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Côte d’Ivoire- Transports en commun : Passagers et chauffeurs se renvoient la ceinture

Publié le :

Le port de la ceinture de sécurité pour les conducteurs et les occupants des sièges avant des voitures est une obligation. Le non-respect de celle-ci constitue une infraction, au regard du décret N° 2022-631 du 3 août 2022 (...) portant réglementation de l'usage des voies routières ouvertes à la circulation publique. Pourtant, des véhicules du transport en commun, notamment certains minicars et autres taxis communaux circulent à Abobo et à Yopougon avec des ceintures non-fonctionnelles, mettant ainsi en danger la vie des passagers, parfois eux-mêmes complices. Le dimanche 3 mars 2024, nous avons donné la parole à des habitants de ces deux communes d’Abidjan, pour recueillir leurs avis à ce propos.


Mme Djahi Esther, étudiante à l'université Félix Houphouët Boigny, résidant à Yopougon : « On n'a pas le choix »


« J'ai eu deux expériences avec ces transports en commun. La première c'était avec un minicar (gbaka). Me rendant au campus, j’ai passé de longues minutes à attendre un véhicule. A la première occasion, la seule place que j'ai eue était celle de devant, à côté du chauffeur. A l'approche d'un poste de contrôle de la police, ce dernier me demande de mettre ma ceinture que j'avais oubliée à force d'attendre. Mais j'ai constaté que je ne pouvais pas la boucler, parce que son boîtier n'existait pas. Étonnée, je lui demande comment on procède? Il me répond « Madame, il faut la tenir comme si elle fonctionne, le temps de dépasser le poste de contrôle ». Je me suis sentie en danger. J'ai même eu envie de descendre. Mais j'ai quand même exécuté ce qu'il a dit parce que j'étais en retard.


La deuxième expérience a eu lieu quand j'étais enceinte. Allant à la visite obstétricale, j'ai emprunté un woro-woro (taxi communal) au quartier Koweit. Assise auprès du conducteur, j'ai tenté encore et encore de mettre ma ceinture sans y parvenir. C'est alors que le chauffeur me dit ironiquement : « Ca ne marche pas ». Parfois, on est conscient du danger mais on n'a pas le choix. »



Mme Yobouet, entrepreneure : « Faire semblant, c'est se mettre en danger soi-même »


« Si la ceinture de sécurité a été créée, c'est qu'elle joue un rôle. Elle est mise pour protéger les passagers en cas d’accident, parce qu'il y a des chocs qui peuvent provoquer la mort. Donc, demander à un passager de faire semblant, c'est risqué. Mais on n'a pas le choix. Si on se met à vérifier, on va se rendre compte que la plupart des gbakas sont logés à la même enseigne. Rares sont ceux qui ont une ceinture en bon état de fonctionnement. Si quelqu'un veut attendre un gbaka qui a une bonne ceinture avant de rentrer chez lui, il va attendre longtemps. Donc, on est conscient du danger mais on s'en accommode. On prie Dieu et on les emprunte. »


Moussa Koné, chauffeur de minicars : « Les passagers endommagent le boîtier de la ceinture »


« Le boîtier de la ceinture coûte 5 000 FCFA. Lorsqu'on le répare, les passagers l'endommagent en moins de deux semaines. Vous savez que c'est le transport en commun. Les uns descendent et les autres montent. Cela se fait plusieurs fois sur un même trajet. Et à chaque fois, le boîtier de la ceinture est sollicité. En plus, d'autres passagers ne savent pas s'y prendre. Ils l'appuient avec force. Tout cela fait que la plupart des gbakas ont des ceintures en mauvais état. En réalité, nous sommes conscients du danger que cela représente pour les passagers. Car généralement, la ceinture du chauffeur fonctionne bien. Mais on ne veut pas passer tout le temps chez le mécanicien. Donc, la ceinture est là sans le boîtier. »


Inès B.K, policière : « On ne peut pas vérifier le l'état de la ceinture dans tous les véhicules. »


« Ce sont des centaines et des centaines de véhicules qui passent sous nos yeux chaque jour. Vous comprenez qu'on a beaucoup à faire. Réguler la circulation est déjà une grosse activité, du fait de nombreux automobilistes indisciplinés, ainsi que la chaleur et bien d'autres choses. En plus, malgré notre bonne volonté, on ne peut pas être partout à la fois. C'est d'ailleurs pour cela qu'il y a la vidéo verbalisation. Mais les chauffeurs, souvent aidés par les passagers, arrivent à tromper la vigilance des agents de police ».


Azoumé Marc, enseignant : « Lorsque la ceinture ne fonctionne pas, je descends »


Je fais partie des rares personnes qui refusent d'embarquer, lorsque la ceinture de sécurité est en mauvais état. A Yopougon quartier Koweït, certains chauffeurs ont fini par m’identifier à ce propos. La question de la sécurité routière est une affaire de tous. L'État fait du mieux qu'il peut à travers les lois. Nous, populations devons faire notre part. Il faut, pour cela, que nous changions de mentalité. Chacun doit se dire que le changement de mentalité doit commencer par lui. C'est ainsi qu'on réussira à transformer notre monde ».



Ange Patrick Yao, jeune entrepreneur : « Il faut supprimer les gbakas »


« Je viens d'en faire l'expérience. A cause de la pluie, il n'y avait pas de voiture pour venir à N'dotré. Je suis monté à bord du premier gbaka venu. A la demande du chauffeur, j'ai fait semblant de porter la ceinture (ndlr : la ceinture de sécurité était hors d'usage). Pour mettre fin à cette pratique, il faut supprimer les gbakas. Tant qu'ils seront dans la circulation, cela va continuer. Et puis, quand ils ne seront plus là, nous serons obligés de patienter ou de faire nos courses à pied. »


Propos recueillis par Trésor Doudou








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