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Politique

Divorce

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Le Mali, le Burkina Faso, et le Niger, ces trois pays sahéliens regroupés au sein de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), qui ont pour particularité d’être tous dirigés par des juntes militaires qui sont arrivées récemment au pouvoir à la suite de coups d’Etats et d’être en proie au terrorisme, ont décidé de se retirer sans délai de la Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Les principales raisons invoquées par les dirigeants de ces trois pays pour expliquer ce divorce sont l’éloignement de l’organisation des idéaux des pères fondateurs qui ont présidé à sa naissance, l’absence de solidarité de la part des autres pays dans la lutte que ces trois pays mènent contre le terrorisme, l’influence de certains pays non africains sur l’organisation, et les sanctions prises par la CEDEAO contre eux à la suite de leurs putschs.

La CEDEAO a réagi en annonçant qu’elle est prête à négocier avec ces trois pays. Mais dans une interview qu’il a accordée récemment à notre confrère Alain Foka et qui circule abondamment sur les réseaux sociaux, le chef de la junte burkinabè a déclaré que tout retour en arrière est impossible, que la rupture est définitive, et qu’il faudra plutôt s’attendre à de nouvelles surprises telles que probablement la sortie du franc CFA.

Comment analyser cette rupture brutale ? S’agit-il de la fuite en avant d’hommes qui ont pris le pouvoir par la force et veulent le confisquer sans avoir à en rendre compte à qui que ce soit ? Ce que l’on constate dans ces trois pays est que toutes les oppositions et les presses nationales sont muselées, au Burkina Faso des personnes qui ont osé critiquer le pouvoir sont tout simplement enlevées de chez elles et conduites on ne sait où, et la presse internationale est interdite dans ces pays, si bien qu’aucun regard extérieur ne peut dire ce qui s’y passe. La CEDEAO était la seule organisation régionale qui osait s’interférer dans leurs affaires et leur faire des injonctions.

Je ne me permettrai pas de dire ou de penser que les chefs de ces trois pays n’ont pas pensé aux conséquences économiques de leur décision, à leur situation de pays enclavés, pauvres parmi les plus pauvres du monde, qu’ils ont agi par pur populisme, pour faire plaisir aux franges les plus extrémistes de leurs populations, qu’ils n’ont pas pensé à tous leurs millions de compatriotes qui vivent chez leurs voisins. Le chef de l’Etat burkinabè a assuré que toutes ces questions ont été prises en compte et que contrairement à ce que l’on croit, leurs pays ne sont pas si pauvres que cela et que toute la question était celle de la mauvaise gouvernance de ceux qui les ont précédés. Concernant la lutte contre le terrorisme, il a assuré que depuis le retrait de leurs anciens partenaires, qui, en réalité les empêchaient de vraiment combattre leurs ennemis en refusant de leur donner les armes qu’il fallait, ils enregistrent désormais de grands succès avec leurs nouveaux amis les Russes, les Turcs et les Chinois. Il a affirmé aussi que contrairement à ce que l’on a toujours cru, le blé pousse très bien dans nos pays, bref, que leurs trois pays sahéliens ont d’énormes potentialités et peuvent très bien se prendre en charge tout seul. Accordons-le-leur et souhaitons leur bon vent. Pourquoi ne pourraient-ils pas inspirer les autres pays s’ils réussissent ?

Pour ma part, je crois que l’avenir de notre Afrique réside dans notre union, dans l’intégration de nos pays. Et, en la matière, la CEDEAO était le modèle le plus réussi sur le continent. C’est dans notre région que les hommes et les marchandises peuvent circuler librement, où les populations peuvent s’installer et travailler librement chez les voisins. Au point que dans un pays comme la Côte d’Ivoire, des pans entiers de l’économie sont entre les mains de ressortissants de pays de la CEDEAO au détriment des Ivoiriens. Par contre, dans le nord de notre continent la frontière est fermée entre le Maroc et son voisin l’Algérie et en Afrique centrale, c’est la croix et la bannière pour passer d’un pays à un autre. Certes, la CEDEAO n’est pas exempte de critiques, mais comme toute œuvre humaine, elle est perfectible. Et je crois que c’est en y restant que l’on peut travailler à son amélioration. Précisons cependant que les sanctions qui irritent tant nos putschistes découlent des textes de la CEDEAO, adoptés par tous les Etats membres de l’organisation, y compris donc les trois pays en question, qui voulaient lutter contre les coups d’Etats intempestifs dans nos pays. Mais notre éternel problème est que les règles sont toujours bonnes tant qu’elles ne s’appliquent pas à notre détriment.

Venance Konan





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