakoumani” (chat en langue malinké). « Les auteurs ont pour rôle de vous apporter les papiers légaux de tout véhicule, pourvu que vous leur donniez des informations portant sur le modèle et la marque du véhicule ».

Pour obtenir les papiers requis afin de confectionner une plaque d'immatriculation, les acteurs du “djakoumani” s'arrangent à voler les documents d'une voiture dont les caractéristiques (marque, modèle et parfois la couleur) correspondent exactement à celles de la voiture importée illégalement. « C'est leur boulot. Ils reçoivent de fortes sommes d'argent en retour », précise notre informateur. Il révèle aussi que ces vols de documents se font dans les lavages autos, les garages et, par effraction, dans les parkings.


Dès lors que les papiers ont été volés et remis à l'importateur illégal des véhicules, ce dernier peut aisément faire la demande d'une plaque d'immatriculation, en son nom sur la base des documents usurpés. « S'agissant du numéro de châssis de la voiture importée, il suffit de se rendre dans un garage mécanique approprié, pour remplacer les deux derniers chiffres », confie-t-il. Dans le même temps, la personne dont les documents ont été volés fait une déclaration de perte pour en avoir des duplicatas. C'est ainsi qu'une même immatriculation se retrouve sur deux véhicules différents.


Arrangements illégaux


La pose des plaques d'immatriculation se fait à la SICTA de Vridi. Mais avant cela, il faut s'acquitter du droit afférent qui avoisine les 14 000 F CFA auprès du Groupement de Gestion d'Entreprises (2GE). « Mais il y a la possibilité qu'on remette la plaque bleue au demandeur sans qu'il n'ait besoin de passer par la SICTA. Ce n'est pas légal mais vous savez que ce sont des hommes qui sont au Guichet unique, donc capables de se laisser emballer par une proposition alléchante. Une fois que la plaque est en sa possession, le demandeur peut la faire poser par le service mobile de la SICTA ou par d'autres prestataires anonymes », nous a-t-on confié anonymement.

De plus, il n’est pas obligatoire que le propriétaire du véhicule soit présent l’appose de la plaque. D’ailleurs les documents du véhicule ne portent pas forcément son nom. « C'est seulement pendant la visite technique que la SICTA peut découvrir la falsification au niveau du châssis. En ce moment-là, la voiture est immobilisée puis son propriétaire recherché. Mais à ce niveau encore, des arrangements illégaux sont possibles et se font par moments » précise notre informateur anonyme. Toutes ces opérations se passent essentiellement sur des voitures d'occasion, généralement importées.


Des solutions possibles


Abraham est transitaire de profession. Nous l’avons rencontré au Guichet unique de l’automobile. Pour lui, la solution au problème réside dans la sécurisation de la plaque d'immatriculation bleue. Le centre de gestion intégré du 2GE a son mécanisme propre à lui de sécurisation des plaques. Une fois que cela est fait, il est impossible d'attribuer une même plaque à deux véhicules. Cette sécurisation s'apparente à celle de la nouvelle plaque d'immatriculation (la blanche commençant par AA).

L'autre solution plus efficace et plus durable est le remplacement systématique des plaques bleues par des blanches. A ce sujet, un agent de la SICTA située en zone industrielle de Yopougon, nous explique les niveaux de sécurité des plaques blanches : « Elles renferment toutes les informations du propriétaire du véhicule. Car, son empreinte digitale est exigée dans le processus. En plus, contrairement aux anciennes méthodes, le propriétaire doit être présent à la pose de la plaque sur son véhicule » a-t-il indiqué.


Le ministère des transports a pris la situation au sérieux. Le ministre Amadou Koné a décidé d’améliorer tout le processus d'immatriculation. En effet, à travers une interview accordée aux confrères de "Ledebativoirien" le jeudi 29 février 2024, Amadou Koné a parlé d’un « système informatisé qui nous permet de produire en 72 heures des plaques sécurisées d’immatriculation. Avec le nouveau système, il n’y a pas que la production de la plaque. Il nous permet de rattacher un numéro d’immatriculation à un véhicule et à un propriétaire. C’est-à-dire que si on vous donne un numéro d’immatriculation, c’est pour vous. Il est rattaché à votre personne. Le jour où vous vendez la voiture à quelqu’un d’autre, on donne un nouveau numéro à la personne » a expliqué le ministre.


Trésor Doudou






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